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Revenu agricole : du mieux, après la catastrophe de 2016

Malgré des résultats meilleurs qu’en 2016, avec une hausse de 22,2% selon les comptes provisoires de la Commission des comptes de l’agriculture de la nation, les agriculteurs n’arrivent toujours pas à tirer un revenu digne de leur métier et souffrent de l’instabilité des cours.

file-Après une année 2016 catastrophique, «la valeur de la production de céréales se redresse fortement», indique l’Insee, même si les cours sont encore bas…
Après une année 2016 catastrophique, «la valeur de la production de céréales se redresse fortement», indique l’Insee, même si les cours sont encore bas…

Le revenu agricole repart à la hausse en 2017. C’est ce qu’indiquent les statistiques prévisionnelles de l’Insee, présentées le 14 décembre à la commission des comptes de l’agriculture de la nation. Après une année 2016 catastrophique, le revenu net de la branche agricole par actif non salarié serait en hausse de 22,2%. Le résultat net de la branche agriculture devrait atteindre 14,2 milliards d’euros, alors qu’il frôlait péniblement les 11,8 milliards en 2016. Si l’économie agricole semble repartir à la hausse, celle-ci est cependant insuffisante pour compenser la catastrophe de 2016. Le résultat net de la branche agriculture reste inférieur à celui de 2015 (15,5 milliards).

Si l’on regarde les données brutes, c’est-à-dire le revenu de la branche agricole par actif non salarié avant déduction des charges, la hausse est moindre (+13%) ; signe que les charges ont diminué. «Les charges des agriculteurs se réduisent pour la quatrième année consécutive», précise l’Insee. À noter, par exemple, le recul des taux d’intérêt (- 2,42%) ou des charges locatives nettes (- 3%).

Depuis quelques années, le ministère de l’agriculture se refuse à publier des chiffres par orientation technico-économique des exploitations. Une décision qui avait fait suite au vif débat suscité par des écarts de statistiques énormes entre les chiffres prévisionnels et les résultats consolidés. Cependant, les chiffres fournis par l’Insee, sur la valeur de la production (hors subvention) par secteur, donnent des pistes sur la santé économique des différentes filières agricoles. Dans son ensemble, la production nationale agricole atteindrait 71,1 milliards d’euros, en hausse de 2,4%, après une baisse de 6,6% en 2016.

Après une année 2016 catastrophique, «la valeur de la production de céréales se redresse fortement», indique l’Insee : elle enregistre une hausse de 25% après un recul de 31,3% en 2016. Ce redressement est imputable à la hausse des volumes (+26,4%), les prix étant de leur côté en recul de 1,1%. «La progression est également très marquée pour les oléagineux avec une récolte historique pour le colza et le tournesol», affirme l’Insee. Ainsi, malgré un recul des prix, la valeur totale de la production d’oléagineux affiche une hausse de 15,6% et celle des protéagineux augmente de 13,7%.

Production animale : des prix en hausse

La filière laitière a profité de «la hausse exceptionnelle du prix du beurre en 2017», commente l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture. Et en effet, malgré une production stable en volume, la filière lait et produits laitiers enregistre une hausse de 14% de la valeur de sa production. Le même phénomène, à moindre échelle, s’observe pour le bétail : la production recule légèrement en volume (- 2,2%) mais profite de la hausse des prix (+3,4%). La production porcine tire son épingle du jeu : la hausse des prix (+6%) entraîne une augmentation de la production, en valeur, de 2,8%.

Quant à la filière bovine, elle profite du mieux dans le secteur laitier : la concurrence avec les vaches laitières réformées s’apaise et permet une remontée des prix de la viande bovine. Enfin, en volaille, le constat est le même : les volumes en recul (- 1,3%) sont largement compensés par la hausse des prix (+5,1%).

