Les prédateurs nuisent aux éleveurs
Plus de 4.000 personnes — agriculteurs et chasseurs — se sont mobilisées samedi 28 juin à Foix pour dénoncer «l'ensauvagement» de la montagne et les contraintes qui pèsent sur leurs activités. Ils attendent des mesures concrêtes de la part des pouvoirs publics.

Les manifestants ont affiché leur « ras-le-bol » et leur « exaspération » contre les prédateurs, lors de cette mobilisation de Foix.
Agriculteurs et chasseurs ont voulu frapper un grand coup. Près de 4000 personnes, venues des quatre coins de la chaîne des Pyrénées, ont défilé dans les rues de Foix (Ariège), ce samedi 28 juin. Dès le début de matinée, près d'une centaine de tracteurs convergeait vers le Champ de Mars. Tous souhaitaient exprimer leur «exaspération» et leur «ras-le-bol», face aux récentes attaques de vautours sur les troupeaux et à la présence de l'ours et du loup dans le département. «Stop au massacre», «Prédateurs le désarroi du monde rural», «Non à l'écologie technocratique, oui au bon sens paysan» Les pancartes parlent d'elles-mêmes.
«Nous voulons simplement pouvoir exercer notre métier sereinement», lance Mickaël Marcerou, président des Jeunes Agriculteurs de l'Ariège, à la tribune. Agnès Ferrand, présidente de la FDSEA du même département, attend désormais des mesures concrètes de la part de l'État: «Même si les autorités reconnaissent la véracité des attaques des vautours sur les animaux vivants, il faut que tout cela cesse et agir». Elle en est convaincue: «si elles ne veulent pas réguler, les agriculteurs et les chasseurs le peuvent. Nous défendrons notre outil de travail».
Contre la «dictature administrative»
Pendant près de deux heures, les manifestants ont défilé dans les rues de Foix en direction de la préfecture. Dans le cortège, des délégations des Pyrénées-Orientales, des Hautes-Pyrénées, des Landes, de la Haute-Garonne, de l'Aude, des Pyrénées-Atlantiques, du Tarn et de l'Aveyron avaient fait le déplacement. « Il est important d'être solidaire, explique un chasseur venu des Landes. Il y en a assez de cette administration dictatoriale».
Bruyant, le cortège se déplace toutefois dans une ambiance bon enfant. Devant la préfecture, les cris s'intensifient. Alors qu'une délégation est reçue par Nathalie Marthien, préfet de l'Ariège, les manifestants déversent du fumier et des carcasses devant les grilles du bàtiment. Le résultat de l'entrevue laisse toutefois perplexe. «Mme le préfet veut utiliser cette mobilisation pour appuyer l'autorisation des mesures d'effarouchement», commente François Toulis, président de la chambre d'agriculture de l'Ariège. Les agriculteurs devront attendre jusqu'au mois de septembre, date à laquelle se réunit la commission compétente, pour connaître la décision de l'État.
Des dégradations à la fin de la manifestation
En marge de la manifestation, une dizaine de véhicules appartenant aux agriculteurs (C15, bétaillère, pick-up) a été vandalisée. Les dégàts se révèlent particulièrement importants: pneus lacérés au couteau et serrures siliconées. En réaction, plusieurs tracteurs ont bloqué la circulation au niveau de la sortie de Foix vers le col del Bouich.
Ces actes ont provoqué un sentiment d'incompréhension de la part des responsables syndicaux. Ils avaient pourtant lancé, avant le départ du cortège, un appel au calme et au respect des biens et des personnes. Suite à ces événements, la FDSEA de l'Ariège a décidé de porter plainte contre X, au commissariat de Foix. Les personnes qui ont subi des dégradations de leurs véhicules sont invitées à signaler les dommages dont ils ont été victimes auprès de la FDSEA.
Célia Rumeau