Aller au contenu principal

La volatilité des prix des matières premières est structurelle

Selon Gautier Le Molgat, consultant associé chez Agritel, la production de matières premières agricoles subit toujours plus les conséquences des adversités climatiques.

file-Pour Gautier Le Molgat, « il est important que les Chefs d'État s'intéressent à  l'évolution des marchés des matières premières agricoles à  l'échelle mondiale. L'inflation sur les produits alimentaires peut générer de graves cris
Pour Gautier Le Molgat, « il est important que les Chefs d'État s'intéressent à  l'évolution des marchés des matières premières agricoles à  l'échelle mondiale. L'inflation sur les produits alimentaires peut générer de graves cris
Les cours des céréales et ceux des oléagineux flambent. Quelles sont les raisons objectives de cette situation? Gautier Le Molgat » La première raison vient des États-Unis où sévit une sécheresse terrible qui compromet les récoltes de mais. Toutes les estimations successives de rendements de l'USDA ont été revues à  la baisse. Le potentiel d'exportation des États-Unis sera nécessairement amputé. À cela est venue s'ajouter, début juillet, une remise en cause de la production de blé de la zone de la Mer noire, de l'Ukraine et de la Russie notamment, à  cause, ici aussi, d'une grave sécheresse. Les Russes, qui sont de gros exportateurs de blé, seront donc moins présents sur le marché international. L'Europe, qui bénéficie d'une production abondante, devrait retrouver une place de choix sur les marchés tiers. Quant aux oléagineux, le soja en particulier, il est lui aussi victime de la sécheresse aux États-Unis Est-on à  la veille d'émeutes de la faim ou du moins de crises alimentaires dans certaines parties du monde? G.L. M. » Même s'ils ont diminué, les stocks mondiaux de blé restent encore importants. Ceux des autres céréales également. Un élément à  prendre en compte, et qui va dans le bon sens, est la production de riz qui s'annonce abondante, contrairement à  2007 et 2008. La question qui est posée actuellement porte sur le niveau de production de céréales et d'oléagineux de l'Amérique du Sud et du temps qu'il fera: si les conditions météo sont favorables et la production correcte, nous échapperons à  une crise alimentaire. Sinon La contribution des opérateurs financiers Cette inquiétude sur la production céréalière et les événements climatiques est-elle conjoncturelle ou traduit-elle une tension durable sur les marchés? G.L. M. » La demande alimentaire s'accroît dans le monde à  cause de la croissance démographique et de l'élévation du niveau de vie, notamment en Chine et en Inde. À l'opposé, la production a du mal à  suivre. Là -dessus se greffent des incidents climatiques et nous observons qu'ils sont de plus en plus fréquents, entraînant des conséquences directes sur la production. Du coup, cette volatilité climatique renforce la volatilité des marchés, qui est devenue structurelle. Les opérateurs financiers n'exacerbent-ils pas cette volatilité des prix? G.L. M. » Effectivement, ces opérateurs, notamment anglo-saxons, s'intéressent de plus en plus aux marchés des matières premières agricoles. Ce n'est pas tant leur présence qui pose problème que leur réactivité pour profiter des opportunités de prix. Ils viennent ponctuellement pour profiter de la tendance mais ce ne sont pas eux qui la font. Pour le moment, ils se contentent d'acheter et de vendre des contrats, apportant ainsi des liquidités sur le marché. Et nous avons d'ailleurs besoin d'eux pour fluidifier le marché. La question de leur influence négative se poserait vraiment s'ils détenaient des stocks physiques qui leur permettraient de faire de la rétention. Les pouvoirs publics sont-ils en mesure d'imposer une certaine transparence aux opérateurs financiers? G.L. M. » J'observe qu'en matière de suivi des opérateurs, l'Europe est en retard, contrairement aux États-Unis qui ont imposé un classement des opérateurs qui interviennent sur les marchés. Et, malgré les annonces de Michel Barnier, le commissaire européen en charge du dossier à  Bruxelles, d'aller vers davantage de transparence, je ne vois rien venir. Le G20 s'est prononcé en faveur d'une régulation des marchés à  l'échelle internationale. N'est-ce pas un voeu pieux? G.L. M. » Il est important que les Chefs d'État s'intéressent à  l'évolution des marchés des matières premières agricoles à  l'échelle mondiale. L'inflation sur les produits alimentaires peut dégénérer en crise économique et provoquer de graves problèmes sociaux. Le système d'information sur les marchés agricoles «Amis » mis en