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30 ans de l’Histoire du maïs en Béarn retracés par Francis Théau

Francis Théau a rédigé, sous la direction du professeur Laurent Jalabert de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, deux mémoires relatant la remarquable histoire du maïs en Béarn et des hommes qui l’ont impulsée.

file-Dans deux remarquables ouvrages, l’ancien expert-comptable a passé au crible de son analyse l’histoire du maïs en Béarn de 1930 à 1960.
Dans deux remarquables ouvrages, l’ancien expert-comptable a passé au crible de son analyse l’histoire du maïs en Béarn de 1930 à 1960.

Connu pour son Histoire du Béarn qu’il a fait revivre en 2020 dans des conférences et sur les ondes de La Voix du Béarn durant 35 épisodes, l’expert-comptable Francis Théau a mis à profit sa retraite pour assumer sa passion et obtenir un master à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA). Au terme de deux ans et demi de travail, il propose deux travaux universitaires accompagnés d’illustrations et de références documentaires et bibliographiques intitulés Le maïs et le Béarn de 1930 à 1945 et Le maïs et le Béarn de 1945 à 1960 consultables dans les médiathèques béarnaises.

L’extrême Sud-Ouest est le berceau de la culture du maïs en France, une plante cultivée sur les hauts plateaux du Mexique, il y a sept mille ans, et introduite en Europe, peu après 1492, par les conquistadors de Christophe Colomb. Via le port de Séville, le maïs gagne rapidement la Castille, le Portugal, le nord-ouest de la péninsule ibérique, les pays de l’Adour et le Béarn. La culture de la céréale progresse fortement dans le Sud-Ouest jusqu’en 1850, mais la tendance s’inverse par la suite.

Dans l’entre-deux-guerres, sous l’impulsion du leader agricole et député Samuel de Lestapis, les acteurs professionnels locaux organisent à Pau, en octobre 1930, le premier congrès international du maïs. Les chambres d’agriculture des Basses-Pyrénées (dénomination de l’époque du département des Pyrénées-Atlantiques ; N.D.L.R.) et des Landes vont unir leurs efforts pour donner naissance, en 1932, à une station de génétique sur la commune de Saint-Martin de Hinx (40). Le 13 mai 1934, à Orthez, les producteurs béarnais créent l’Association générale des producteurs de maïs. Présidée par Hubert de Baillenx, l’AGPM développe le marché du maïs semence qui intéresse une clientèle située dans les régions du centre et du nord-est de la France. La Jeunesse agricole catholique (JAC), et le mouvement de la Jeunesse syndicaliste et sociale agricole (JSSA) soutiennent les actions de promotion de la céréale.

En 1949, Louis Bidau prend la direction de l’AGPM et un nouveau congrès international se tient à Pau en décembre 1949. À sa clôture, les acteurs locaux et nationaux décident d’engager la révolution du maïs hybride. En effet, à l’époque, on semait “le grand roux basque”, “le doré de Gomer”, “le blanc de Chalosse” ou encore “la millette de Lauragais” et la sélection des semences se faisait à partir des plus beaux épis.

Louis Bidau et la révolution hybride

Pour mener à bien cette révolution, Louis Bidau est entouré de son fidèle collaborateur Jacques Etchebarne, de Louis Saint-Martin, jeune et dynamique directeur des services agricoles du département, et d’Hubert Buchou. Après une phase initiale d’expérimentation, une mission maïs comprenant plusieurs Béarnais s’envole en août 1951 pour les États-Unis. Durant six semaines, le groupe découvre la zone du Corn Belt américain. Dès lors, la révolution du maïs hybride s’engage sur tous les fronts : changement des pratiques culturales, mécanisation, spécialisation… La Fédération nationale des producteurs de semences de maïs (FNPSM) est constituée à Toulouse en janvier 1950. En décembre 1954, Pierre Mendès-France, président du Conseil des ministres inaugure à Billère (64), une station de séchage et de conditionnement des semences de maïs à la pointe du progrès technique de l’époque.

La production, le stockage, le séchage et la vente de semences sont réglementés. Béarnais et Landais construisent des matériels dédiés au maïs, tels que semoirs et corn-pickers, les exploitations s’équipent de cribs pour le séchage et le stockage de la céréale. Louis Saint-Martin lance le vaste chantier du défrichement et plusieurs dizaines de milliers d’hectares sont gagnées sur les touyas, notamment dans la zone du Pont-Long, au nord de Pau. L’AGPM s’engage pleinement dans l’extension de la culture du maïs au-delà des limites du Sud-Ouest.

De son côté, la Coopérative agricole de céréales du bassin de l’Adour (CACBA) renforce ses installations de Billère, lesquelles reçoivent en février 1959 la visite de Charles de Gaulle, élu deux mois plus tôt président de la République, et celle de Nikita Khrouchtchev, président de l’URSS, en mars 1960. À la même époque, les coopératives et les négociants du bassin de l’Adour créent ensemble la SICA Maïsica, pour construire un silo sur la rive droite du port de Bayonne, en vue des exportations.

En une quinzaine d’années, bousculant tous les stéréotypes réducteurs affectant le monde rural, les petits paysans rassemblés derrière Louis Bidau ont réussi le pari de la révolution hybride. Héritière de la CACBA, la coopérative agricole et agroalimentaire Euralis sise à Lescar (64), est présente aujourd’hui dans seize pays et emploie plus de cinq mille collaborateurs.

S’il a pris beaucoup de plaisir dans la recherche de documents — principalement dans les archives du Sillon — et dans l’écriture de son ouvrage, Louis Théau met l’accent sur le rôle majeur des Béarnais dans le développement de cette plante emblématique de la région. Autour de Louis Bidau, «le père du maïs» et personnage central de l’agriculture béarnaise, ils ont su fédérer le pouvoir politique et l’ensemble de la filière française. «Pour leur rendre hommage, on pourrait ajouter un ou deux épis de maïs au blason du Béarn» suggère l’historien du maïs.

Gilbert Delahaye

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