Irrigation : consensus entre agriculteurs et conseil général des Landes
En écho à la FDSEA et aux Jeunes Agriculteurs des Landes qui avaient obtenu un débat spécial, le conseil général s'est prononcé pour le maintien des surfaces irriguées.
C'est finalement la première fois depuis 1990 que la démocratie participative du conseil général des Landes était activée pour un débat sur l'eau et ce gràce aux 2.400 signatures remises par la FDSEA et les JA le 22 octobre dernier. La session extraordinaire, vendredi 19 novembre, rassemblait, autour du président Emmanuelli et du préfet, les autres élus du conseil général et des invités représentant le syndicalisme agricole, la chambre d'agriculture, les associations de protection de l'environnement Le but des pétitionnaires était d'ouvrir un débat public sur l'importance de l'irrigation pour le département et de confronter les positions sur l'avenir de cet outil.
Pas de baisse du niveau des nappes
Les interventions préalables au débat ont permis de situer le contexte et de valider des données importantes. M. Hauquin, hydrogéologue du département, a présenté la ressource en eau. Les réserves disponibles sont très riches et l'irrigation n'en consomme finalement que l'équivalent « d'une goutte d'eau », seulement 3 % de la pluviométrie annuelle sur tout le département. Les différents suivis des nappes du département depuis 20 ans ne démontrent pas de baisse du niveau de celles-ci, mis à part les variations saisonnières. « Les nappes sont surtout dépendantes de la pluviométrie » conclue M. Hauquin.
Bernard Grihon a exposé, pour la chambre d'agriculture, les principales caractéristiques de l'irrigation dans les Landes, premier département irrigant de France. Le poids de l'eau sur l'agriculture landaise est considérable puisqu'on estime à 140 millions d'euro la valeur ajoutée spécifique à l'irrigation. « En se basant sur des normes économiques, près de 4.000 emplois directs et indirects sont liés à l'irrigation (hors filières animales) » affirme B. Grihon. Il a ensuite conclu son propos en démontrant les efforts de la profession en vue d'économiser l'eau (message conseil irrigation) et en rappelant que les filières animales de qualité n'ont pu se développer que gràce à un approvisionnement en mais local et sécurisé en quantité et qualité.
L'intervention de la MISE (mission interservice de l'eau), par la voix de Bernard Guillemotonia, a été axée sur la mise en oeuvre de la loi sur l'eau votée fin 2006 et dont les textes d'application posent problème aujourd'hui. Il a présenté la « gestion quantitative » qui va s'imposer à partir de 2011. La version présentée ce 19 novembre était sensiblement différente de ce que la profession avait pu voir et entendre de la part de l'État jusqu'à présent.
En effet, B Guillemotonia a, pour la première fois, présenté un schéma de calcul des volumes prélevables prenant en compte 20 % d'incertitudes d'évaluation (enfin reconnues), le programme de création de ressources de l'Institution Adour et la possibilité nouvellement offerte par le ministère de l'écologie de fonctionner avec une gestion débimétrique sur certains secteurs de la Douze aval. « C'est bien la première fois que nous sommes si proches de la MISE » a repris Jean-Luc Capes qui se félicite que « le bon sens soit enfin inclus dans les réflexions de l'État ».
Besoin de nouvelles réserves
C'est enfin l'Institution Adour par la voix de Bernard Subsol qui a présenté son programme pluriannuel « ressource en eau ». Il prévoit la création d'un certain nombre de réserves sur l'Adour, la Midouze et le secteur des Luys et Louts. De ces présentations techniques, un consensus a tout de même été trouvé sur la nécessité de conserver une surface irriguée de 100.000 ha dans les Landes.
Le président du conseil général a cependant bien souligné que ces ouvrages ne pourront être partiellement financés par le département qu'à la seule condition que l'État assume également une part du projet et que la lourdeur administrative liée à ce type d'ouvrage soit réduite. Côté financement, J.-P. Raynaut, représentant le conseil régional d'Aquitaine, a confirmé que l'accès à l'eau est un « enjeu majeur pour l'agriculture de la région » et se dit prêt à accompagner financièrement certains projets, à la même condition suspensive que le département.
Le préfet qui a conclu les débats s'est voulu rassurant sur deux points : l'État sera à côté des porteurs de projets pour les accompagner dans les démarches et sur la gestion de l'eau. Une gestion débimétrique sur l'Estampon par exemple va être testée et une nouvelle étude socio-économique dont les résultats seront connus au printemps, permettra peut-être l'établissement de nouvelles références. Concernant le financement et la période de transition, Evence Richard s'est dit prêt à discuter.
Gaëlle Huart