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Consommation d'engrais en baisse et appauvrissement des sols en hausse

Malgré une nette reprise lors de la campagne 2010-2011, les livraisons d'engrais sont en recul structurel depuis vingt ans, notamment celles de phosphore et de potassium. Ce qui commence à  impacter la fertilité des sols.

file-La réforme de la PAC en 1992 et celles qui ont suivi ont donné un coup d'arrêt à  l'expansion de la consommation d'engrais. © Réussir
La réforme de la PAC en 1992 et celles qui ont suivi ont donné un coup d'arrêt à  l'expansion de la consommation d'engrais. © Réussir
Pour la campagne 2010-2011, l'Union des industries de la fertilisation (Unifa) qui regroupe les fabricants d'engrais a observé une nette reprise des livraisons. Globalement les industriels ont commercialisé 9,8 millions de tonnes d'engrais toutes catégories confondues, en hausse de 18 % par rapport à  la campagne précédente ; la progression étant encore plus élevée pour le potassium (K2O, + 44 %), le phosphore (P2O5, +29 %), mais plus faible pour l'azote (N, +13 %). Même tendance pour les amendements minéraux basiques, en progrès de 15 %. L'amélioration de la conjoncture agricole a stimulé les achats d'engrais, notamment ceux de potasse et de phosphore. Ces derniers constituant « la variable d'ajustement » dans les exploitations agricoles au gré des fluctuations de prix des denrées selon le président de l'Unifa, Joël Morlet. Tendance lourde depuis 20 ans Mais cette reprise ponctuelle ne constitue qu'un léger rattrapage par rapport au mouvement tendanciel observé depuis une vingtaine d'années. Les livraisons d'engrais azotés ont reculé de 14 %, celles de potassium de 69 % et celles de phosphore de 65 %. La réforme de la PAC en 1992 et celles qui ont suivi ont donné un coup d'arrêt à  l'expansion de la consommation d'engrais. Si bien qu'aujourd'hui, les industriels s'inquiètent sur l'évolution de la fertilité des sols. Épuisement progressif des sols La diminution des soldes mesurés par l'écart entre les apports et les exportations de N, P, K par les plantes s'est accélérée au cours des trois dernières campagnes. Les régions avec des soldes très faibles (moins de 10 kg/ha) ou négatifs deviennent majoritaires. Conséquence : sans apports d'éléments nutritifs correspondant aux quantités exportées par les récoltes, les sols s'épuisent. Idem pour les amendements calcaires : sans chaulage, les sols s'acidifient entraînant une diminution de la vie microbienne, et donc de leur fertilité et de leur productivité. À contre-courant des besoins Si cette tendance se poursuit, estime l'Unifa, il sera difficile de maintenir les rendements actuels dans certaines régions, en raison de carences déjà  observées en phosphore et en potassium. Une tendance d'autant plus inquiétante qu'il faudra produire plus pour nourrir une population mondiale en forte croissance dans les années qui viennent. « C'est à  contre-courant des évolutions mondiales et des efforts de productivité à  fournir d'ici 2030 » s'inquiète l'Unifa. La compétitivité de l'industrie de la fertilisation compromise Comme d'autres secteurs agricoles, l'industrie de la fertilisation nationale souffre d'une érosion lente et progressive de sa compétitivité. D'abord, pour ce qui est de la logistique, le ferroviaire perd du terrain au profit de la route. Il ne représentait plus que 10 % du transport en 2010 contre 17 % un an plus tôt « Alors qu'il s'agit du mode de transport le plus adapté à  notre secteur, quand on sait qu'un train transporte 1250 tonnes, soit la production journalière d'une usine » souligne Gilles Poidevin, le délégué général de l'Unifa. Le camion a pris la place du fer puisqu'il assure désormais plus de la moitié des transferts (56 %). Ce qui n'est pas nécessairement bon pour le bilan carbone. Et ce d'autant plus que l'autorisation donnée aux chargements de 44 tonnes de matières premières agricoles n'a pas été accordée aux engrais. Importations en hausse Autre inquiétude de l'Unifa l'effritement de la production française d'engrais qui ne couvre désormais que 35 à  37 % des besoins, au profit des fournisseurs de pays tiers, le Maghreb et le Moyen Orient notamment qui bénéficient d'un prix du gaz plus attractif. En outre la réduction des émissions de gaz à  effet de serre exigée par Bruxelles pourrait condamner l'industrie nationale de l'azote à  disparaître. Et cela malgré une baisse des émissions de 65 % depuis 1990 réalisées par la profession.
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