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Front uni contre la distribution

Cinq organisations agricoles en appellent aux pouvoirs publics pour faire appliquer strictement la LME (loi de modernisation de l'économie), tout en y apportant des précisions pour qu'elle ne soit pas dévoyée.

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La réunion de cinq organisations(1) pour tirer la sonnette d'alarme à  la veille de l'ouverture des débats sur le projet sur la consommation qui sera présenté par Benoît Hamon, a une forte valeur symbolique, a immédiatement prévenu Jean René Buisson, président de l'ANIA. «Il ne s'agit pas d'un simple mouvement de mauvaise humeur, mais d'une réelle colère après la clôture des négociations commerciales annuelles qui se sont tenues dans un climat épouvantable. On ne peut même plus parler de négociations, mais d'un simulacre». Et de stigmatiser des distributeurs qui se sont refusés catégoriquement à  des hausses de tarifs, voulant reconduire tout simplement ceux de l'année précédente. Ils ont également refusé d'accorder des contreparties aux réductions de prix imposées aux producteurs. Les distributeurs exigent en sus des compensations de marges, quand ils réalisent qu'ils sont contraints de vendre moins cher que prévu, mais ne veulent pas en supporter le coût. Enfin, fait nouveau et inquiétant, ils arrivent à  connaître les prix obtenus par leurs concurrents et demandent un alignement sur le moins-disant. «C'est donc un front commun contre ces dérives qu'il faut établir pour faire que la loi soit appliquée afin que les engagements pris soient précisés et respectés», a affirmé Philippe Mangin, président de Coop de France. Une stricte application de la loi existante Les cinq participants sont unanimes: ils ne veulent pas d'une énième nouvelle loi, mais une application de celle existante qui doit être précisée. «La loi LME ne fonctionne pas, car elle n'a fait l'objet ni de décret ni de circulaire d'application, mais il ne faut pas tout mettre par terre», a estimé Jean-René Buisson. Elle comporte des aspects positifs, tels la création de l'Observatoire des prix et des marges, a rappelé Xavier Beulin. «Il faut aller vers son renforcement en élargissant l'accord du 3 mai conclu pour les volailles, les porcs ou les bovins, au secteur laitier. Il ne faut pas non plus se focaliser sur l'échéance du 28 février, date butoir des négociations commerciales annuelles, mais prendre en compte plus régulièrement les variations des cours des matières premières». La France est le seul pays d'Europe qui n'est pas capable d'avoir cette corrélation des prix, a déploré le président de la FNSEA. «Cet aspect de la volatilité des prix doit être abordé dans la loi de toute urgence», a renchéri Philippe Mangin. Sans garanties pour une stricte application de la loi existante, il faudra aller vers une cinquième loi, a déploré le président de l'ANIA, qui préfère donc que le gouvernement «prenne ses décisions et les fasse appliquer, par l'ensemble de ses ministres». Demande de sanctions La loi actuelle ne fonctionne pas, car les acteurs de la distribution se sont habitués à  ce qu'on ne les pénalise pas lorsqu'ils la méconnaissent. «Il faut que la direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes puisse imposer des sanctions immédiates afin que les mauvaises pratiques ne s'installent pas et que ces sanctions administratives soient réellement dissuasives», a indiqué Olivier Desforges, président de l'ILEC, qui a fustigé «Leclerc qui gagne des parts de marché en n'appliquant pas la loi». Les cinq organisations pensent avoir convaincu le chef de l'État et celui du gouvernement, ainsi que les deux ministres en charge des aspects agricoles et agroalimentaires. Benoît Hamon «a une approche correcte», a concédé Jean-René Buisson qui sent toutefois une réticence, à  la tête du ministère de Bercy. Pierre Moscovici redoute qu'il y ait une répercussion négative sur le pouvoir d'achat. Mais le problème n'est pas là , a objecté Olivier Desforges, «car en bloquant les prix, on bascule dans la déflation, un mal dont le Japon a mis dix ans pour s'en sortir». Manoeuvre de diversion Interrogé sur les propositions de Michel-Edouard Leclerc de créer un fonds de soutien pour les producteurs de lait, Xavier Beulin a dénoncé une proposition qui «vise à  acheter la paix avec les paysans afin qu'ils n'aillent pas perturber ses magasins». Si les paysans manifestent, ce n'est pas de gaieté de coeur, pour le patron de la FNSEA, «car à  cette saison, ils ont d'autres choses à  faire». Il a jugé par ailleurs que les propositions du dirigeant de Leclerc seraient immédiatement retoquées par les autorités de la concurrence. Répondant également aux propos de Jacques Creyssel, délégué général de la FCD, regroupant les grandes enseignes non indépendantes, qui conditionnait une augmentation du prix payé aux éleveurs laitiers à  la mise en place du fonds de solidarité entre céréaliers et éleveurs, Xavier Beulin a été très ferme: «Le Fonds de solidarité va bien se mettre en place». Mais pour que les choses soient bien claires, il précise que ce n'est pas sous la pression de la distribution à  qui il conseille de «ne pas se mêler de ce qui ne la regarde pas» et fait valoir que «l'on ne demande pas à  Airbus de venir en aide à  Renault». 1. Association nationale des industries alimentaires (Ania), FNSEA, Confédération générale de l'alimentation en détail (CGAD), Coop de France, Institut de liaison et d'études des industries de consommation (Ilec)
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