Territoires : des services au plus près de tous
Les troisièmes Assises dédiées à la notion de «proximité» se sont tenues tout dernièrement à Paris: l'occasion de constater que, dans les régions, les citoyens et les acteurs font preuve de réflexion et d'ingéniosité malgré des normes qui ne sont pas forcément adaptées à l'échelon du petit village.
Peu nombreux sont les sujets qui font consensus, mais la proximité en est un. «Apporter le même confort aux citoyens, qu'ils soient en milieu rural ou en grand centre urbain, orienter la consommation vers les produits locaux sont bien des préoccupations partagées par l'ensemble des élus et des responsables locaux. Avec un souci permanent pour le coeur du village ou pour celui des villes: les commerces». C'est en ces mots que Jacques Marceau, co-fondateur du Manifeste de la proximité, a ouvert les troisièmes assises de la proximité, le 11 avril dernier à la Maison de la chimie à Paris.
Cette proximité, chère aux citoyens, est souvent aussi porteuse de lien social et de vie économique. Or, dans un XXIesiècle où les notions de proximité et de mobilité sont bouleversées au jour le jour par les technologies de l'information, gérer des échanges et des flux physiques vers l'intérieur et l'extérieur des centres villes ou des coeurs de villages est un véritable défi à quiconque s'intéresse aux questions d'aménagement du territoire et au concept du vivre ensemble.
Réflexions en amont
Première intervenante dans ces assises, l'élue brestoise Frédérique Bonnard Le Floc'h. Pour elle, pour espérer «réussir» sa proximité, il faut la penser en amont des projets d'aménagement et en concertation avec l'ensemble des populations et des acteurs. C'est aussi une question d'échelle et de hiérarchie. Car réfléchir à l'aménagement, c'est réfléchir aux liens qui existent ou que l'on veut créer entre un bassin de population et la ville, entre des activités économiques et des besoins humains, entre la ville et sa périphérie, entre la campagne et la ville.
Des notions importantes mais qui se relativisent selon que l'on se situe en zone plutôt citadine ou rurale. «La proximité à l'échelon de mon village, c'est d'abord le maintien de services dont l'habitant a besoin mais qui périclitent avec la disparition des petits commerces du centre du bourg. Si vous avez ajouté à cela l'implantation d'une grande surface pas très loin, c'en est fini du commerce de proximité» affirme Jean Girardon, maire de Mont-Saint-Vincent, une commune de 400 habitants en Saône-et-Loire.
Une réglementation inadaptée
Cet élu précise aussi que l'une des problématiques majeures est l'adaptation des normes, décidées au niveau européen, à l'échelon du petit village. Et de citer l'exemple du boulanger qui a baissé son rideau car la norme européenne sur les fours à cuire le pain lui imposait un investissement de plusieurs dizaines de milliers d'euros pour une centaine de clients réguliers. «Alors oui, il existe des réponses avec la multifonctionnalité des lieux. Mais on doit aussi se poser la question cruciale de la gestion des transports et du coût de l'énergie, de plus en plus prégnante dans un schéma d'aménagement». Pour l'heure, l'urbanisme est assez impuissant pour répondre à cette question.
Jean Girardon voit trois outils pour concilier aménagement et proximité: «La planification stratégique du territoire, l'action sur les infrastructures dont celles de communication avec le très haut débit et enfin l'action normative au niveau national et européen». En fait, s'occuper de proximité aujourd'hui pour les élus ruraux revient à «gérer l'éparpillement du territoire pour trouver un minimum de communauté» résume ce maire. Un des points qui a fait l'unanimité pendant toutes ces interventions est celui de la «concertation, absolument nécessaire entre les élus, les partenaires économiques et les citoyens».
Minibus et gares de campagne
Illustration par l'exemple: comment arriver à assurer un ramassage scolaire efficace en diminuant le budget qui y est consacré. En consultant un ensemble de parties prenantes et en associant des bénévoles à cette démarche, une petite commune a montré qu'elle pouvait substituer des minibus aux gros autocars employés jusqu'alors tout en s'appuyant sur ces bénévoles qui assurent certaines liaisons et points de garde des enfants en attendant la venue des parents. L'action des bus se concentre sur les élèves les plus éloignés, les bénévoles prenant en charge les enfants du bourg même.
Pour illustrer, non sans humour, ces soucis de cohérence entre des services nouveaux et la réalité de terrain, Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France, a utilisé la présence d'un autre colloque dans les mêmes locaux que ceux des Assises: la numérisation des gares. «Numériser les gares en France, c'est super mais nous, ce qu'on aimerait voir d'abord dans les gares de campagne, ce sont des trains qui s'y arrêtent!». Il évoquait aussi le cas de sa commune où l'agriculteur doit s'y reprendre à trois fois avant de pouvoir valider sa télédéclaration parce que faute de haut débit, sa procédure a été interrompue à plusieurs reprises.
Un aménagement du territoire doit répondre aux attentes de ce territoire: «Il nous faut donc faire savoir que les populations rurales ont les mêmes besoins et envies que les autres». Vanik Berberian fait de l'installation du très haut débit partout sur le territoire avant la fin du mandat présidentiel (comme le candidat Hollande s'y était engagé) la priorité des maires ruraux.
Thierry Michel
TélécentresDepuis 2006, les télécentres se développent en milieu rural, comme le rapportent nos confrères du Journal des Maires dans leur numéro de mars 2013. Sur les 55 télécentres recensés en France, 56% sont situés dans des villes de moins de 5.000 habitants.
L'article donne plusieurs exemples d'installations réussies comme dans la communauté de communes de Murat (Cantal), dans le département de l'Orne ou encore à Althen-des-Paluds dans le Vaucluse (projet en cours), sans masquer les difficultés et les points sensibles.
En milieu rural, ces télécentres attirent des télétravailleurs privés, auto-entrepreneurs, indépendants ou salariés. Les initiatives en zone rurale sont quasi exclusivement d'ordre public.Quaternaire
Pour Michèle Debonneuil, administratrice de l'Insee, la notion nouvelle d'économie du quaternaire doit intégrer les réflexions sur l'aménagement du territoire. Il s'agit d'une économie où le bien et le service vont vers le consommateur et non l'inverse. Cette notion dépasse les secteurs du secondaire et du tertiaire.
L'article donne plusieurs exemples d'installations réussies comme dans la communauté de communes de Murat (Cantal), dans le département de l'Orne ou encore à Althen-des-Paluds dans le Vaucluse (projet en cours), sans masquer les difficultés et les points sensibles.
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