La nouvelle révolution agricole selon Marcel Griffon
Pour répondre aux enjeux planétaires, Michel Griffon, initiateur de l'agriculture écologiquement intensive, prône une nouvelle révolution agricole, basée sur l'efficience des facteurs de production.

Ingénieur agronome, Michel Griffon est aussi un économiste, diplômé de l'Institut national agronomique de Paris-Grignon. Son concept d'agriculture «Â écologiquement intensive » a fait l'objet d'un ouvrage © Maisadour
Michel Griffon est le fondateur du concept d'agriculture écologiquement intensive. Ancien dirigeant du Cirad1, cet agronome est aujourd'hui directeur général adjoint de l'Agence nationale de la recherche. Il est intervenu le 8 mars dans le cadre de l'assemblée générale des irrigants des Pyrénées-Atlantiques, puis le lendemain, à Mont-de-Marsan, à l'invitation du groupe coopératif Maisadour (lire ci-dessous).
Pour justifier la nécessité d'une évolution du modèle agricole français, Michel Griffon met en avant le nouveau contexte mondial. Selon lui, la question environnementale y occupe une place croissante. Ce phénomène n'aura échappé à personne. Mais d'ici à 2050, l'agriculture se doit de relever un tout autre défi : nourrir convenablement neuf milliards d'individus. L'équation se révèle donc extrêmement complexe. Pour l'agronome, le salut passe par « une nouvelle révolution technologique ».
Son concept d'agriculture écologiquement intensive s'appuie sur une plus grande « intensivité » des facteurs de production. « Le principe est de recourir à une utilisation maximale des facteurs tels que la main-d'oeuvre, les intrants, la mécanisation Mais cela doit se faire aussi dans le respect de l'environnement ». Des techniques à inventer
Ce concept se veut différent de la démarche d'agriculture biologique, mais aussi de la notion d'écologie, au sens politique du terme. Il ne s'agit pas non plus de recourir à un système productif faisant baisser les rendements. Bien au contraire. « On se dirige inexorablement vers les limites physiques de la planète, note ainsi Michel Griffon. À l'échelle mondiale, il faudra donc accroître les rendements. Mais l'agriculture doit être également capable d'avoir des vertus écologiques ». À cet égard, l'agronome estime que la société se doit de rétribuer les agriculteurs pour le service rendu : « Les producteurs doivent être les acteurs de l'écologie Ils doivent parler les premiers ». Afin de correspondre aux réalités géographiques, ces nouveaux systèmes de production doivent être adaptés aux exigences, mais aussi aux atouts de chaque région du globe. « Dans certaines zones, l'agriculture emploie une main-d'oeuvre considérable. Il faut s'appuyer sur ce contexte et ne pas rechercher à reproduire le même système partout Il y a encore des choses à inventer ». Aux échelons national et local, l'agriculture écologiquement intensive implique de maintenir des capacités de production importantes, mais en utilisant au mieux les ressources naturelles.Recherche et innovations
À ce titre, l'irrigation apparaît comme un outil indispensable. « L'équation est possible. Mais, il faudra plusieurs années pour maîtriser ces nouveaux modes de conduite. Localement, les rendements pourront difficilement progresser, mais un travail sur l'efficience des moyens de production est possible ». Ces éléments restent encore à élaborer. Malgré tout, face à ces défis, l'agriculture de précision ou encore l'ingénierie écologique peuvent constituer des leviers d'amélioration. « Il faut développer l'agriculture intellectuellement intensive ». En outre, il semble que la profession agricole se retrouve parfaitement dans ce besoin de recherche et d'innovation. Michel Griffon relève un autre point de consensus, « aujourd'hui les agriculteurs sont trop dispersés, par rapport à un aval qui, à l'inverse, est extrêmement concentré ». Dans le grand ouest, la coopérative agricole Terrena (25.000 adhérents) a d'ores et déjà engagé une réflexion autour de cette agriculture « écologiquement intensive ». 1. Cirad : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
Fabien Brèthes
Ce concept se veut différent de la démarche d'agriculture biologique, mais aussi de la notion d'écologie, au sens politique du terme. Il ne s'agit pas non plus de recourir à un système productif faisant baisser les rendements. Bien au contraire. « On se dirige inexorablement vers les limites physiques de la planète, note ainsi Michel Griffon. À l'échelle mondiale, il faudra donc accroître les rendements. Mais l'agriculture doit être également capable d'avoir des vertus écologiques ». À cet égard, l'agronome estime que la société se doit de rétribuer les agriculteurs pour le service rendu : « Les producteurs doivent être les acteurs de l'écologie Ils doivent parler les premiers ». Afin de correspondre aux réalités géographiques, ces nouveaux systèmes de production doivent être adaptés aux exigences, mais aussi aux atouts de chaque région du globe. « Dans certaines zones, l'agriculture emploie une main-d'oeuvre considérable. Il faut s'appuyer sur ce contexte et ne pas rechercher à reproduire le même système partout Il y a encore des choses à inventer ». Aux échelons national et local, l'agriculture écologiquement intensive implique de maintenir des capacités de production importantes, mais en utilisant au mieux les ressources naturelles.Recherche et innovations
À ce titre, l'irrigation apparaît comme un outil indispensable. « L'équation est possible. Mais, il faudra plusieurs années pour maîtriser ces nouveaux modes de conduite. Localement, les rendements pourront difficilement progresser, mais un travail sur l'efficience des moyens de production est possible ». Ces éléments restent encore à élaborer. Malgré tout, face à ces défis, l'agriculture de précision ou encore l'ingénierie écologique peuvent constituer des leviers d'amélioration. « Il faut développer l'agriculture intellectuellement intensive ». En outre, il semble que la profession agricole se retrouve parfaitement dans ce besoin de recherche et d'innovation. Michel Griffon relève un autre point de consensus, « aujourd'hui les agriculteurs sont trop dispersés, par rapport à un aval qui, à l'inverse, est extrêmement concentré ». Dans le grand ouest, la coopérative agricole Terrena (25.000 adhérents) a d'ores et déjà engagé une réflexion autour de cette agriculture « écologiquement intensive ». 1. Cirad : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
Fabien Brèthes