Sivens : la FNSEA dénonce la manipulation
Le syndicat rappelle que ce barragea été décidé pour soutenir des petites exploitations et non le développement d'une agriculture industrielle.
Dans une lettre ouverte publiée le 29 octobre, la FNSEA est revenue longuement sur le drame de Sivens qui a coûté la vie à un jeune militant de 21 ans. Quelques instants plus tôt, Xavier Beulin s'était exprimé vigoureusement sur cet événement, comme l'avait d'ailleurs fait Dominique Barrau, la veille. L'un et l'autre ont tenu à s'associer à la peine de la famille et déplorer cet «injuste et dramatique» décès.
Mais au-delà du drame, la FNSEA a souhaité mettre les pendules à l'heure et dénoncer la manipulation de l'opinion au sujet de cette affaire. Non, il ne s'agit pas de travaux pharaoniques, comme le laissent entendre ses détracteurs. Ni d'un barrage. Mais d'une retenue collinaire dont le volume d'eau s'élève à 1,5million de m3 derrière une digue de 12,8 mètres de haut sur 315 mètres.
La seconde manipulation concerne l'idée que l'on pourrait se faire du type d'exploitations concernées. Non, il ne s'agit pas du développement d'une agriculture industrielle et de grosses exploitations maisicoles, mais de la survie de petites exploitations de 30 à 50 hectares dans une zone «peut-être la plus pauvre du Tarn», précise Xavier Beulin.
«Djihadistes verts»
Au-delà des aspects techniques, cette affaire pose aussi la question du fonctionnement de notre démocratie. En effet, la création de ce barrage a été adoptée après plus de 10 ans de procédure, à l'unanimité de toutes les communes environnantes et une écrasante majorité du conseil général du Tarn, le maître d'ouvrage. Il est remis en cause aujourd'hui non seulement par «des pacifistes écolos», mais aussi par «des activistes de tout poil» que Xavier Beulin qualifie de «djihadistes verts». Leur combat est avant tout idéologique: la promotion de la décroissance et le retour à un équilibre «naturel» ancien, aujourd'hui idéalisé.
Dans cette affaire, la FNSEA en appelle au Gouvernement pour qu'il choisisse sa voie: «Le redressement productif face à la contestation destructrice, le soutien de ceux qui produisent face aux paroles démagogiques de ceux qui ne font que parler». Sinon, «l'équilibre démocratique est menacé» a déploré Xavier Beulin.
Un rapport mitigé
Par ailleurs, le ministère de l'écologie a rendu public le 27 octobre le rapport d'expertise commandé pour évaluer la pertinence du projet. Les deux ingénieurs mandatés ont conclu «à une surestimation des besoins de substitution de l'ordre de 35%», évoquant une étude d'impact au contenu «très moyen» et «un problème de compatibilité entre le projet tel qu'il est actuellement présenté, les règles d'intervention du Feader, et les règles applicables en matière d'aides publiques».
Considérant que l'arrêt du chantier «semble difficile», la mission d'expertise propose des orientations qui «s'écartent du protocole â€irrigation※: une «réallocation des volumes», une «amélioration des mesures compensatoires» et un «aménagement des règles de gestion de l'ouvrage». Mais elle rappelle également que «la réalisation du barrage est une chance pour ce territoire difficile» et que la gestion de l'eau reste un défi pour ce territoire où «l'agriculture reste l'activité économique principale» et où «la pénurie d'eau est une réalité incontestable».