Opération séduction du strip-till
Limiter au maximum le travail et les intrants, sans perdre de rendement, ce sont les promesses du strip-till, une technique pour suppléer les semis directs.
Dans le cadre de la convention agriculture et environnement signée avec le conseil général, la chambre d'agriculture et la Fédération départementale des CUMA, organisaient, le mercredi 14 avril dernier, une démonstration de semis direct sur l'exploitation biologique de Sébastien Dupouy, à Coudures. L'occasion aussi de démarrer des essais sur le strip-till (lire zoom).
Pour cela, un couvert végétal à base de trèfle blanc a été semé dans le mais en 2009, au mois de juin, au dernier passage de la bineuse. Ce couvert, très beau au printemps 2010, a été juste girobroyé (freiné mais pas détruit). Il servira à couvrir le sol, constituant une barrière aux adventices et un capteur de l'azote qui est restitué au sol.Sur ce couvert, deux techniques de semis ont été testées. La première au strip-till, puis désherber thermique sur le rang au stade mais à 3 feuilles. Il est à noter que le désherber a bénéficié d'une aide de 40 % dans le cadre de l'AREA-PVE1. L'autre semis était normal, après labour du couvert végétal puis binages.Perturber le moins possible le sol
Hervé Guichemerre, agriculteur Farre à Pomarez et propriétaire du strip-till utilisé dans l'essai, n'en démord pas : « Il y a 10 ans que je ne laboure pas chez moi. Je suis ravi de cet outil. Pourquoi m'empoisonner à labourer alors que ça marche comme ça, avec moins de temps de travail ». L'exploitant a trouvé dans la technique un moyen de semer en perturbant le moins possible le sol. Un leitmotiv de son mode de production. De plus, l'outil permet un travail plus rapide car on travaille à puissance égale sur une plus grande largeur. À la clé aussi une importante économie de carburant.
Le producteur a en outre constaté qu'en créant un environnement favorable en terme de température et d'humidité, la technique assure une germination plus précoce du mais. « Au final, je récolte ainsi un mais plus sec », commente-t-il. Pierre Jouglain, conseiller bio à la chambre d'agriculture ajoute : « Le fait d'ameublir uniquement la ligne de semis limite ou supprime la germination des mauvaises herbes entre les rangs, tout en créant dans cette zone un stockage de l'eau qui s'infiltrera vers les racines des plantes à récolter ».
Un des autres avantages du strip-till est d'empêcher le lessivage du sol et son érosion, car on ne travaille que des petites bandes de terre entre lesquelles on laisse le couvert qui protégera la terre des eaux ruisselantes. Enfin, en décompactant le sol sans le retourner, la technique permet de ne pas enterrer la matière organique qui peut alors poursuivre son évolution aérobie (en présence d'air) et se transformer en azote utilisable par la plante.
La levée et la croissance du mais sur cette parcelle travaillée au strip-till seront régulièrement surveillées par Pierre Jouglain. « Je souhaite en particulier faire des analyses d'azote pour voir comment est minéralisée la poudre d'os, l'engrais organique apporté », explique le conseiller de la chambre d'agriculture. L'engrais a en effet été juste épandu avant le passage de l'outil, sans incorporation.
Dominique Maurel
1. Plan végétal pour l'environnement (PVE) dans le cadre d'une agriculture respectueuse de l'environnement en Aquitaine. Le strip till Le strip-till, qui désigne à la fois la technique importée d'Amérique du Nord et l'outil approprié, consiste à travailler sur une profondeur variable de 5 à 25 cm une bande de terre de 15 à 20 cm de large,dans laquelle seront positionnées ultérieurement les semences.Toute la surface du champ n'est donc pas labourée.Le principe est une dentqui ouvre et éclate le sol. Elle décompacte sans retourner le sol. Sur l'outil d'Hervé Guichemerre, cette dent était couplée à un épandeur d'engrais, permettant de localiserun engrais starter à raisonde 200 à 300 kg d'azote/ha,sous forme de poudre d'os.L'engrais est placé sous la graine, l'obligeant à plonger profond ses racines. Suit un double train de disques gaufrés, pour préparer le lit de semence et de rouleaux cylindriques pour garder une profondeur de travail constante.