Commercialisation en circuit court
Développer les partenariats est une étape essentielle pour réussir en vente directe.
En circuits courts, il y a autant de schémas de commercialisation que d'agriculteurs. En témoigne la table ronde qui s'est tenue le 8 avril dernier dans le cadre de la journée organisée par l'Adasea (lire ci-dessus). Quatre agriculteurs sont venus témoigner de leur expérience personnelle. Maité Goni, éleveuse de brebis à Saint-Martin-d'Arrossa, transforme son lait en 11 tonnes de fromage qu'elle vend en grandes surfaces, en crémerie, sur les foires et marchés ou directement à la ferme. Georges Laberdesque, producteur de canards et propriétaire de chambres d'hôtes à Lay-Lamidou, ne commercialise que 5 % de sa production en vente directe et fait confiance au groupe Euralis pour écouler le reste. Philippe Lacube, éleveur de bovins en Ariège, a tout misé sur le tourisme vert pour vendre la totalité de sa production de viande. Enfin, Jean-Claude Barreix, éleveur de Blonde d'Aquitaine et de brebis laitières a choisi de valoriser sa production de lait avec seize autres éleveurs à travers la coopérative de production de fromage Azkorria.« La vente directe demande beaucoup de présence »
Tous s'accordent à dire que la vente directe est passionnante. « On sait du début à la fin pourquoi on travaille », souligne Jean-Claude Barreix. Pour autant, tous reconnaissent également que « c'est un autre métier » qui nécessite des compétences particulières. « Pour ma part, au début, je n'avais aucune notion du commerce », avoue Georges Laberdesque. « Il faut donc se faire accompagner », insiste Philippe Lacube. « Il ne faut pas non plus sous-estimer que la vente directe est gourmande en temps et en investissements, ajoute Maité Goni. La vente directe à la ferme demande notamment beaucoup de présence ».
Philippe Lacube reconnaît pour sa part avoir mis sa vie familiale entre parenthèses « pendant une dizaine d'années » pour développer son réseau commercial. Tous encouragent donc les porteurs de projet de vente directe à « ne pas rester isoler sur leurs exploitations, mais à chercher les partenariats et les développer à tous les niveaux » que ce soit en terme de formation, de transformation ou de commercialisation.
Cécile Agusti En manque d'évaluations chiffrées « La difficulté, c'est que nous n'avons pas de chiffres précis », a déploré Jean-Louis Cazaubon, vice-président de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture, en charge de la politique de qualité, lors de la Journée nationale d'échanges des chambres d'agriculture sur les circuits courts et approvisionnements de proximité qui s'est déroulée le mercredi 7 avril dernier à Paris. Véritable frein au développement de ce mode de commercialisation, l'absence de références technico-économiques pénalise d'une part la prise de décision par les services de l'État et ne facilite pas le financement de projets par les banques.C'est essentiellement pour ces raisons que le ministère de l'agriculture et l'INRA se penchent depuis peu sur des actions à engager en vue de mettre au point des indicateurs économiques. À ce propos, Stéphane Le Den, chef du bureau économique DGPAAT au ministère de l'agriculture, explique que des informations sur les circuits courts seront mises en ligne prochainement sur le site internet du ministère. D'autre part, des données complémentaires sur les circuits courts de commercialisation seront intégrées dans le recensement général agricole (RGA) en 2010. Les résultats devraient être disponibles dès la fin 2011Stéphane Le Den a aussi rappelé l'existence de l'étude commanditée par le ministère à l'INRA « afin de développer une méthodologie pour mettre au point un référentiel économique ». D'autre part, le Réseau rural français, lequel regroupe les différents acteurs impliqués dans le développement rural, travaille sur ce point. « De grands chantiers restent encore en suspens, explique Yuna Chiffoleau, chercheuse à l'INRA et chef de file du sous-groupe “Agriculture et alimentation†du Réseau rural français. Il reste à définir une charte nationale permettant de faire connaître l'existence et le fonctionnement des circuits courts aux consommateurs. Et construire des indicateurs de richesses produites par les circuits courts afin de mesurer ces dernières ».