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Coup de frein budgétaire à l’essor de la méthanisation agricole

Dans un contexte de transition agroécologique et énergétique, le biométhane d’origine agricole possède de nombreux atouts. Pourtant, les ambitions de la dernière programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), présentée le 25 janvier, sont passablement réduites. Le sujet ne semble pas être une priorité pour Didier Guillaume. Ce manque de visibilité menace le développement de cette filière économiquement, environnementalement et socialement vertueuse.

file-La programmation pluriannuelle de l’énergie, présentée le 25 janvier, est peu incitative à l’essor de la méthanisation.
La programmation pluriannuelle de l’énergie, présentée le 25 janvier, est peu incitative à l’essor de la méthanisation.

Réduction des gaz à effets de serre (GES), possibilité d’utiliser le réseau de distribution existant, solution de traitement des déchets… Le gaz renouvelable issu de la méthanisation agricole possède un grand nombre d’atouts pour se développer, a rappelé Olivier Dauger, coprésident de France Gaz Renouvelables, une association créée l’année dernière pour promouvoir les gaz verts dans le mix énergétique français.

D’un point de vue environnemental, d’abord, le biogaz utilise de l’énergie produite localement, à partir d’effluents d’élevage, de certains déchets issus de nombreux secteurs comme la restauration collective, la tonte des pelouses, les stations d’épuration, ou des cultures intermédiaires non alimentaires qui augmentent la captation de carbone dans les sols. En 2017, l’injection de biométhane a ainsi permis d’éviter 90.000 tonnes de GES et permettrait, en 2023, d’en éviter 1.740.000 tonnes.

Cercle vertueux

En tant que carburant, le biométhane émet 80% de GES en moins par rapport au diesel. Par ailleurs, côté agricole, la méthanisation a des impacts agronomiques vertueux : outre la captation de carbone, les cultures intermédiaires jouent un rôle dans la préservation de la biodiversité, enrichissent le sol et absorbent l’azote minéral qui pollue les cours d’eau et les nappes phréatiques. La fabrication de digestat permet, également, de substituer aux engrais minéraux des engrais organiques, tout en limitant les émissions propres de l’agriculture.

De plus, la méthanisation assure aux agriculteurs des revenus complémentaires, alors que la valorisation de la production notamment animale est difficile depuis quelques années. Enfin, la nouvelle génération de biogaz, produite localement, en économie circulaire, offre de nouvelles perspectives aux territoires (création d’emplois non délocalisables, énergie française…). Or, «le manque de vision, de dynamisme dans les territoires, c’est bien ce qui crée la crise actuelle aujourd’hui», estime Olivier Dauger.

Un sujet politique

Et pourtant, «on doit continuer sans cesse à dire partout que la méthanisation ce n’est pas que de l’énergie, c’est tout un programme de développement agroécologique», témoigne Francis Claudepierre, président de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF). Si Stéphane Le Foll et Ségolène Royal avaient fait du développement de la méthanisation un enjeu fort de la transition agricole et énergétique, Didier Guillaume, actuel ministre de l’Agriculture, semble avoir d’autres priorités.

En témoigne, la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), dévoilée le 25 janvier, s’est avérée très décevante pour la filière, avec des ambitions revues à la baisse pour toutes les valorisations du biogaz. Non seulement il rabaisse de 10% à 7% en 2030 les ambitions du biométhane dans la consommation de gaz en France inscrites dans la loi de transition énergétique de 2015, mais il diminue les tarifs de rachat de biométhane au producteur de 95 euros le mégawatt actuellement, à 67 euros en 2023 et 60 euros en 2028, ce qui menace le développement de la filière encore fragile.

Manque de visibilité

«On est passé d’une PPE très politique à une PPE budgétaire», regrette Olivier Dauger. Sans compter que la mécanique des appels d’offres n’est pas adaptée aux projets agricoles, souvent de petite taille, et risque de favoriser les entreprises au détriment des agriculteurs qui ont pourtant la capacité de développer la création d’énergie au sein des territoires. «Le monde agricole est déjà en souffrance dans son activité principale, après quatre années difficiles, se lancer dans les projets, dans un contexte de bashing, n’est pas facile, et en plus maintenant on nous enlève de la visibilité !», s’exclame Francis Claudepierre.

Pour autant, le président de l’AAMF n’est pas découragé. «S’il y a quelques échecs, la plupart des agriculteurs méthaniseurs de l’association sont dans une dynamique de développement et d’espoir, car la méthanisation est porteuse pour l’installation des jeunes», témoigne-t-il. La dynamique de développement pourrait par exemple être portée par le biométhane non injecté, ou par les transports.

«Il faut faire prendre conscience aux pouvoirs publics que c’est un sujet politique et non budgétaire», insiste Olivier Dauger. France Gaz renouvelables entend bien le rappeler aux ministres, aux parlementaires et aux politiques qui seront nombreux au salon de l’agriculture, mais aussi, en amont, dans le cadre du grand débat national.

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