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Pratique culturale : le chaulage à  la loupe

L'apport d'amendements basiques permet de compenser la dégradation des sols.

L'acidification des sols est un phénomène naturel, fonction du type de sol, de la culture et des conditions climatiques, mais qui peut être accentué par les pratiques, notamment l'utilisation d'engrais ammoniacaux et l'absence d'apports de matières organiques. Cette acidification, alors souvent associée à  une instabilité de structure du sol, augmente les risques de carences pour les cultures et de pertes de rendement. L'apport d'amendements basiques permet de compenser ces dégradations.

Le chaulage : pour quoi faire ?

Ces amendements basiques apportent en effet du calcium (Ca) et/ou du magnésium (Mg), ainsi que des bases. Ces dernières neutralisent l'acidité du sol et influencent le pH, Ca et Mg contribuent à  nourrir la végétation ; le tout conjointement (bases et Ca/Mg) permet de stabiliser la structure du sol.  Conséquences : les circulations de l'air et de l'eau dans le sol sont facilitées, l'activité biologique est améliorée, l'enracinement est meilleur, les éléments fertilisants (NPK notamment) sont plus disponibles, au contraire de certains métaux (aluminium, cuivre, manganèse) potentiellement toxiques en dessous de pH 5,5. En prairies, les espèces d'intérêt fourrager (les bonnes graminées et les légumineuses) sont favorisées.

Comment savoir s'il faut chauler ?

Plusieurs signes peuvent indiquer une acidité trop importante et/ou un défaut de structure du sol : le sol se ressuie et se ré-humecte lentement, est sensible à  la sécheresse et a tendance à  la compaction ; les matières organiques se décomposent mal ; le rendement baisse malgré une fertilisation correcte  L'analyse de terre permet de compléter les observations de terrain. Le pH et les taux de saturation (totale, en Ca et en Mg) de la CEC1 sont les indicateurs rendant compte du besoin de chauler. L'objectif est d'atteindre ou de maintenir le taux de saturation de la CEC supérieur à  70 %, soit un pH d'au moins 5,5 à  6 (lire aussi article en page ci-contre sur les analyses de sol).

Quel type de produit ?

Deux grands types d'amendements sont disponibles : les carbonates, d'origine naturelle, dont fait partie la dolomie, et les oxydes, comme la chaux, obtenus par cuisson. Chaque produit de ces deux familles est caractérisé par sa valeur neutralisante, qui est la teneur en CaO (oxyde de calcium) efficace, et sa rapidité d'action, appréciée par sa solubilité carbonique et sa finesse de mouture. Les formes oxydées sont le plus facilement assimilées. L'action des carbonates, surtout s'ils sont grossiers, est plus progressive.  Le choix du produit dépend principalement de deux paramètres : le niveau d'acidité du sol, lié au pH et aux taux de saturation de la CEC, qui définit l'urgence de l'effet recherché et conditionne la rapidité d'action ; et le type de sol : plus ou moins argileux ou sableux, ou riche en matières organiques, ce qui va définir la « taille » de la CEC.  En sols sableux, il est ainsi préférable d'apporter les formes crues ou d'effectuer des épandages modérés et répétitifs de chaux plutôt que d'apporter une dose massive en une seule fois. Ces précautions permettent d'éviter le lessivage des formes les plus solubles (les produits cuits ou ceux à  forte solubilité carbonique). Celles-ci sont plus adaptées aux sols lourds, à  forte teneur en argiles. Entre ces extrêmes, la forme chimique de l'amendement (crue ou cuite) est peu critique. Le prix du produit, ramené à  l'unité neutralisante, et le besoin du sol en magnésie, sont aussi des critères à  considérer. En chaulage d'entretien, les carbonates grossiers sont le plus souvent suffisants. Ils ne sont en effet pas lessivables et ils ne risquent pas d'entraîner des phénomènes de blocage d'absorption des éléments fertilisants.

Quand et comment ?

Les amendements basiques doivent être apportés en dehors des périodes froides, sur des sols ressuyés. Si chaulage et fertilisation organique sont prévus à  la même époque, il est préférable de chauler 2 à  3 semaines avant tout apport d'effluent, pour éviter des pertes d'azote par volatilisation.  De plus, les amendements n'agissent que dans la mesure où ils sont répartis dans la couche du sol prospectée par les racines. Les pluies, en dissolvant les particules, favorisent la pénétration du calcium en profondeur ; ce phénomène est cependant d'autant plus lent que le produit est grossier ou/et peu soluble, aussi est-il préférable, quand c'est possible, de travailler la parcelle amendée de façon superficielle juste après l'apport.

Cas particuliers des prairies

La végétation prairiale supporte plus facilement les sols acides que les grandes cultures. Un entretien calcique peut cependant être envisagé pour assurer la production et la pérennité des prairies, et limiter l'installation d'espèces de faible productivité et de qualité médiocre : végétation acidophile comme les fougères, rumex, ajoncs ; voire flore hydrophile, telle que la houlque, les renoncules, les joncs et les carex. Il est de même recommandé de faciliter le contact de l'amendement avec le sol par griffage ou hersage, après le chaulage, ce qui contribuera en plus à  l'aération de la couche superficielle.  Les amendements basiques ne sont cependant pas l'unique moyen de combattre l'acidité du sol. D'autres techniques agissent dans le même sens, en réduisant les causes de l'acidification : le drainage, les couverts végétaux favorisant l'infiltration permettent d'éliminer les excès d'eau et d'oxygéner le sol ; les couverts hivernaux limitent le lessivage ; l'emploi de fumiers et de composts, en enrichissant le sol en matières organiques, apportent en plus des quantités de calcium non négligeables  La CEC (capacité d'échange cationique), dépendante des teneurs en argiles et en matières organiques, est la capacité d'un sol à  retenir de façon réversible les ions positifs. La plupart des éléments fertilisants et des métaux sont sous cette forme. Contact : Marie-Claude Mareaux, chambre d'agriculture des Pyrenees-Atlantiques mc.mareaux@pa.chambagri.fr Tél. : 05.59.80.69.92
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