L'agriculture en première ligne du programme de l'Anses
Parmi les priorités de la nouvelle Agence de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail, figure l'évaluation des risques liés aux pesticides, aussi bien pour les agriculteurs exposés que pour les consommateurs dans l'alimentation.
Née en juillet dernier de la fusion de l'Afssa et de l'Afsset (environnement et travail), la nouvelle Agence de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) est désormais opérationnelle. Comme l'Afssa défunte pour l'alimentation, la nouvelle agence a pour mission principale de contribuer, par l'évaluation des risques, à la sécurité sanitaire des hommes dans les domaines de l'environnement, du travail et de l'alimentation. Ainsi que celle des animaux, de leur bien-être et de la protection des végétaux. Son directeur Marc Mortureux a présenté, le 10 février à la presse, son programme de travail pour 2011.
Produits phyto et antibiotiques
Le moins que l'on puisse dire est que l'agriculture est concernée par les initiatives de la nouvelle agence. L'une de ses priorités porte, en effet, sur les produits phytosanitaires. L'Agence va engager un travail d'évaluation des impacts réels pour les agriculteurs et les salariés agricoles des expositions aux pesticides. Si des travaux en ce sens ont déjà été menés par la MSA, l'Agence entend aller plus loin en s'intéressant non seulement aux expositions aigues, mais aussi et surtout aux expositions chroniques. Un groupe d'experts sera prochainement constitué et les premiers résultats sont attendus fin 2012.
Autre domaine d'expertise qui touche l'agriculture, la réalisation d'une étude d'ici l'été 2011 sur l'exposition des consommateurs aux contaminants présents sous forme de résidus dans l'alimentation, qu'il s'agisse de pesticides, de métaux lourds ou d'autres substances indésirables. Selon Marc Mortureux, cette étude portera sur plus de 250 aliments, 20 000 produits disponibles dans lesquels seront recherchés près de 300 contaminants.
En parallèle et pour la première fois, des travaux de recherche ont été initiés pour aborder la problématique des effets combinés des résidus de pesticides sur la santé. Jusqu'à présent les études étaient conduites sur chaque molécule sans prendre en compte les éventuelles interférences entre elles.Une coordination européenne
A l'interface de la santé animale et humaine, l'Anses va initier en 2011 un travail d'évaluation des risques d'émergence d'antibiorésistances liés aux modes d'utilisation des antibiotiques à usage vétérinaire. L'objectif étant bien entendu de parvenir « à un usage raisonné des antibiotiques » en matière de santé animale, ainsi que l'a indiqué le directeur. Autre centre d'intérêt de l'Agence en 2011, l'examen des perturbateurs endocriniens, c'est-à -dire les substances chimiques susceptibles d'agir à très faible dose sur le fonctionnement du système hormonal des êtres humains.
En première ligne, l'étude sur les effets du bisphénol A. Enfin, c'est l'Anses qui a été choisi par les autorités communautaires pour piloter les études sur la mortalité des abeilles. Un sujet sur lequel le consensus est loin d'être acquis. Le laboratoire de Sophia Antipolis, près de Nice, est chargé de coordonner l'ensemble des travaux qui sont conduits dans les différents laboratoires européens, en vue de parvenir à un diagnostic partagé.