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L’euphorie des achats de proximité ou bio peine à perdurer

La crise de la Covid a renforcé les tendances à l’achat de produits régionaux, de fruits et de légumes produits en France ou de l’alimentation bio, mais le phénomène commence à s’estomper et reste limité en termes de volume d’achat.

file-Au moment de passer en caisse, les souhaits vertueux des consommateurs s’évaporent bien souvent d’autant que les inquiétudes liées à la crise économique se font plus lourdes.
Au moment de passer en caisse, les souhaits vertueux des consommateurs s’évaporent bien souvent d’autant que les inquiétudes liées à la crise économique se font plus lourdes.

Avec la crise de la Covid, le changement climatique, la souveraineté alimentaire, l’achat éthique, voire la défense du patrimoine culinaire ou celle de la santé via une bonne nutrition, la question de l’évolution du “circuit court” dans l’alimentation (lait, œufs, fromages, fruits, légumes, viandes, volailles) est devenue une thématique incontournable pour des tables rondes à laquelle n’a pas échappé le Medef lors de son université d’été.

Mais où en est-on de l’achat vertueux, bénéfique pour l’environnement, l’économie locale, le revenu des producteurs ? Indéniablement, ces tendances se sont renforcées au cours des derniers mois, dans les circuits de distribution, qu’ils soient de grande surface ou de proximité, mais la tendance commence à s’estomper.

Beaucoup de pédagogie

Ainsi, Dominique Schelcher, président de Système U, constate «qu’il y a de nombreuses tendances de consommation qui se sont confirmées pendant la crise. Jamais nous n’avons vendu autant de produits de proximité, de produits “locavores”. Dans les 1.300 magasins Système U, depuis toujours, ce sont 20% des produits en magasin qui sont achetés en régional et départemental. Nous sommes montés très haut pendant la crise, c’est un peu redescendu, mais pas au niveau d’avant la crise».

L’enseigne a noué de nouveaux partenariats, notamment avec des producteurs ou des entreprises qui n’avaient plus de débouchés en restauration, tels que d’excellents producteurs de vin. Système U a également renforcé son offre de produits locaux en drive, traditionnellement plutôt orienté sur des ventes de produits de masse. Mais pour que cette offre de proximité perdure, il sera «nécessaire de faire beaucoup de pédagogie auprès des consommateurs afin d’expliquer pourquoi les produits français ou de proximité sont un peu plus chers», en raison de leur qualité ou de leurs coûts de production, ajoute le dirigeant.

«Les circuits courts dans les tuyaux depuis dix ans»

Avec les marchés de plein air, on manque de chiffres, mais après un début de crise compliqué, il est probable que les ventes de produits de proximité se sont envolées durant l’été, surtout en régions avec l’arrivée des urbains en vacances. En revanche, les ventes de produits locaux ou bio en restauration se sont évidemment effondrées avec la fermeture, puis l’ouverture sous contrainte sanitaire, des établissements.

«Nous sommes à la peine en termes de chiffre d’affaires, même si nous avons réussi à cranter des chiffres intéressants dans la vente à emporter, expose le chef étoilé Thierry Marx. Sans les agriculteurs, nous ne sommes rien. Les circuits courts sont déjà dans nos tuyaux depuis dix ans. Comment va-t-on aider, sur les dix prochaines années, les producteurs, à investir, à s’agrandir, à s’améliorer ? Et qu’est-ce qu’un bon produit, quel est son impact social et environnemental ? Voilà les questions auquel il faut répondre dès maintenant».
En espérant un retour à la normale pour la restauration, qui n’est pas d’actualité, tant s’en faut.

Sous la barre des 5%

Et même pour la consommation à domicile, la partie n’est pas gagnée. Les consommateurs français sont divisés en deux, ceux qui ont épargné 70 milliards d’euros depuis la crise — 100 milliards attendus en fin d’année — en restreignant leurs dépenses en voyages, restauration et textiles, et ceux qui vont se retrouver au chômage et dont le pouvoir d’achat va s’effondrer rapidement. Les premiers conservent du pouvoir d’achat mais sont inquiets, les autres sont condamnés à se serrer la ceinture et dans les deux cas, les phénomènes ne sont pas favorables à l’achat de produits à prix plus élevé.

Ainsi, selon une étude d’IRI (Information Ressources Incorporated), les ventes de bio en grande surface sont repassées en juillet franchement sous la barre des 5% des ventes de produits de grande consommation, le chiffre d’affaires des fruits et légumes est en baisse (après avoir grimpé de 10%) et la fréquentation des magasins reste inférieure de 10% en juillet comparée à celle de 2019 à la même époque.

Les produits de proximité et bio bénéficient bien d’une clientèle fidèle ou occasionnelle, mais leur volume de vente reste limité et soumis aux aléas du pouvoir d’achat et de la confiance des consommateurs. Sans oublier que les désirs vertueux du citoyen s’évaporent bien souvent au moment de remplir le chariot…

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