Des propositions pour lutter contre la volatilité des prix des céréales
Chaque année, en marge de son assemblée générale, l'Union des syndicats agricole de la région forestière des Landes organise une réunion d'informations sur un thème d'actualité. Le 4 février, Bernard Valluis a ainsi tenu une conférence sur le thème « Quelle régulation pour les marchés des matières premières agricoles ?»

Bernard Valluis a fait des propositions pour tenter de réguler les marchés des matières premières agricoles, tout en minimisant les dépenses budgétaires © C.A / Le sillon
Président délégué de l'association nationale de la meunerie française, Bernard Valluis a également été directeur de l'Association générale des producteurs de mais de 1978 à 1990. Le marché des céréales n'a donc aucun secret pour lui. « Après l'éclatement de la bulle financière en 2008, les appels se sont multipliés en faveur d'une réforme de la régulation des marchés des matières premières, rappelle-t-il. C'est d'ailleurs l'un des objectifs de la France qui a pris la présidence du G20 en novembre dernier. » Reste à savoir quelle attitude adopter pour y parvenir. Pour Bernard Valluis, l'action doit être double, à la fois sur les marchés financiers et sur les marchés physiques.Des règles spécifiques pour les produits agricoles
En Europe, les instruments financiers sont régulés par la directive MIFID (Markets in financial instruments directive). Sa révision est actuellement à l'étude et devrait entrer en vigueur à l'horizon 2012. D'ici là , « il est important que les filières agricoles participent activement aux discussions européennes » afin que leurs spécificités soient prises en compte. Elles ont en effet besoin « d'outils efficaces de formation des prix et d'arbitrage des matières premières, de prix et de volatilité en rapport avec les fondamentaux du marché, d'absence ou de limitation des contreparties, et de règles spécifiques pour les matières premières agricoles ». Mais actionner le seul levier de la régulation financière des marchés n'est pas suffisant, encore faut-il avoir une action sur les marchés physiques. « Avec le démantèlement successif des politiques de régulation de l'offre (politiques agricoles), de la demande (subventions de la consommation) et des échanges extérieurs (subventions à l'export, tarifs douaniers), les stocks apparaissent comme le dernier outil de régulation. » Mais constituer et gérer des stocks coûte cher.L'obstacle de l'OMC et du FMI
Le défi consiste donc à imaginer un outil efficace de régulation des marchés physiques tout en minimisant les dépenses budgétaires et en s'inscrivant dans une démarche de marché. Bernard Valluis pense avoir résolu l'équation et a proposé sa solution à Michel Barnier, ancien ministre français de l'agriculture et actuel commissaire européen au Marché intérieur et aux Services. « L'idée serait de conserver la maîtrise d'ouvrage des stocks aux autorités publiques, mais d'en confier la maîtrise d'oeuvre à des banques pour en assurer le portage financier. Seul l'État pourrait donner l'autorisation de déstockage, et les banques seraient rémunérées pour la prestation de services. » Le dispositif suscite de l'intérêt, mais reste à savoir s'il est compatible avec l'OMC (Organisation mondiale du commerce) et le FMI (Fonds monétaire international), car « pour fonctionner, il doit être coordonné au niveau international ». Avec ses propositions, Bernard Valluis n'ambitionne pas de gommer la volatilité des marchés. « Ils seront toujours volatils, car la volatilité est structurelle. Il s'agit seulement de lutter contre la volatilité excessive. » Pour cela, il convient de moraliser les marchés et de prendre des dispositions dans ce sens car « il n'y a pas de marché durable sans règle ».
Cécile Agusti
En Europe, les instruments financiers sont régulés par la directive MIFID (Markets in financial instruments directive). Sa révision est actuellement à l'étude et devrait entrer en vigueur à l'horizon 2012. D'ici là , « il est important que les filières agricoles participent activement aux discussions européennes » afin que leurs spécificités soient prises en compte. Elles ont en effet besoin « d'outils efficaces de formation des prix et d'arbitrage des matières premières, de prix et de volatilité en rapport avec les fondamentaux du marché, d'absence ou de limitation des contreparties, et de règles spécifiques pour les matières premières agricoles ». Mais actionner le seul levier de la régulation financière des marchés n'est pas suffisant, encore faut-il avoir une action sur les marchés physiques. « Avec le démantèlement successif des politiques de régulation de l'offre (politiques agricoles), de la demande (subventions de la consommation) et des échanges extérieurs (subventions à l'export, tarifs douaniers), les stocks apparaissent comme le dernier outil de régulation. » Mais constituer et gérer des stocks coûte cher.L'obstacle de l'OMC et du FMI
Le défi consiste donc à imaginer un outil efficace de régulation des marchés physiques tout en minimisant les dépenses budgétaires et en s'inscrivant dans une démarche de marché. Bernard Valluis pense avoir résolu l'équation et a proposé sa solution à Michel Barnier, ancien ministre français de l'agriculture et actuel commissaire européen au Marché intérieur et aux Services. « L'idée serait de conserver la maîtrise d'ouvrage des stocks aux autorités publiques, mais d'en confier la maîtrise d'oeuvre à des banques pour en assurer le portage financier. Seul l'État pourrait donner l'autorisation de déstockage, et les banques seraient rémunérées pour la prestation de services. » Le dispositif suscite de l'intérêt, mais reste à savoir s'il est compatible avec l'OMC (Organisation mondiale du commerce) et le FMI (Fonds monétaire international), car « pour fonctionner, il doit être coordonné au niveau international ». Avec ses propositions, Bernard Valluis n'ambitionne pas de gommer la volatilité des marchés. « Ils seront toujours volatils, car la volatilité est structurelle. Il s'agit seulement de lutter contre la volatilité excessive. » Pour cela, il convient de moraliser les marchés et de prendre des dispositions dans ce sens car « il n'y a pas de marché durable sans règle ».
Cécile Agusti