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Les producteurs bio de grandes cultures en quête de lisibilité

Face aux incertitudes sur les marchés, la filière landaise, désormais mature, est en phase d’adaptation technique pour de meilleures valeurs ajoutées.

La visite de la SCEA du Naou a permis de comprendre la stratégie mise en place par Jean-Marc Gourdon au niveau de son unité de stockage, triage et séchage, pour valoriser ses productions de maïs, soja, colza, triticale…
© Le Sillon.info

Entre les années 2010 et 2020, les Landes ont connu une décennie de progression rapide des surfaces de grandes cultures converties en agriculture biologique (AB). Celles-ci atteignent désormais environ 7 300 hectares (hors légumes de plein champ). Si la Haute-Lande constitue une zone de production privilégiée, le sud Adour représente également un bassin important.

En 2022, le soja arrive en tête des cultures dans le département (environ 3 500 hectares), devant le maïs qui a connu une baisse sensible lors des dernières campagnes, puis le tournesol (1 300 hectares) et le colza dont les surfaces varient assez fortement d’une année à l’autre (500 hectares). Dans le sud du département, la sole de soja est quasiment égale à celle de maïs grain.

Depuis deux ans, les conversions dans cette filière sont à l’arrêt. Un phénomène qui s’explique avant tout par les incertitudes sur les débouchés et leurs valorisations. De manière générale, la consommation alimentaire de produits bio des Français a diminué de plus de 10% dans certains segments ces deux dernières années. Au-delà de l’arrêt des conversions, cette situation a de quoi susciter des interrogations sur la pérennité de l’équilibre économique des exploitations en agriculture bio.

Pas de déconversions

C’est dans ce contexte que la chambre d’agriculture a organisé une réunion autour de la question : comment préserver les marges des grandes cultures en agriculture biologique ? Le rendez-vous s’est tenu la semaine dernière à Castandet. Les débats ont été étayés par une visite de l’exploitation de Jean-Marc Gourdon (lire zoom), convertie au bio depuis cinq ans et dotée d’une unité de stockage, séchage et triage des grains. «Même si on n’assiste pas réellement à des déconversions, des questions se posent, souligne Emmanuel Plantier, conseiller en agriculture bio à la chambre d’agriculture. Certes, il existe de grandes incertitudes, mais aussi des perspectives et des opportunités».

Rouages des marchés

Responsable commercial d’Agribio Union, Christophe Pollet est venu apporter son regard aiguisé sur les rouages des marchés des grandes cultures bios, qui se caractérisent par leur fonctionnement de gré à gré. Agribio Union est un regroupement de six coopératives régionales (Maïsadour, Vivadour, Euralis, Terres du Sud, Arterris et la coopérative mère Agribio) qui accompagne aujourd’hui près de 1 500 agriculteurs sur un territoire couvrant le sud de la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie.

«Sur un marché physique comme celui du bio, l’une des problématiques reste le manque de lisibilité, avec une opacité sur les volumes à attendre notamment», souligne Christophe Pollet. Ainsi, la contractualisation et la planification des productions en fonction des besoins du marché restent des points clés pour stabiliser les filières grandes cultures biologiques.

La majeure partie des débouchés se trouve dans la fabrication d’aliments. Or, ce secteur prévoit une baisse de ses besoins globaux. «Malgré cette décroissance, les fabricants devraient acheter un peu plus de matières premières origine France dans les mois à venir, poursuit le responsable commercial d’Agribio Union. L’une des raisons repose sur des opportunités moindres à l’importation… Bien sûr, certains événements peuvent encore modifier cet état des lieux, notamment si une nouvelle crise aviaire venait à survenir, ou encore l’évolution du conflit en Ukraine». Christophe Pollet a ensuite détaillé les bilans et les prévisions produit par produit, certains marchés s’annonçant saturés, d’autres déficitaires.

Diminution de l’offre d’intrants

Un point a également été réalisé sur les approvisionnements en intrants. Pierre Jamoneau, technicien AB chez Maïsadour, a rappelé l’importance de l’anticipation des commandes. La couverture des besoins azotés pour les surfaces en grandes cultures AB n’est pas garantie en raison de la forte demande et de la diminution de l’offre d’intrants organiques due aux épisodes d’influenza aviaire, ainsi qu’à la concurrence des agriculteurs conventionnels également intéressés par les apports organiques.

Pour se prémunir des problématiques de marché, les exploitations restent dans une dynamique d’innovation technique forte afin d’optimiser leurs performances. Ainsi, la Fédération des Cuma 640 a présenté de nouvelles techniques de récolte, telles que le fauchage-andainage, ainsi que des solutions de triage des graines.

F. Brèthes

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