La facheuse bête noire des chasseurs
La régulation de la population de sangliers dans le département devient un leitmotiv de la Fédération des chasseurs qui craint cependant de ne plus pouvoir faire face financièrement aux dégàts.
Les sujets qui fàchent », selon les termes d'André Lailheugue, secrétaire général de la Fédération des chasseurs, n'ont pas été occultés à l'assemblée générale de l'association, samedi 24 avril à Mont-de-Marsan. Le problème de la régulation de la population de sangliers y tenait une large place. Jean-Roland Barrère, président de la Fédération, déplore qu'au 31 décembre, seulement 2 500 sangliers étaient prélevés sur 208 ACCA et plus de 1 400 battues. « Cela se retrouve sur le bilan annuel, puisqu'au lieu des 11 000 sangliers prévus, nous obtenons un tableau final de 7 259 sangliers ».La réussite collective de l'agrainage
Cela fait maintenant 2 ans que le plan de gestion du sanglier est appliqué dans le département. Il a prouvé son entière efficacité lors des semis au printemps dernier puisque les dégàts sont passés de 237 hectares en 2008 à 60 en 2009, soit un ratio de 1 pour 4. Pour la réussite de ce challenge, le président a tenu à remercier les partenaires du monde agricole qui ont fourni 423 tonnes de mais, les chasseurs du département qui ont parcouru plus de 92 000 km en deux mois et réalisé 18 400 heures de bénévolat et enfin le service technique fédéral « qui a assuré, avec succès, la coordination de l'opération. Gràce à ce dispositif, les chasseurs landais n'auront pas de contribution territoriale à payer cette année. Nous pouvons affirmer qu'une opération d'une telle envergure est une première en France ».Il ajoute cependant, comme André Lailheugue, un bémol concernant le manque de réactivité des chasseurs lors de la reprise des battues et de l'ouverture de la chasse en battues collectives au 15 août, qui s'est traduit par de trop nombreux dégàts en végétation. « Cela ne se reproduira pas cette année. Soyez certains que nous veillerons à ce que tous les moyens à notre disposition soit utilisés pour réguler efficacement la population de sangliers », s'est engagé le secrétaire général. L'utilisation de la chevrotine, interdite dans certaines ACCA, est ici tout particulièrement encouragée. Cette munition est en effet un moyen supplémentaire autorisé exceptionnellement dans les Landes pour augmenter la réussite des battues.
Cette année, déjà 13 plaintes de dégàts ont été enregistrées et cela malgré la reprise des circuits d'agrainage, corroborant la crainte des deux hommes de voir la population croître car trop d'animaux ont été épargnés.Faute de prélèvements suffisants, Jean-Louis Barrère met en garde tout le monde : « Nous devrons en assumer les conséquences directes en voyant la facture s'alourdir d'année en année, et indirectes, en constatant la diminution de nombre de chasseurs fatigués de payer ou de pratiquer une chasse trop contraignante par rapport à leur passion », assène-t-il.
Cette hémorragie du nombre de chasseurs est un autre souci de la fédération qui a perdu 1 560 membres cette année. Pour André Lailheugue, il est clair que trop de demandes restent insatisfaites, comme celles des archers, ou celles des tirs d'été. « Pourquoi ne pas proposer des bracelets à l'approche, comme dans d'autres départements ?, s'interroge-t-il. Nous devons jouer l'ouverture à tous les chasseurs. Nos territoires sont grands, giboyeux et enviés ! »
Le président Barrère est aussi revenu sur l'arrêté nuisible cassé par le tribunal de Pau, après recours d'une association écologique. « Du 11 mars au 14 avril, nous n'avons pas pu intervenir sur les nuisibles, à cause d'une erreur de procédure. C'est du délire ! ». Il mentionne par ailleurs que la martre, le putois et l'étourneau sansonnet ne figurent pas sur le nouvel arrêté.
Dominique Maurel Chasse traditionnelle Chasse interdite pour les uns, tolérée pour les autres Le dossier n'avance pas malgré les nombreuses initiatives de la fédération des chasseurs et la transmission d'un dossier, avec des propositions raisonnables, au ministère en 2009. C'est pourquoi les chasseurs demandent, par l'intermédiaire du préfet, à obtenir un rendez-vous avec le ministère de l'environnement. En attendant, la fédération s'indigne de l'accord signé le 14 janvier 2010, issu d'une table ronde de l'assemblée nationale sur la chasse qui stipule que « les parties s'engagent au respect de la loi, en particulier pour les ortolans et les pinsons dans le Sud-Ouest de la France ». « Les Landais ne demandent que ça : respecter la loi » tempête le président Barrère.