Plus bio que bio en 2050 ?
L'agronome Marc Dufumier et le journaliste Claude-Marie Vadrot, par leurs propos sans concessions, ont bousculé l'auditoire de l'assemblée générale de l'Arbio.
L'assemblée générale d'Arbio Aquitaine (association interprofessionnelle au service des opérateurs bio de la région) organisée le mardi 15 juin au chàteau d'Aubiac dans le Lot-et-Garonne, a été l'occasion d'un débat militant sur « la place et le rôle du bio dans l'agriculture durable : regards agronomes, regards consommateurs ». Marc Dufumier, directeur de l'UFR agriculture comparée et développement agricole à AgroTech Paris, n'y va pas par quatre chemins : « je n'ai aucun doute sur le fait que l'agriculture bio pourra nourrir la planète en 2050 ».
L'intensif à la mode bioSelon cet agronome, pour relever ce défi, il faut en urgence abandonner les « errements du passé », provoqués « par les grands semenciers pour des affaires de gros sous ». Et la liste des griefs est longue à commencer par la recherche génétique uniquement basée sur le haut potentiel de rendement photosynthétique à l'hectare et la priorité aux économies d'échelle, « sources de produits standards, sans aucune prise en compte des coûts environnementaux ».
En lieu et place, l'agronome, membre de la fondation Nicolas Hulot, prône la mise en oeuvre de nouveaux systèmes « agro-écologiquement intensifs » à savoir faisant un usage le plus soutenu possible des ressources naturelles renouvelables : énergie solaire, mais aussi carbone et azote de l'air. « Il nous faudra rétablir les associations culturales et les couvertures végétales permanentes, replanter des haies, favoriser la fixation biologique de l'azote par la culture de légumineuses et de protéagineux, accroître le taux d'humus et lutter contre l'érosion des sols »
Mais, s'il est convaincu du possible développement de ces solutions techniques de culture, il s'avoue moins optimiste quant aux modifications des politiques agricoles qui devraient, selon lui, les accompagner. Il faut « des droits de douane sur l'importation de protéagineux et des quotas sur nos productions excédentaires comme la poudre de lait ». Un discours qui, s'il a bien quelques partisans, n'est pas majoritaire. Ni au sein de l'Organisation mondiale du commerce, ni, il le reconnaît, auprès de ses collègues agronomes. Mais selon lui, « ce n'est qu'en se donnant de grands objectifs, qu'on pourra parvenir à s'en approcher ».
Face à cette intervention engagée, certains agriculteurs bio de l'assistance ont tenu à rappeler le caractère d'après eux « utopiste » d'une agriculture 100 % bio pouvant nourrir 9 milliards d'habitants à l'horizon 2050. « Ne serait-ce qu'au regard du rendement du bio par rapport au conventionnel, on ne pourra pas nourrir tout le monde ».
De son coté, Claude-Marie Vadrot, journaliste à l'hebdomadaire Politis et au journal sur Internet Mediapart, est tout aussi direct et bouscule lui aussi son auditoire en posant « les questions qui dérangent » aux acteurs de la filière. « L'agriculture bio doit-elle rester une alimentation de niche, donc de riches ? Ou bien comptez-vous la faire évoluer vers une production de masse, avec le risque de perdre la qualité ? » demande-t-il sans détour.
Trop de labels Jouant son rôle de consommateur, il questionne sur « l'incompréhensible » prix du bio, qui n'est « nulle part le même », sur les réseaux de distribution — priorité aux magasins spécialisés ou aux grandes surfaces ? — ou bien encore sur la vocation de l'agriculteur bio à éduquer des consommateurs au bon goût, plutôt qu'au beau produit.
Mais c'est en abordant la question des labels, qu'il touche la corde sensible de l'assistance : « Il a fallu 25 ans pour que 80 % des Français connaissent le logo AB, alors ne cherchez pas à le gàcher par une profusion d'autres labels. Arrêtez d'inventer des labels, c'est une erreur de communication ! ». Au vu de la réaction de la salle, les producteurs bio, ne sont pas prêts à se soumettre à cette idée. Ils plaident que les labels soulignent la spécificité de leurs produits. En réponse, Claude-Marie Vadrot ironie « si vous croyez que les consommateurs prennent la peine de lire toutes les étiquettes ! »
Au total, une après-midi placée sous le signe d'interventions très militantes sur l'avenir de la filière bio, qui, à défaut d'avoir convaincu l'auditoire, auront au moins eu le mérite d'ouvrir la réflexion et les idées hors des sentiers battus.
Solène Méric L'Aquitaine en pointeCe n'est pas sans une certaine satisfaction que Patrick Grizou, le président d'Arbio, a tenu à rappeler à son auditoire, les bons scores de l'agriculture bio en Aquitaine. « On note une augmentation record du nombre d'exploitations en bio de 25, 4 % en Aquitaine et une augmentation des surfaces de 23 %. » Une satisfaction d'autant plus justifiée que les premières estimations de l'année 2010 montrent que la dynamique s'accentue de plus en plus. En effet, « depuis janvier, il y a eu 500 dépôts de dossier MAE (mesure agri-environnementale), contre 159 en 2009 ! Nous dépasserons allégrement les 2000 exploitants bio en Aquitaine ! » Une analyse chiffrée, non sans intérêt au regard du débat de l'après-midi « La place et le rôle du bio dans l'agriculture durable : regards agronomes, regards consommateurs ».
