SIA : les mules des Pyrénées feront la paire à Paris
La délégation des Pyrénées-Atlantiques au salon de Paris comprendra cette année deux nouvelles ambassadrices.

Deux jeunes mules de vingt mois, nées au GAEC Couture de Hasparren, dressées par Léon Léglise, seront du voyage à Paris du 19 au 27 février. Deux magnifiques sujets représentants de la race mythique des Pyrénées. Un retour tonitruant pour un cheptel tombé dans les limbes de l'oubli. C'est peut-être le compagnon le plus fidèle de l'homme, dans sa déjà très longue histoire. Depuis l'àge de fer (3000 ans), cet hybride connaît ses inconditionnels séduits par ses qualités de travail et d'endurance. Il retrouve aujourd'hui un peu de sa notoriété perdue en ce siècle de mécanisation généralisée. De par la volonté de Léon Léglise et de ses deux neveux, Christophe et Philippe, naisseurs sur leurs terres au coeur du Pays basque. Histoire
« La tradition du mulet est une vieille histoire de famille », dit Léon. Et de brandir une photo de son père devant ses bêtes, datant de 1940. « Et le temps des mules a duré jusqu'en 1954, date de l'arrivée universelle de la machine agricole. Donc, exit l'animal, bonjour les tracteurs. Mais il y a 15 à 20 ans, mes neveux ont constaté la mévente des poulains gras et l'effondrement des cours. Pourquoi ne pas renouer avec la tradition maison et faire naître des produits plus valorisés ? »
Léon ou la patience du muletier
C'est Léon qui s'y est attelé, avec une patience d'ange. Car le challenge est de taille. Ces bêtes, forces de la nature, sont difficiles à manier. « J'ai eu de la chance, ajoute-t-il, je n'ai jamais été blessé. La première paire a été formée en 2008 et m'a causé bien des tracas. Elles ont aujourd'hui plus de trois ans. J'ai dû les garder bloquées au dépôt trois mois avant de passer le licol, première étape obligée. Cette nouvelle paire, issue d'un étalon àne des Pyrénées, fera deux ans en mai. Il m'aura fallu huit mois, en les travaillant matin et soir, mais à petite dose. Bonjour, la patience ! »
Aujourd'hui, le résultat est éloquent. Le muletier commande ses bêtes à la voix mais toujours avec l'aide du précieux bàton seul à même de dispenser la parfois nécessaire piqûre grammaticale. Il enchaîne les prestations spectaculaires car c'est, sans doute, la seule paire attelée du département. « Mais, attention, avec un animal aussi difficile et puissant, capable de vous aplatir d'une seule ruade, le rapport de force reste primordial et doit toujours jouer en faveur de l'homme. Sinon, vous êtes cuit », ajoute Léon. On le remerciera donc pour ces trésors de patience qui ont conduit aux performances sidérantes de son attelage aujourd'hui.
Michel Bengoechea