Revenu agricole : des résultats alarmants dans les Pyrénées-Atlantiques
Alors que le ministère de l'agriculture annonce une forte hausse du revenu agricole au plan national, l'examen détaillé des chiffres dans les Pyrénées-Atlantiques montre une réalité tout autre.
Fillière par filière (bovins lait, bovins viande, porc, palmipèdes, ovins, volailles de chair, viticulture, forêt, mais, céréales à paille, mais semences, mais doux, légumes de plein champ, tabac) : le bilan économique de 2010.

Le 16 décembre dernier à Pau, le comité d'orientation "économie et conseils en productions et activités agricoles" de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques a présenté les conclusions des analyses des données de la conjoncture 2010. Ces données sont collectées notamment gràce aux réseaux des fermes de référence et aux contributions des organismes économiques d'Aquitaine.
L'état des lieux dressé lors de cette rencontre co-présidée par Jean-Michel Anxolabéhère et Guy Estrade, confirme que, depuis 2006, le niveau moyen des résultats des exploitations ne cesse de baisser dans les Pyrénées-Atlantiques.
L'évolution du résultat courant avant impôt par unité de travail annuel non salarié est révélateur : en 2009, il est en moyenne de 6.600 euros. En 1999 il était de 15.000 euros. Cela représente une baisse de 56 %. Et l'année 2010 ne s'annonce pas meilleure. Ces niveaux de résultats sont alarmants et sont synonymes de grande fragilité des exploitations. En cette fin d'année, l'inquiétude grandit concernant le prix de l'alimentation des animaux. L'envolée du prix des matières premières, ces dernières semaines, fait craindre une nouvelle hausse des charges
La fragilité des éleveurs
Début 2010, la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques a mis en place, en partenariat avec la MSA, le dispositif "Ensemble pour la relance des agriculteurs fragilisés". Plus de 100 agriculteurs sont entrés en contact avec les conseillers gràce au numéro vert proposé et 75 sont entrés dans ce dispositif.
Les éleveurs de bovins viande évoluent dans un contexte de crise prononcée et aucun signe de reprise n'est visible à ce jour. Cet élevage représente une exploitation sur deux dans le département. La fragilité des exploitations est telle que c'est de l'avenir des filières dont il est question et donc des outils de transformation du département. Car, au contexte économique s'ajoute la concurrence des autres bassins de production.
Les éleveurs laitiers ne voient pas non plus d'améliorations en perspective et leur nombre baisse. Ils sont dans une situation telle qu'ils ne peuvent plus se rémunérer. Souhaitons que la contractualisation apporte un peu plus de lisibilité.
Les éleveurs ovins lait, sur un marché plus local, sont les seuls à espérer une amélioration de leurs revenus en 2010 avec une action positive de la nouvelle aide ovine. De plus, il existe dans cette filière des marges de progrès incontestables, ce qui donne de réelles perspectives de consolidation des revenus. Toutefois, cette embellie pourrait être passagère compte tenu de la crainte de voir les prix des aliments s'envoler de nouveau en 2011. A cela s'ajoute la déception de la filière au regard de l'obtention de l'IGP agneau de lait des Pyrénées : le dossier est entravé à Bruxelles par une contestation sur l'utilisation du terme Pyrénées.
En ce qui concerne les éleveurs de palmipèdes, ils retrouvent un peu d'optimisme. En effet, malgré la hausse des prix des matières premières qui se fait sentir des le second semestre 2010, le marché s'est assaini ce qui permet d'envisager une stabilisation des marges brutes pour cette année. Les producteurs de volailles, majoritairement organisés autour des labels, s'en sortent mieux. L'année 2009, marquée par la tempête Klaus était particulièrement défavorable.
Hausse pour le mais
Seuls les producteurs de mais, qui commercialisent l'ensemble de leur récolte pourront bénéficier d'une hausse de revenu en 2010 compte tenu de l'envolée des prix cet automne. Mais ils sont peu nombreux dans les Pyrénées-Atlantiques car une grande partie du mais produit est autoconsommée sur les exploitations d'élevage. Et du côté des viticulteurs, si la qualité et les rendements sont au rendez-vous, le risque de voir les stocks augmenter pourrait pénaliser les revenus.
Autant dire que la situation économique de la grande majorité des agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques est difficile. Ce contexte rendent encore plus d'actualité les questions de contractualisation, de prix payés aux producteurs et de répartition de la marge entre la production et la distribution.
Laurence Batby