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L'Inde découvre le vin

De dix producteurs de vins avant 2000, l'Inde en compte aujourd'hui une centaine, tous dans le Sud de l'Inde, dont 76 dans le seul État du Maharastra. La vallée de Nasik, à  220 km de Bombay, est considérée comme « la capitale du vin ». C'est là  que se trouvent les pionniers comme Mountain View, les plus gros producteurs comme Sula Wines (leader en Inde) et les indépendants, de plus en plus nombreux à  voir le jour.
Un climat chaud et sec, une brise constante et un soleil toute l'année : le terroir de la région se prête aux vins, disent les producteurs qui cultivent tous chenin blanc et sauvignon pour les vins blancs, cabernet sauvignon, shiraz et merlot pour les rouges, zinfandel pour les rosés.
L'apport des experts étrangersJagdish Holkar, à  la tête des Vins Flamingo (200 000 litres annuels) retrace le démarrage de cette production. « C'est en 2001 que le gouvernement du Maharastra a lancé la « politique du vin ». Cette région est la première productrice de raisins en Inde et on a voulu transformer cette culture pour qu'elle apporte une valeur ajoutée aux paysans qui passaient alors sous contrat avec les producteurs de vins, leur garantissant un prix fixe d'achat. Près de 30 % des surfaces de raisins de table ont ainsi été convertis en raisins de vins ». Reste le savoir faire, dans un pays totalement étranger à  cette culture.
L'Inde fait essentiellement appel aux vignerons et oenologues australiens et français, dont le célèbre Michel Roland. Toutes les enseignes, quelle que soit leur taille, payent cher ces experts (5 000 €/ mois en moyenne). C'est l'exemple de Ravi, à  la tête de l'entreprise familiale de vins York Wines, dont le Shiraz a été primé médaille d'or au premier concours de vins organisé en Inde l'an dernier. « J'ai une équipe d'experts australiens et français pour la vinification et la viticulture et moi, je commercialise ».
Les premières bouteilles ont été mises sur le marché en juillet dernier (50 000 litres produits) et pour cette année York Wines a quadruplé sa production. « Nous voulons conserver la qualité. Nous voulons parvenir à  des vins qui aient plus de rondeur et de complexité ». Des critères qui ne conviennent pas forcément aux Indiens. « Le palais des Indiens est différent et la cuisine épicée fait qu'un vin trop sec ou trop complexe ne sera pas apprécié. Les Indiens demandent des vins sucrés ou pétillants et nous devons prendre en compte ces critères au lieu de vouloir « copier » des vins français », explique Pradeep Pachpatil, vice-président de Sula Wines.
Avec 6 millions de litres produits chaque année, Sula est incontestablement le leader indien. Son vin pétillant se vend dans tous les restaurants et bars à  vins « branchés » qui fleurissent dans les grandes villes du Maharastra. « Nous allons pouvoir toucher toute une nouvelle clientèle car c'est un vin rafraîchissant, qui rappelle le champagne et les femmes devraient l'aimer ! »
Hambi Phadtare, seul à  la tête des vins Mountain View, est lui, le premier à  s'être installé dans la vallée de Nashik. Il y a planté 1 hectare de vignes en 1998 et son premier millésime a vu le jour en 2005. Il est le seul à  diminuer sa production : de 100 000 litres jusqu'en 2008, il est passé à  65 000 et compte encore diminuer. « Il n'y a pas de secret : si on veut un meilleur vin, il faut diminuer les rendements du raisin pour en améliorer la qualité ».
La qualité des vins s'amélioreIl veut aussi augmenter les variétés cultivées et produire l'an prochain du Temporanilo, qu'il expérimente depuis trois ans, et du Vionay. Il fait partie de ces petits producteurs indépendants pour qui la qualité doit primer et pour qui l'appàt du gain n'est pas la priorité. « Je ne suis pas encore bénéficiaire car je rembourse toujours mon prêt pour tout l'équipement que j'ai dû importer. Les coûts de production sont énormes et les salaires et les taxes absorbent absolument tout ».
Tous sont unanimes sur l'amélioration de la qualité des raisins et la réduction des rendements. L'Inde s'est lancée vite dans le vin « sans véritable structure de sa filière, ni de politique de commercialisation effective » estime Frédéric Dezauzières, président de l'université des vins et spiritueux de Segonzac, expert en Inde depuis 1991. « Il y a un énorme marché à  prendre que convoitent des hommes d'affaires qui ne connaissent rien au vin. Il y a tout à  faire ! »
Pauline Garaude Éduquer les IndiensPour un pays qui se met au vin depuis peu, toute l'éducation est à  faire.
Et c'est le challenge numéro un des producteurs s'ils veulent vendre
leurs vins. Tous ont un lieu de dégustation sur leurs lieux de production :
les « wine tasting lounge », un bar ou un restaurant, où l'on vient en famille. Comme au bar des vins Sula dont l'un des serveurs explique :

« En Inde, on boit de la bière ou des alcools forts mais pas du vin.
Hormis une infime minorité qui a voyagé et a bu du vin à  l'étranger,
si nous n'éduquons pas les Indiens, ils n'y viendront pas par eux-mêmes.
On a de plus en plus de personnes qui viennent consommer sur place
mais rares sont encore celles qui ramènent une bouteille à  la maison.
Ce n'est pas encore dans les moeurs ». Dans les restaurants chics
de Nashik et de Pune, les soirées dégustation de vin sont à  la mode
et fleurissent un peu partout. De toute évidence, l'Inde se lance dans le vin !
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