Poussières : prévenir les risques respiratoires
Les problèmes respiratoires (hors produits toxiques) liés aux poussières, à une polyexposition à des produits complexes, des matières végétales, minérales sont de plus en plus nombreux dans le monde agricole. Certaines filières sont des secteurs à risques: l'élevage laitier traditionnel, l'élevage de porcs ou de volailles, le transport de grains, la distribution régulière de fourrage

Pour éviter de respirer trop de poussières, il est recommandé de travailler sur la ventilation des lieux de travail. On peut aussi porter des équipements spéciaux.
Méfiez-vous des poussières! Plus on est exposé aux poussières, plus on s'expose aux allergies», préviennent les docteurs Marie-Odile Fayolle de la MSA Ardèche Drôme Loire et François Scherding de la MSA Alpes du nord. Le nettoyage d'un fond de silo avec le risque de trouver des déjections d'animaux, la distribution d'aliments au seau, les poussières de farine, les fumées des moteurs, les poussières de bois, les poussières de silice ou minérales lors d'un passage de herse sur un champ sec Toutes ces particules organiques peuvent déclencher une inflammation responsable d'un ensemble de pathologies respiratoires.
L'agriculteur exposé régulièrement à ces poussières peut être victime d'un choc allergique avec de l'asthme. La maladie professionnelle la plus courante dans le monde agricole est la bronchite chronique agricole plus connue sous le sigle BCA. Cette pathologie se manifeste sous la forme d'une insuffisance respiratoire prononcée avec de la toux, du crachat et des essoufflements pendant au moins deux mois par an. Les secteurs à risques: l'élevage de porcs et de volailles (émission de gaz et endotoxines), les silos à grains, la production laitière en climat défavorable (micro-organismes du fourrage), l'élevage laitier traditionnel (cas de l'exploitant habitant proche du fourrage exposé à une bronchite chronique).
Haro sur les poussières
Les facteurs favorisant cette pathologie sont bien sûr l'effet additif du tabac et l'ancienneté de l'exposition. «Chose peu connue, la BCA est sous-déclarée en maladie professionnelle. Cette pathologie est pourtant très fréquente dans le monde agricole de l'ordre de 2% à 50% dans certaines filières où la personne est exposée de manière régulière» constate le docteur Marie Odile Fayolle.
Le poumon de fermier est un symptôme en hausse. C'est une maladie professionnelle. Cette pathologie est classée comme pneumopathie d'hypersensibilité et se manifeste par des problèmes d'irritation et d'inflammation. La MSA de Franche-Comté dans le Doubs a dénombré le plus grand nombre de cas de poumons de fermiers en France. Cette pathologie peut toucher 2 à 50 agriculteurs/1000. Elle est fréquente dans les élevages laitiers, les fourrages (foin moisi).
Pluviométrie, altitude et production laitière sont les facteurs à risque. Le symptôme de poumon de fermier est très courant dans la distribution du foin. Il se manifeste sous trois formes: aiguë, fièvre, frissons, courbature, gêne respiratoire quatre à huit heures après l'exposition, plusieurs jours de suite, surtout à la fin de l'hiver. La forme subaiguë s'accompagne de fatigue, d'amaigrissement et de perte d'appétit à la deuxième moitié de l'hiver avec une amélioration en été. La forme chronique se caractérise par la toux, l'essoufflement et des crachats matinaux suite à une exposition depuis des années.
Le cas du poumon du fermier
«Les facteurs aggravants de cette pathologie sont une étable peu ventilée, un foin peu sec et/ou moisi, des animaux entravés, la traite en étable, l'habitation à la ferme» explique le docteur François Scherding. Les facteurs protecteurs sont une habitation séparée des bàtiments d'élevage, qui doivent être eux-mêmes bien ventilés avec une salle de traite. Si le poumon du fermier est classé comme maladie professionnelle, le malade doit prouver que son symptôme est lié au travail, à une exposition régulière.
Éviter l'exposition et le contact avec les poussières et les moisissures est la première des préventions de ces pathologies. Il faut ventiler les lieux où il y a des risques d'exposition. On peut aussi mécaniser la distribution du foin ou le paillage. On peut couvrir les véhicules de transport de grains avec une bàche et privilégier la cabine fermée avec un système de filtration de la poussière.
Les deux médecins de la MSA recommandent de «raisonner la ventilation et l'aspiration dans les lieux de travail», voire utiliser un masque anti-poussières pour certaines opérations comme le nettoyage de silos à grains. Il existe sur le marché trois types d'efficacité de masques (FFP1. FFP2. FFP3) pour se protéger contre les poussières.
Pierre-Louis Bergert