Les agriculteurs cultivent aussi les réseaux sociaux
Dans l'étable ou sur le tracteur, ils racontent leur quotidien sur les réseaux sociaux. Comme Didier Villenave (notre photo), armés de leur smartphone, images à l'appui, des agriculteurs prennent le temps de raconter sur Facebook ou Twitter leur métier pour casser les préjugés, tisser des liens avec la société. Ces réseaux sociaux sont aussi de formidables vecteurs de diffusion de l'information.

Dans l'étable ou sur le tracteur, des agriculteurs racontent leur quotidien sur les réseaux sociaux. Armés de leur smartphone, ils relatent, images à l'appui, cassant les préjugés, la réalité de leur métier d'agriculteur. © Le Sillon
Les réseaux sociaux sont devenus des incontournables de toute stratégie de communication. Il faut être présent sur Facebook ou Twitter (entre autres), aux côtés des personnalités publiques, des journalistes et autres citoyens pour créer du lien avec la société, en direct, sans relais. Dans l'étable ou sur le tracteur, ils racontent leur quotidien sur les réseaux sociaux. Armés de leur smartphone, ils relatent, images à l'appui, cassant les préjugés, la réalité de leur métier d'agriculteur.
«Le Comité interprofessionnel palmipèdes foie gras (Cifog) nous a souvent interpellés sur l'importance d'aller, nous, agriculteurs, parler de notre métier sur les réseaux sociaux. Y renforcer notre présence fait partie de la stratégie du Cifog en réaction aux campagnes de dénigrement sur internet portées par certaines associations» témoigne Chantal Brethes, présidente du groupement de producteurs palmipèdes à Maisadour et toute nouvelle adepte de Facebook.
«C'est facile!»
«J'ai commencé par aller voir mes filles pour quelques conseils sur Facebook, poursuit-elle. L'outil est à la portée de tous! il suffit d'avoir des amis!». Des amis qu'elle a vite trouvés dans son réseau relationnel, dans le secteur associatif, agricole, les voisins. «Des fans de foie gras, il y en a partout!».
Sur son compte Facebook, l'agricultrice raconte, magnifiques photos à l'appui, sa vie d'éleveur dont elle est fière, sa relation avec ses animaux «et avec leur environnement qui est également le mien les anti-tout l'oublient souvent! Il faut savoir dire que, tous les jours, on fait bien pour les animaux, l'environnement et pour la société. Il faut arrêter d'être seulement sur la défensive!». À ceux qui estiment ne pas avoir de temps à consacrer à l'animation de leur compte, elle explique que quelques images sont souvent plus parlantes que de grands discours. «Les messages sont souvent très courts».
Éviter différents pièges
Didier Villenave, agriculteur à Gastes, est quant à lui une nouvelle recrue de Passion céréales, organisme de communication sur la filière céréales. «Pour communiquer de manière positive sur la filière, on participe à différentes actions, différents salons et depuis peu, on tweete». Tweeter, c'est envoyer des messages de 140 caractères maximum à son réseau de suiveurs.
Au début, le jeune agriculteur s'est montré réticent. «Je me méfiais de ces réseaux qui peuvent être dangereux s'ils sont mal utilisés. Mais la formation à Passion Céréales m'a convaincu». Il regrette le retard du monde agricole, contrairement à ses détracteurs, sur ce type de communication. «On est obligé d'être sur la toile pour diffuser rapidement l'information, avec pour cible principale le grand public. Et il faut bien dire qu'on se prend au jeu. à‡a devient une habitude. Mais je fais attention de ne pas y passer trop de temps». Il conseille par ailleurs de démarrer avec une formation pour éviter les pièges de la communication sur internet.
Depuis le tracteur ou les bàtiments d'élevage, des images de l'arrivée des poussins, de la récolte du mais, d'une manif, de la beauté de l'environnement de la ferme sont autant de moments partagés par Chantal et Didier avec leurs fans, leurs suiveurs. Ils leur racontent en quelques mots le quotidien du métier pour leur offrir de véritables plongées dans ce monde en général méconnu du consommateur et attaqué par des «antitouts». L'enjeu est de lever les préjugés sur cette production de foie gras ou de mais et plus généralement cette agriculture trop souvent décriée par ignorance.
«Si on veut une communication positive, montrer les belles choses que nous fabriquons, il faut s'en emparer, martèle Chantal Brethes. Pour que les autres ne racontent pas n'importe quoi sur nous, il faut le dire nous-même».
Prendre le bon wagon de l'info
Quant à ceux qui ne se sentent pas l'àme d'un communiquant pour parler de la vie de leur exploitation, ils ont aussi leur place sur les réseaux sociaux afin de relayer l'information qu'ils jugent intéressante. Ainsi, Denis Labrit, agriculteur à Sabres, retweete. «Je republie certains messages des différents responsables agricoles nationaux et départementaux dont je suis le compte. C'est un moyen de diffuser de l'information rapidement».
Enfin, encore plus facile, «pour s'informer, mais aussi pour montrer qu'on est nombreux à s'intéresser au foie gras», Chantal Brethes conseille à tous les agriculteurs de suivre les tweets de «Fan de foie gras» ou de devenir fan au Facebook du foie gras, conçu pour développer la proximité avec les consommateurs, gràce à un message à la fois festif et positif.
Didier Villenave compte sur le goût pour l'innovation des agriculteurs. «Il ne faut pas rater le train des nouveaux canaux de communication pour parler positivement de notre métier. Il faut s'impliquer. Et plus particulièrement les responsables professionnels dans toutes les filières agricoles. Likez (pour dire que vous aimez), twittez, racontez pour défendre nos productions et notre métier!»
Dominique Maurel