Agriculture bio : les ambitions du ministre
L'agroécologie ne va pas éclipser la bio, dont le ministère de l'agriculture entend soutenir le développement, a assuré, le 10 avril, Luc Maurer, conseiller technique de Stéphane Le Foll.
L'agriculture bio est une voie majeure dans l'accomplissement du projet agroécologique pour la France» que porte Stéphane Le Foll, a affirmé Luc Maurer, conseiller technique du ministre de l'agriculture chargé, entre autres, de l'agriculture biologique. Il répondait, en clôture de l'assemblée générale de la Fédération nationale de l'agriculture biologique (Fnab), le 10 avril dernier à LaRochelle, à une question de Stéphanie Pageot, présidente de la FNAB, qui interpellait: «Nous sommes prêts à être le fer de lance de l'agroécologie. Est-ce que le ministre est prêt à nous soutenir dans cette démarche?»
Porteur de «messages» de la part de Stéphane Le Foll, Luc Maurer a précisé: «L'agriculture bio est pionnière, elle arrive à une phase de maturité. On va l'aider à diffuser, et on va appuyer son rôle moteur, son effet levier dans le cadre de l'agroécologie». Et de rassurer les producteurs: «L'agroécologie ne va pas éclipser la bio».
Soutenir la production
Il précisait les lignes du futur plan bio qui doit être présenté en juin. Pour développer la production, axe fort du futur plan, et dans l'objectif de doubler les surfaces en agriculture bio en 2017 par rapport à fin 2012, les mesures agro-environnementales (MAE) liées à la politique agricole commune vont être retravaillées. Un groupe de travail a d'ailleurs été mis en place le 2avril pour plancher sur le cadre national des MAE pour la prochaine programmation. Les MAE «seront développées par rapport à la programmation actuelle, notamment pour qu'elles puissent appuyer des enjeux ciblés» tels que la protection des captages d'eau potable.
Luc Maurer saluait à cette occasion le réseau de sites pilotes «eau et bio», dont la FNAB assure la coordination nationale. Mais d'autres outils retiennent l'attention du ministère, tels que des garanties bancaires pour accompagner les agriculteurs, que mettent en place certaines collectivités. «Il y a un enjeu important de structuration des filières, a poursuivi Luc Maurer, notamment en grandes cultures et pour les protéines végétales». En ce sens, le fonds avenir bio devrait être renforcé et voir sa gouvernance élargie.
Côté consommation, le ministère a réaffirmé l'objectif — déjà posé par le grenelle, mais loin d'être atteint — de 20% de bio dans la commande publique de la restauration collective d'État. Un objectif «qui s'inscrit dans la dynamique globale de l'introduction de produits locaux» dans la restauration hors foyer. Pour atteindre ces 20%, le ministère de l'agriculture cherchera notamment les moyens de faciliter la commande publique, poursuivre la formation des acteurs, sensibiliser les acteurs de l'État et de diffuser les expériences déjà lancées. Le ministère de la santé pourrait par exemple être mobilisé pour favoriser les produits bio en restauration hospitalière. Pour développer la demande, le ministère envisage également la sensibilisation, notamment des jeunes et l'exportation de certains secteurs bio.
Une recherche forte en agro-écologie
Ensuite, la recherche est un axe important du plan agroécologique en général, mais des travaux spécifiques à la bio seront nécessaires. Luc Maurer n'a pas manqué d'évoquer la formation: «On va poursuivre le développement des formations à l'agriculture biologique, des programmes et des référentiels pédagogiques», tout en réfléchissant «au fait qu'une partie des enseignants peut être confrontée à un public qui n'est pas réceptif».
En termes de gouvernance, le ministère de l'agriculture retiendra des consultations régionales menées depuis plusieurs mois, l'idée, entre autres, de créer une animation régionale de la bio, associant tous les acteurs avec le principe d'un copilotage État-région, «et peut-être l'idée que progressivement chaque région mette en place des programmes régionaux pour la bio en écho au programme national».
Enfin, l'agriculture biologique pourrait prendre une place plus importante dans le programme national de développement agricole et rural (PNDAR) financé par le compte d'affectation Casdar, pour la prochaine programmation 2014-2020, en devenant une orientation thématique à part entière, ce dont la FNAB s'est réjouie. En outre, le futur plan bio pourrait gagner en transversalité pour la période 2013-2017, en impliquant davantage les ministères de la santé, de l'éducation, de l'écologie, ainsi que de l'économie sociale et solidaire.