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Culture
Quand le thé prend racine au Pays Basque

Mylène Dupuy Althabegoity, qui a quitté l’enseignement de la physique pour l’apprentissage de la culture du thé, partage sa passion en accueillant du public sur son exploitation.

© F. B. - Le Sillon

Pas grand-chose ne prédestinait Mylène Dupuy Althabegoity à devenir productrice de thé sur les hauteurs de Sainte-Engrâce, au cœur du Pays basque. Sauf peut-être des histoires d’amour. Originaire de Pau, cette enseignante de sciences physiques est arrivée sur le territoire souletin de son époux il y a quelques années. «Il a réussi petit à petit à m’y amener» sourit-elle. Le couple est devenu propriétaire d’une maison sur les coteaux de Sainte-Engrâce suite à une proposition sortant de l’ordinaire. «On nous a dit, si vous prenez l’ensemble du terrain qui y est attaché on vous fait un prix très avantageux.» Le genre de proposition suffisamment rare pour la laisser passer. D’autant plus que ce cadre «au bout du monde» est idyllique.

Situé en altitude avec pour seul vis-à-vis la montagne souletine, ce havre de paix appelle à la méditation et au repos. Mais pas pour Mylène, qui ne peut se résoudre à quelconque inactivité et encore moins à laisser son imposant terrain à l’abandon. Heureux hasard du calendrier, ou signe du destin, durant la même période que l’acquisition de la maison, le couple part pour un voyage en terre nippone. «Au Japon j’ai vu tous ces théiers et j’ai trouvé des similitudes entre les deux paysages. Donc je me suis dit pourquoi ne pas partir sur les théiers ? J’ai alors commencé à me renseigner et j’ai appris que faire pousser des théiers sur nos terres était dans le domaine du possible.»

Une terre propice

Ainsi, après l’amour pour son mari, Mylène va se lancer dans une aventure liée à son amour pour cette spécialité désaltérante. «Le thé est en fait du camellia sinensis qui a besoin pour pousser d’une terre acide, beaucoup d’eau et un terrain en pente. Et ici on a tout ce qu’il faut» explique-t-elle. En 2020, elle décide de tenter le coup avec 500 plants. «Une immense majorité a résisté, donc je suis monté en puissance les années suivantes.» Au point, aujourd’hui, de compter pas moins de 4 000 plants. Un théier produit jusqu’à 20 grammes de thé sec. Le calcul est vite fait, lorsque tous les plants seront parvenus à maturité, Mylène sera à la tête d’une production potentielle de 80 kg de thé par an.

Adieu donc les livres et cahiers scolaires pour Mylène, et bonjour l’entreprenariat agricole, puisqu’elle se transforme en une véritable cheffe d’entreprise, multifonction. En effet, ne se contentant pas de faire pousser et de récolter, elle va elle-même produire le produit fini, après avoir investi dans un «atelier dédié» et toujours sur place. Ainsi Mendikotea est réalisé à 100% sur l’exploitation familiale.

Pour tous les goûts

Et il y en a pour tous les goûts. «Avec les feuilles de thé, on peut produire les six couleurs de thé : blanc, noir, vert, oolong, jaune et les thés sombres. C’est juste la façon de travailler la feuille qui sera différente pour donner la teinte désirée.» Après avoir passé des années à enseigner, c’est à présent elle qui se forme sans cesse. «J’ai commencé par apprendre le métier de productrice, ensuite il a fallu apprendre à transformer, j’ai donc appris un deuxième métier avec ma première production cette année et à présent je commence la commercialisation, donc j’entame un troisième métier simultané.»

Des cordes, l’arc de Mylène n’en manque pas. «Lorsque je suis arrivé en Soule, c’était compliqué de trouver un poste de professeur de physique, donc je me suis mis en disponibilité et en ai profité pour passer un CAP d’électricienne, de quoi bien aider en cas de panne sur les machines liées à la transformation, la récolte étant exclusivement manuelle.» Cerise sur le gâteau basque, elle a même dû apprendre quelques mots de japonais. «Je suis retourné là-bas pour me former à la culture du thé et comme ils ne parlent que très peu l’anglais, il a bien fallu que je me mette à l’apprentissage du japonais !»

Si pour l’heure on ne peut trouver son thé que chez Kikeran à Saint-Jean-de-Luz ou directement sur place, Mylène Dupuy Althabegoity envisage de créer un site internet… Histoire d’apprendre un nouveau métier.

Fabrice Borowczyk

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