L'intensif à la mode bioSelon cet agronome, pour relever ce défi, il faut en urgence abandonner les « errements du passé », provoqués « par les grands semenciers pour des affaires de gros sous ». Et la liste des griefs est longue à commencer par la recherche génétique uniquement basée sur le haut potentiel de rendement photosynthétique à l'hectare et la priorité aux économies d'échelle, « sources de produits standards, sans aucune prise en compte des coûts environnementaux ».
En lieu et place, l'agronome, membre de la fondation Nicolas Hulot, prône la mise en oeuvre de nouveaux systèmes « agro-écologiquement intensifs » à savoir faisant un usage le plus soutenu possible des ressources naturelles renouvelables : énergie solaire, mais aussi carbone et azote de l'air. « Il nous faudra rétablir les associations culturales et les couvertures végétales permanentes, replanter des haies, favoriser la fixation biologique de l'azote par la culture de légumineuses et de protéagineux, accroître le taux d'humus et lutter contre l'érosion des sols »
Mais, s'il est convaincu du possible développement de ces solutions techniques de culture, il s'avoue moins optimiste quant aux modifications des politiques agricoles qui devraient, selon lui, les accompagner. Il faut « des droits de douane sur l'importation de protéagineux et des quotas sur nos productions excédentaires comme la poudre de lait ». Un discours qui, s'il a bien quelques partisans, n'est pas majoritaire. Ni au sein de l'Organisation mondiale du commerce, ni, il le reconnaît, auprès de ses collègues agronomes. Mais selon lui, « ce n'est qu'en se donnant de grands objectifs, qu'on pourra parvenir à s'en approcher ».
Face à cette intervention engagée, certains agriculteurs bio de l'assistance ont tenu à rappeler le caractère d'après eux « utopiste » d'une agriculture 100 % bio pouvant nourrir 9 milliards d'habitants à l'horizon 2050. « Ne serait-ce qu'au regard du rendement du bio par rapport au conventionnel, on ne pourra pas nourrir tout le monde ».
De son coté, Claude-Marie Vadrot, journaliste à l'hebdomadaire Politis et au journal sur Internet Mediapart, est tout aussi direct et bouscule lui aussi son auditoire en posant « les questions qui dérangent » aux acteurs de la filière. « L'agriculture bio doit-elle rester une alimentation de niche, donc de riches ? Ou bien comptez-vous la faire évoluer vers une production de masse, avec le risque de perdre la qualité ? » demande-t-il sans détour.
Trop de labels Jouant son rôle de consommateur, il questionne sur « l'incompréhensible » prix du bio, qui n'est « nulle part le même », sur les réseaux de distribution — priorité aux magasins spécialisés ou aux grandes surfaces ? — ou bien encore sur la vocation de l'agriculteur bio à éduquer des consommateurs au bon goût, plutôt qu'au beau produit.
Mais c'est en abordant la question des labels, qu'il touche la corde sensible de l'assistance : « Il a fallu 25 ans pour que 80 % des Français connaissent le logo AB, alors ne cherchez pas à le gàcher par une profusion d'autres labels. Arrêtez d'inventer des labels, c'est une erreur de communication ! ». Au vu de la réaction de la salle, les producteurs bio, ne sont pas prêts à se soumettre à cette idée. Ils plaident que les labels soulignent la spécificité de leurs produits. En réponse, Claude-Marie Vadrot ironie « si vous croyez que les consommateurs prennent la peine de lire toutes les étiquettes ! »
Au total, une après-midi placée sous le signe d'interventions très militantes sur l'avenir de la filière bio, qui, à défaut d'avoir convaincu l'auditoire, auront au moins eu le mérite d'ouvrir la réflexion et les idées hors des sentiers battus.
Solène Méric L'Aquitaine en pointeCe n'est pas sans une certaine satisfaction que Patrick Grizou, le président d'Arbio, a tenu à rappeler à son auditoire, les bons scores de l'agriculture bio en Aquitaine. « On note une augmentation record du nombre d'exploitations en bio de 25, 4 % en Aquitaine et une augmentation des surfaces de 23 %. » Une satisfaction d'autant plus justifiée que les premières estimations de l'année 2010 montrent que la dynamique s'accentue de plus en plus. En effet, « depuis janvier, il y a eu 500 dépôts de dossier MAE (mesure agri-environnementale), contre 159 en 2009 ! Nous dépasserons allégrement les 2000 exploitants bio en Aquitaine ! » Une analyse chiffrée, non sans intérêt au regard du débat de l'après-midi « La place et le rôle du bio dans l'agriculture durable : regards agronomes, regards consommateurs ».