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Innovation
CUBàO : des containers détournés en citerne pour la lutte incendie

Deux pompiers entrepreneurs des Pyrénées-Atlantiques ont livré une réserve d’eau de leur conception à la commune de Lagor.

La commune de Lagor a reçu vendredi 17 février son CUBàO, un container innovant qui servira de point d’alimentation pour les pompiers après le remplissage avec 60 m3 d’eau
© F. H. Le Sillon

Un container habillé de bardage en bois a pris place à Lagor (64), vendredi 17 février, à mi-chemin entre la salle des fêtes et l’église. Après être rempli d’eau, il servira de point d’alimentation pour les pompiers en cas d’incendie. La commune devait s’équiper selon la dernière réglementation pour pallier un réseau d’eau qui n’était pas suffisamment dimensionné pour la lutte incendie. Jean-Pierre Dubreuil, a engagé la démarche alors qu’il était encore maire.

CUBàO est un container de transport dont les deux créateurs ont détourné l’usage. L’idée est venue simplement d’une conversation. Grégory Hourcadet et Pierre Gougy ont chacun la double casquette de pompiers volontaires et entrepreneurs. Le premier nommé dirige une société qui commercialise des solutions modulaires d’espace à partir de containers. Son ami lui demande s’il est possible de mettre de l’eau dedans. Il cherche des solutions pour que les pompiers puissent accéder facilement à des réserves d’eau dans des zones rurales qui souffrent d’une insuffisance du réseau. Il manque « de débit pour attaquer un feu de manière frontale » explique-t-il.

Éviter les longues rotations

Le temps de remplir un camion-citerne de pompier qui contient autour des 4.000 litres et de faire les allers-retours, les minutes perdues peuvent avoir des conséquences lourdes. Pierre Gougy raconte. « Je suis parti en campagne pour lutter contre les feux de forêts en Gironde (N.D.L.R. : 34.000 hectares de forêts dévastées), on aurait eu ça placé à différents endroits, on aurait fait du bon boulot. »

Grégory Hourcadet rebondit par une autre anecdote. « À La Rhune, les pompiers descendaient en 25 minutes, prenaient 5 à 6 minutes de remplissage, et remontaient en 25 à 30 minutes, donc perdaient une heure à chaque rotation parce qu’il n’y avait pas de réserves d’eau sur toutes les crêtes ». La citerne est vide en quelques minutes et il faut recommencer. Quinze hectares de végétations avaient alors été détruits fin septembre 2022.

Le premier CUBàO a été installé près de la station de ski de Gourette (64) il y a moins d’un an et a déjà servi aux pompiers pour maîtriser un incendie en début de semaine. Les collectivités locales s’équipent souvent des bâches incendies qui contiennent moins, prennent beaucoup plus de surface au sol (100m2 pour les seuls 30m2 du CUBàO), et peuvent être vandalisés contrairement aux containers. Les possibilités de déplacement d’un CUBàO sont aussi plus souples qu’une bâche et elle s’intègre facilement à l’environnement. Non seulement elle n’a pas besoin d’un terrassement conséquent mais on peut en plus l’habiller pour la fondre au paysage.

À Lagor, la mairie a choisi un bardage bois qui est assorti à celui de la salle des fêtes. Un petit grillage peut servir de support à de la végétation comme du chèvrefeuille. À Gourette, la collectivité a planté des pins à sept ou huit mètres de la cuve. Ils masqueront complètement le container d’ici deux ans. Trois formats sont commercialisés pour le moment : 60m3, 30m3 et 11m3.

Inventif et innovant

Il a fallu deux années de recherches pour adapter cet équipement à recevoir un volume d’eau maximum. Sans modifications, la cuve se déformait «comme un ballon de rugby» explique Grégory Hourcadet. Après avoir conçu un système de renforts et sous-traité les calculs à un bureau d’études, le concept a été déposé à l’INPI qui l’a qualifié « d’inventif et innovant. » Avec celui de Lagor, six containers ont déjà été installés dans les Pyrénées-Atlantiques et des nouveaux projets se profilent en région ou sur des modèles qui récupèrent les eaux pluviales.

Les services techniques de la ville de Bordeaux seraient intéressés par une solution pour récupérer l’eau de pluie afin de nettoyer les routes ou arroser les espaces verts sans utiliser de l’eau potable. Ou encore un éleveur de la vallée d’Aspe qui a interrogé la société pour un container de 11m3 pour abreuver ses bêtes.

Fabrice Héricher

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