place par le G20 va dans le bon sens. Ceci étant, les résultats ne sont pas à  la hauteur des espérances. Je préférerais que le G20 s'intéresse aux moyens à  mettre en oeuvre pour développer la production, afin d'assurer un niveau d'offre suffisant. L'utilité des contrats Faut-il remettre en cause la production d'éthanol aux États-Unis comme le suggère le directeur de la FAO? G.L. M. » La production d'éthanol relève d'initiatives privées. Si l'on supprime cette production, quid des usines et du sort de ceux qui y travaillent. D'une certaine manière, l'éthanol a permis de contenir le prix du pétrole et de soutenir la croissance. On oublie de dire aussi que cette production d'éthanol entraîne la production de coproduits riches en protéines bien valorisées en alimentation animale. En revanche, est-ce nécessaire de maintenir la défiscalisation pour rendre le produit attractif? La question est posée. Précisément, c'est bien le secteur de l'élevage qui souffre le plus de la flambée du prix G.L. M. » Il est clair que les filières porcs et volailles souffrent, dans la mesure où elles ne peuvent répercuter la hausse de leur coût de production. Nous devrons trouver les moyens d'indexer le prix de la viande sur le prix de l'aliment. Nous estimons chez Agritel que la notion de contractualisation entre les différents maillons de la filière n'est pas une mauvaise idée. On commence à  la pratiquer dans la filière céréalière. Il faut l'étendre à  l'aval et la grande distribution doit faire un effort dans ce sens. Quoi qu'il en soit, les outils de gestion de la volatilité des marchés qui existent actuellement ne sont pas suffisamment utilisés. Il est de notre devoir de sensibiliser les professionnels à  leur utilité et de leur intérêt pour la couverture des risques. Les professionnels doivent être à  l'affût des anticipations de marché et mettre en place les stratégies correspondantes. La flambée du prix des matières premières agricoles ne remet-elle pas en cause notre mode de consommation à  base de viande? G.L. M. » Il faut reconnaître que la viande n'est pas chère actuellement, notamment celles de porc et de volaille. Le consommateur doit accepter de payer un prix plus élevé. Si cela se traduit par une baisse de consommation, il faut en prendre acte. Je ne serai pas surpris que certains produits, aujourd'hui courants comme la viande bovine, soient, d'ici une trentaine d'années, réservés à  un marché de niche pour des consommateurs aisés mais, du coup, beaucoup plus ouvert à  l'international. Le marché répond à  des attentes. La qualité des produits français pourra être de plus en plus plébiscitée à  l'export, d'autant plus si elle ne trouve pas de marché sur le territoire   
Agritel est une société de conseil indépendante, experte dans les marchés européens de l'agri-industrie. Agritel apporte les outils, les connaissances et le savoir-faire utilisés depuis plusieurs décennies dans le monde de la finance en matière de gestion des risques et de couverture pour le secteur confronté à  une volatilité des prix croissante. Créé en 2000 par Michel Portier, Agritel décline aujourd'hui son expertise sur trois métiers : la formation, l'information et le conseil. Elle est présente en France et en Ukraine.
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Le Sillon

Les plus lus

L'Agenda de votre semaine

Réunion d'informations, sortie culturelle, conférence débat, portes ouvertes : retrouvez tous les événements  organisés…

Un rendez-vous authentique proposé le samedi 30 août à Arzacq

Organisée sur le site de l’entreprise Larrieu, cette nouvelle édition de la Fête de l’élevage et des saveurs vise à promouvoir…

Pour la dixième année, la bodéga fermière va régaler les festayres à Dax

Les agriculteurs du réseau Bienvenue à la ferme vont proposer cette année encore leur offre de restauration sur le site…

Nos terroirs en fête : quand la ferme s’invite aux Halles

Le rendez-vous est fixé ce mercredi 6 août aux Halles de Saint-Jean-de-Luz

Madiran : les fêtes du village autour des journées de Grappe & d’Épée

Les 14 et 15 août prochains, la traditionnelle fête du vin se déroulera dans le cadre des fêtes de Madiran. Une belle occasion…

« Aujourd’hui encore, les consommateurs ont besoin d’être mieux informés »

La journée Poulet à la plage, dont la vingtième édition se tiendra jeudi prochain à Vieux-Boucau, conserve tout son sens pour…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 98€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site du Sillon
Consultez le journal Le Sillon au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal du Sillon