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Chez Cédric Pucheu, la biodiversité domestique dans tous ses états

L’éleveur de la vallée de Barétous (64) participe activement à la sauvegarde des races locales menacées ou à faible effectif. Une arche de Noé au pied de La Pierre-Saint-Martin.

Depuis sa plus jeune enfance, Cédric Pucheu savait qu’il reprendrait la ferme familiale. En 2008, il rejoint sa mère sur la petite exploitation, à peine 21 ha de prairies permanentes à Issor.
© J.-M. A. - Le Sillon

La ferme Récébire, à Issor (64), est une sorte d’arche de Noé. Certes, Cédric Pucheu ne sauve pas les animaux du Déluge, mais il contribue à la sauvegarde des races domestiques locales menacées ou à faibles effectifs : chèvre des Pyrénées, vache béarnaise, porc noir gascon, quelques ânesses… Sans oublier un beau troupeau de brebis basco-béarnaises et une bande d’oies. Quand l’ours ou le renard veulent bien les laisser tranquilles.

À la fin du printemps, tout ce monde ou presque prend la route de La Pierre-Saint-Martin. La cabane d’Arlas, au plus près de la route qui rejoint l’Espagne toute proche, est idéalement placée pour y commercialiser près de la moitié de sa production. Une foultitude de produits fermiers dont l’énumération ressemble à un inventaire à la Prévert : aligot de brebis, axoa de veau, chevreaux, coppa, et bien sûr des produits laitiers (tommes Ossau-Iraty, tommettes, lactiques), dont ce fameux greuil affiné qui plaît tant à la clientèle espagnole.

Depuis sa plus jeune enfance, Cédric Pucheu savait qu’il reprendrait la ferme familiale. En 2008, il y rejoint sa mère. La petite exploitation, à peine 21 ha de prairies permanentes, est restée très traditionnelle. Il y poursuivra la traite à la main pendant près de 10 ans, jusqu’à ce qu’il acquière en 2018 une unité de traite mobile, qu’il utilise en hiver sur l’exploitation et l’été à l’estive.

Une volonté de transmission 

En 2020, il s’associe avec Bastien Larrat pour former un GAEC. Désormais, la ferme Récébire prend son envol. Elle fait appel à des salariés saisonniers et des stagiaires. On peut y croiser de futurs ingénieurs, ou cette jeune collégienne bordelaise qui revient passer un mois à la cabane après son stage de découverte de 3e. Ou Ewan, ce jeune irlandais qui suit la formation berger vacher transhumant du CFPPA des Pyrénées-Atlantiques.

Cédric et Bastien font partie du pool des tuteurs habilités à accueillir les futurs bergers. Côté salariat, ils sont de l’aventure de la création d’un groupement d’employeurs Aspe-Barétous, début 2024. Après un séjour sur l’estive, le salarié recruté vient de temps en temps travailler sur la ferme. Le nom de la ferme Récébire vient-il du béarnais “recebe”, c’est-à-dire recevoir ? On est vraiment tenté de le croire.

Le GAEC est également engagé dans de multiples démarches collectives : association de défense de la vache béarnaise, de la chèvre des Pyrénées, AOP Ossau-Iraty, Contrôle laitier. Membre de l’AETVB, l’association des éleveurs transhumants du Béarn, il ouvre chaque été son estive lors de l’opération Cabanes ouvertes. Deux à trois fois, il accueille jusqu’à 80 personnes qui assistent en direct à la traite, la fabrication du fromage et du greuil. C’est aussi avec l’AETVB qu’il envoie une partie du troupeau, antenaises et vides, en transhumance hivernale dans les vignobles du Bordelais. Enfin, il a rejoint, à quelques kilomètres de son exploitation, la toute nouvelle Conserverie du Barétous, où il peut faire découper ses viandes et cuisiner ses plats.

Marchés de producteurs

La ferme Récébire est membre du réseau Bienvenue à la ferme. Elle n’hésite pas à inviter d’autres producteurs (vins, miels, …) en organisant un véritable marché dans la cour de la ferme d’Issor. Après un premier marché en 2022, Cédric Pucheu récidive avec une nouvelle expérience d’accueil, ce samedi 28 décembre toute la journée. Au menu, un marché de producteurs, une immersion dans l’arche de Noé pour petits et grands, un repas avec les produits de la ferme et une après-midi contée avec Serge Mahourat, venu de la commune voisine de Cette-Eygun. Une belle animation pour la petite commune d’Issor, enclavée dans les premiers contreforts pyrénéens, historiquement rattachée au Barétous, mais toute aussi tournée vers la vallée d’Aspe.

Toutes ces initiatives et ses activités ne suffisaient sans doute pas à étancher l’énergie de l’éleveur et son engagement pour le collectif. Pour preuve, il effectue actuellement son deuxième mandat de maire. Également présent au conseil communautaire du Haut-Béarn, il n’a pas hésité à faire entendre sa voix pour défendre l’abattoir d’Oloron, après sa fermeture temporaire l’été dernier. Et si par hasard vous vous arrêtez à Issor à l’épicerie le Baluchon pour prendre un café, ou vous ravitailler, peut-être y croiserez-vous, dans un joyeux concert de clochettes, le maire traversant le village à la tête de son troupeau de brebis et de chèvres… 

J.-M. A.

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