Si 2017 devrait ressembler à 2016 pour la filière fruits, avec une hausse des volumes de 2% qui compense parfaitement le recul des prix, ça n’est pas le cas pour les légumes. Les prix, en recul de 7%, handicapent une production pourtant restée stable en volume. Enfin, la filière vinicole voit la valeur de sa production reculer de 9,2%. Un second recul consécutif après une baisse de 6,8% en 2016. En cause, un recul des volumes de 12,2% suite à des conditions météo «particulièrement défavorables».

L’agriculture française semble se redresser quelque peu en 2017. Mais ce rebond ne compensera pas une année 2016 catastrophique. En prenant un peu de recul, on s’aperçoit que les filières qui rebondissent en 2017 sont simplement celles qui avaient touché le fond en 2016. On comprend mieux pourquoi les syndicats agricoles ont bien du mal à se réjouir (lire ci-contre).


Réactions : Une année de «rattrapage»

» L’APCA demande de la «stabilité» pour les revenus agricoles -  À la lecture des comptes de l’agriculture de l’année 2017 parus le 14 novembre, l’APCA (chambres d’agriculture) constate, dans un communiqué, que l’agriculture subit «depuis une dizaine années […] des variations de revenu de grande ampleur, toujours préjudiciables à la prise de décision en matière d’investissement ou d’emploi» et elle rappelle que «les agriculteurs ont besoin de stabilité».
Pour l’APCA, «il faut éviter que le revenu des agriculteurs ne joue le rôle de variable d’ajustement d’une économie agricole devenue instable». Ainsi, le sursaut constaté apparaît «bien précaire» aux yeux des chambres d’agriculture, «dans un contexte où les prix s’inscrivent dans un cycle baissier» et dans lequel «le libre-échange se généralise par la voie des accords commerciaux préférentiels, ouvrant davantage le marché européen aux productions canadiennes, ukrainiennes, demain celles du Mercosur».

» La FNSEA décrit une ferme France toujours fragile - Après la parution des comptes de l’agriculture, la FNSEA alerte, dans un communiqué le 14 décembre, sur la signification de la hausse du résultat agricole en 2017, après une année catastrophique en 2016. «Une fausse bonne nouvelle» pour la FNSEA qui estime que «la France, qui se remet à peine des crises qu’elle a affrontées ces deux dernières années, n’est toujours pas en mesure de renouer avec les investissements qui risquent de reculer pour la cinquième année consécutive».
Le syndicat fait également référence aux États généraux de l’alimentation qui vont se conclure ; la FNSEA appelle le gouvernement à faire respecter la Charte d’engagement sur la répartition de la valeur.

» Les éleveurs de porcs refusent d’être «les grands gagnants» - Faisant référence à un article du Monde, qui qualifiait les éleveurs de porcs de «grands gagnants» des comptes de l’agriculture 2016 et 2017, la Fédération nationale porcine s’insurge : «Mais grands gagnants de quoi ? Du droit de vivre de leur métier enfin, après 10 ans de crise et une perte de 10% de la production ?».
Dans son communiqué, la FNP rappelle que, pour bon nombre d’éleveurs, «l’amélioration de la conjoncture a essentiellement permis de renflouer les pertes des années précédentes, et cela n’a pas suffi pour tous». Pour l’année 2016, la FNP met d’ailleurs en avant la forte disparité des résultats publiés, «avec des revenus encore négatifs pour une part des éleveurs de porcs», et un très fort recul de l’investissement.

» Des chiffres en trompe l’œil, affirme l’AGPB - «Depuis 20 ans, nous n’avons jamais constaté une situation financière aussi inquiétante dans nos exploitations céréalières françaises, explique Philippe Pinta, président de l’AGPB (producteurs de blé). 55% des exploitations céréalières perdent de l’argent suite à une récolte nationale 2016 catastrophique». L’AGPB souligne que le résultat moyen après cotisations sociales de ces exploitations atteint un niveau historique de -13.000 euros. «Et la récolte 2017 ne compensera pas les pertes de l’année 2016, en raison des prix toujours très bas», commente le syndicat.

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