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Production laitière : chacun campe sur ses positions

Les Rencontres européennes, organisées par la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) et la FDSEA de la Manche, ont été l’occasion d’un débat animé et même tendu entre producteurs et transformateurs des différents pays.

file-Contractualisation, quota, garanties pour le producteur, actions syndicales… Les sujets se sont enchaînés durant ces Rencontres laitières européennes.
Contractualisation, quota, garanties pour le producteur, actions syndicales… Les sujets se sont enchaînés durant ces Rencontres laitières européennes.

Même physiquement, les acteurs de la table ronde organisée lors des Rencontres laitières européennes, le 20 octobre, marquaient leur position. Groupés d’un côté, en bloc, différents représentants du syndicat des producteurs européens (COPA-Cogeca) faisaient face aux représentants de la Commission européenne et de la Fédération européenne des industriels laitiers (EDA). Si parfois les échanges ont été provocants, chacun a pu quand même donner sa position.

Contractualisation, quota, garanties pour le producteur, actions syndicales… Les sujets se sont enchaînés. Mansel Raymond, représentant des producteurs du Royaume-Uni, Heinz Korte d’Allemagne, Tommaso Marie Abrate d’Italie et le Français Thierry Roquefeuil sont tous tombés d’accord pour reconnaître «une crise» dans la filière laitière, du moins un prix de vente du lait inférieur au coût de production.

Guerre des mots

Alexander Anton, secrétaire général de l’EDA, se veut plus tranchant: «Je ne vois pas de crise, juste une période de volatilité». Brigitte Misonne, chef de l’unité des produits animaux à la direction générale de l’agriculture, défend Phil Hogan et le déblocage des 500 millions d’euros: «Crise ou pas crise […], il a montré qu’il avait compris les difficultés des producteurs». L’origine de ces difficultés est à rechercher dans une «inadéquation entre l’offre et la demande», selon elle. Trop de lait et pas assez d’acheteurs, résume-t-elle.

Si cette situation devait à nouveau se produire, ce que tout le monde anticipe, alors Mansel Raymond revendique une hausse du prix d’intervention. «Le lait n’est pas comme les autres produits. Il est périssable. Tous les pays ont un système de soutien à l’élevage. La Commission européenne doit soutenir la production», explique-t-il.

Les effets de l’intervention

Tommaso Marie Abrate revient sur les marchés à terme, la spéculation financière et incite vivement l’Europe à trouver d’autres «marges de manœuvre car la population a faim!». Thierry Roquefeuil assène: «Le marché n’est pas une politique!». Brigitte Misonne répond par la description d’une «politique laitière forte de l’Europe, basée sur des aides directes qui sont un poids budgétaire énorme». Elle dénonce l’effet pervers du prix d’intervention mais reconnaît que «l’intervention publique ne coûte pas grand-chose», voire même permet à certains pays de gagner de l’argent.

Bruxelles «a choisi le stockage privé plutôt que la hausse du prix d’intervention car nous restons dans une politique de marché. Les acheteurs privés restent responsables de leurs marchandises. Les acteurs de la filière ont en main la clef de leur succès! […] Relever le prix d’intervention signifie créer un prix artificiel et cela ne permet pas d’avoir un dialogue responsable entre acteurs», analyse-t-elle.

Sur la régulation, les positions de divers représentants des producteurs ne manquaient pas de nuances, voire de divergences. Revenir à une politique de gestion des volumes? «Nous ne reviendrons pas en arrière», affirme Tommaso Marie Abrate. «Nous sommes à six mois de la fin des quotas et nous en sommes déjà à discuter de remettre en place une gestion des volumes! Si pendant les phases difficiles, on régule l’offre, on va perdre de nouveaux marchés», s’insurge l’Allemand Heinz Korte.

Les éleveurs exigent des garanties

Et Thierry Roquefeuil de s’interroger sur la contractualisation mise en place grâce au Paquet lait: «Comment mettre en adéquation l’offre et la demande dans une relation privée?». Une réflexion qu’Alexander Anton semble ne pas entendre puisque, pour lui, «la gestion des volumes doit se faire à la ferme. Elle doit passer par un contrat».

Brigitte Misonne avoue qu’il «est impossible d’avoir une gestion des volumes au niveau européen. Soit la gestion des volumes se fait au niveau mondial, soit les Européens utilisent le Paquet lait […] Ce sont les grandes entreprises qui connaissent le marché. Il faut un meilleur dialogue entre les acteurs». L’interprofession revient donc encore une fois sur le tapis. Xavier Beulin, le président de la FNSEA, abordera également le sujet lors de son discours de clôture le jour même, en insistant sur le besoin de «renforcer les liens entre collège des producteurs et collège des transformateurs».

Une chose est sûre, les producteurs, tous pays confondus, ont fortement insisté sur la nécessité d’avoir des «garanties» pour sécuriser les investissements et le besoin que les transformateurs «tiennent leurs engagements». Ce à quoi Alexander Anton a répondu: «La meilleure garantie, c’est la performance de leurs transformateurs!».

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