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«Montrer à l’État que nous avons énormément de potentiel en France»

Directeur du développement commercial chez Teréga, Jean-Baptiste Brellier évoque la place du biométhane dans leur structure.

L’entreprise Teréga s’occupe de gérer le raccordement de gaz entre l’unité de méthanisation et le réseau de distribution.

Quel regard portez-vous sur la filière méthanisation dans le Sud-Ouest ?
Jean-Baptiste Brellier - Le bassin de l’Adour est un territoire assez dynamique et porteur en termes de projets. En Nouvelle-Aquitaine, il y a une certaine maturité en matière de biométhane puisque le dispositif Méthan’Action notamment lancé par la Région a été un levier de développement. Aujourd’hui, à l’inverse de l’Occitanie, nous assistons néanmoins à un léger repli de cette dynamique. Mais l’essor est toujours bien là…

Quelle est votre implication sur le terrain ?
J.-B. B. - Globalement, Teréga œuvre dans le développement et l’exploitation d’infrastructures de transport et de stockage de gaz partout sur le territoire. Concernant les projets de méthanisation, nous intervenons sur ceux à injection, sur la partie avale.

Il s’agit de trouver les débouchés du biométhane produit par l’agriculteur et de savoir comment va être injectée cette production dans le réseau. Nous allons aussi compter le gaz qui va intégrer ce réseau afin de dresser une base de comptage sur laquelle le biométhane produit sera rémunéré par le fournisseur acheteur.

Quelles sont les étapes avant de relier la production d’une unité au réseau ?
J.-B. B. - La première est l’étude préliminaire. Nous la réalisons généralement dès la première sollicitation du porteur de projet. Très clairement, elle nous permet de vérifier les fondamentaux de la faisabilité du projet notamment la proximité du réseau avec le foncier choisi pour recevoir le projet. C’est vraiment la base. Il faut savoir qu’au-delà de deux kilomètres, c’est très compliqué de relier un projet au réseau.

Nous avons également des contraintes liées à la canalisation présente : l’injection de biométhane nécessite un dimensionnement spécifique avec des conditions de flux particulières. Mais il faut également vérifier qu’il n’y ait pas de points sensibles au niveau du réseau à proximité.

Des clients peuvent également être sensibles à la teneur en oxygène du biométhane produit par rapport à l’intégrité à long terme du matériel de stockage. Si cela reste encore aujourd’hui relativement rare, nous étudions la question notamment avec des process de désoxygénation du gaz.

À quel moment le porteur de projet s’engage-t-il ?
J.-B. B. - Si à l’issue de cette étude préliminaire le bilan s’avère favorable, on va réaliser l’étude de faisabilité. C’est une étude engageante et payante et sur laquelle on va formuler une offre de raccordement en établissant un planning au producteur d’énergie. À travers cette démarche, on va étudier le tracé de la canalisation qui permettra de raccorder le projet en tenant compte plus précisément des contraintes du terrain mais aussi les coûts liés aux travaux.

L’ultime étape sera la formulation de la proposition finale c’est-à-dire un contrat de raccordement et d’alimentation signé entre Teréga et le producteur.

Quelles sont vos perspectives sur ce marché ?
J.-B. B. - Aujourd’hui, les projets qui injectent dans notre réseau représentent une capacité de production annuelle d’environ 150 GWh. Pour les contrats signés où les sites sont en cours de construction, nous estimons une production de 420 GWh. Et les prospects qu’on a en portefeuille en représentent 220.

On a donc des perspectives de croissance assez importantes, ce qui devrait nous permettre de respecter voire de dépasser l’objectif fixé par la programmation pluriannuelle de l’énergie de couvrir d’ici 2030 par du biométhane 10% de la consommation de gaz en France. Notre mission reste d’accompagner cette première phase du développement du biométhane en France. Mais au-delà de ça, la dynamique est de maintenant relancer de nouveaux projets et de montrer à l’État que nous avons énormément de potentiel en France. En structurant bien cette filière sans la “sur-subventionné ” et en assurant un accompagnement compétent, nous pourrons le faire.

Justement, quels sont les dispositifs envisagés par l’État pour booster cette production ?
J.-B. B. - Pour qu’un producteur de biométhane s’y retrouve, il faut qu’il vende son gaz autour de 90 euros par MWh. Avant le conflit ukrainien, le prix du gaz était sur le marché de gros autour de 20 ou 30 euros. La différence entre 90 et 30 était supportée par l’État. Aujourd’hui, c’est différent car le prix est quasiment au niveau de celui du coût de production du biométhane donc il devient aujourd’hui plus compétitif que le gaz conventionnel, notamment le russe. Donc c’est vrai que ça relance une certaine dynamique pour le biométhane français.

Néanmoins, l’État souhaite se retirer du dispositif budgétaire car cela peut coûter cher… Mais des nouveaux dispositifs sont sur le point d’être lancés comme «le certificat de production de biogaz» obligeant d’incorporer 10% de biométhane dans leur fourniture. C’est prometteur.

Propos recueillis par B. Ducasse

Au sommaire de notre dossier Méthanisation

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