Revenus agricoles : Beulin veut des explications
Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a demandé le 14 décembre des «explications» au ministre de l'agriculture concernant la révision à la baisse du niveau des revenus agricoles pour 2012, s'inquiétant d'éventuelles «manipulations» en pleines négociations sur la PAC.
![file-« En 2012, on avait annoncé des revenus très importants dans certaines catégories, notamment [] dans les grandes cultures. On s'aperçoit finalement que ces chiffres étaient faux», explique le président de la FNSEA, Xavier Beulin. © Réussir](https://medias.reussir.fr/lesillon/styles/normal_size/azblob/2023-11/xavier_beulin_president_fnsea.jpg?itok=AHptFMo-)
« En 2012, on avait annoncé des revenus très importants dans certaines catégories, notamment [] dans les grandes cultures. On s'aperçoit finalement que ces chiffres étaient faux», explique le président de la FNSEA, Xavier Beulin. © Réussir
En 2012, expliquait le président de la FNSEA sur RTL, on avait annoncé des revenus très importants dans certaines catégories, notamment [] dans les grandes cultures. On s'aperçoit finalement que ces chiffres étaient faux. Je demande des explications au ministre de l'Agriculture. Ce n'est pas normal que nous ayons, tout au long de cette négociation sur la PAC, travaillé sur des chiffres qui étaient erronés. Y a-t-il eu manipulation, y a-t-il eu mauvaise intention, y a-t-il eu tout simplement incompétence des services? Je crois que le ministre a besoin de s'expliquer là -dessus», a insisté Xavier Beulin.
Selon le service statistique du ministère de l'agriculture (SSP), c'est d'une manière générale la volatilité des prix, et en particulier la prise en compte du poids des engrais, qui est à l'origine de l'écart entre les données de revenus prévisionnelles et les données définitives, écart conduisant à des demandes d'explication de la FNSEA. Le SSP, qui assure «travailler en toute indépendance professionnelle», élabore, pour chaque millésime, trois indicateurs: une donnée prévisionnelle en décembre de l'année n; une donnée provisoire en juillet de l'année n +1; une donnée définitive en décembre de l'année n +1.
Engrais et volatilité pointés du doigt
La volatilité accentue les différences d'évaluation entre ces trois étapes d'autant que le revenu est un solde entre plusieurs variables. Principalement, pour 2012, ce fut le cas, affirment les statisticiens, de la prise en compte des engrais. «En 2012, la surestimation du revenu des exploitations spécialisées en céréales, oléagineux et protéagineux lors des estimations provisoires est principalement liée à la difficulté à anticiper l'évolution des charges d'engrais», affirme le SSP. Les données du RICA (réseau d'information comptable agricole) n'étant pas toutes connues en juillet, indique-t-on dans le service, ces modifications ne peuvent pas être prises en compte dès le correctif de juillet.
Pour les céréaliers, sur 2012, le revenu prévisionnel (décembre 2012) indiquait 72.100 euros, le provisoire (juillet 2013) 72.800 et le définitif (décembre 2013) 56.700 euros. Pour les éleveurs de bovins viande, cette évolution fut inverse: 15.400 euros, 17.100 euros et 21.500 euros. Une surévaluation initiale pour les céréaliers et une sous-évaluation pour les éleveurs de bovins qui a conduit les syndicalistes à douter de ces chiffres en période de redistribution des aides des céréaliers vers l'élevage.
Valeur en baisseAlors que le volume de la production agricole avait baissé l'an dernier, de 3%, c'est une stagnation qui est constatée cette année. Mais le phénomène prix peut inquiéter les agriculteurs. Selon les statisticiens, la valeur de la production agricole, hors subventions sur les produits, s'est réduite de 3,8%. La baisse est surtout forte pour les productions végétales et elle n'est pas entièrement compensée par la hausse des productions animales. Face à cela, la poursuite d'une hausse des consommations intermédiaires (aliments du bétail, engrais, phytos) suffit à expliquer l'essentiel de la baisse du résultat de la branche agricole. Le résultat agricole net de la ferme France, selon l'expression consacrée, s'affiche en baisse de 17,7% en 2013 par rapport à 2012.