Piéger : un acte d'élevage
Pour lutter contre les dégàts de renards observés au sein des élevages, le piégeage s'avère très efficace. À Tilh, dans les Landes, deux agriculteurs sont devenus en l'espace de quelques mois des spécialistes en la matière.
Deux poulets subtilisés aujourd'hui, trois autres demain Hormis les épisodes d'étouffement, durant lesquels plusieurs dizaines de volailles peuvent être tuées, les dégàts de renards au sein des élevages avicoles passent souvent inaperçus. Ce n'est qu'en fin de bande que l'éleveur fait son compte. Et parfois, l'addition s'avère salée. Dans certains secteurs, le renard représente un véritable fléau. Un constat qui oblige à imaginer des moyens de régulation. Parmi ceux-ci, le piégeage représente une solution particulièrement efficace.
Sur la seule commune de Tilh, entre Chalosse et Béarn, au sud du département des Landes, deux piégeurs agréés ont prélevé près d'une centaine de renards en moins d'une année. « Quatre-vingt-seize exactement depuis la mi-février 2012 », précise Dominique Tuquoy, qui est aussi éleveur de palmipèdes. « Vu la fréquence des dernières prises, on devrait dépasser le seuil de cent renards en un an », souligne son complice, Henri de Raignac.
Pour eux, tout est parti d'un double constat : des pertes lourdes et répétées pour les éleveurs de volailles en liberté, très nombreux dans ce secteur, et une présence importante de renards observée lors des comptages nocturnes effectués par l'Association de chasse, en fin d'hiver. « On voyait beaucoup plus de renards que de lièvres, se souviennent-ils. On s'est dit qu'il fallait faire quelque chose ». Quant aux pertes dans les élevages, certes connues, « on ne s'imaginait pas qu'il pouvait y en avoir autant : jusqu'à plus de 800 poulets sur des bandes de 6.000 à 8.000 ».
Les piégeurs aux 100 renards
Depuis plusieurs semaines, les prises sont presque quotidiennes (29 pour le seul mois de décembre). L'hiver et le début du printemps sont, il est vrai, les saisons les plus propices au piégeage du renard, car le garde-manger que constitue la faune sauvage, rongeurs et petits volatiles, s'avère moins fourni. En outre, décembre et janvier correspondent à la période de rut. « Les renards sont trop occupés pour chasser, ils viennent alors très bien aux appàts », indique Benoît Soulat, président de l'Association des piégeurs des Pyrénées-Atlantiques. Pour atteindre un tel bilan, les deux piégeurs ont géré jusqu'à présent une dizaine de sites de capture. « On ne couvre qu'une partie de la commune (environ un tiers, soit un peu plus de 1 000 hectares). C'est difficile de faire plus, on ne peut être partout ». Si certains pièges requièrent plus de technicité que d'autres, quelques recettes sont à maîtriser, comme la disposition des appàts. Eux, utilisent le modèle « billard ». Un piège à lacet non-blessant, très efficace lorsqu'il est bien posé, qui permet d'attraper le renard par une patte. « On demande aux éleveurs de nous faire un petit tas de fumier derrière les bàtiments, pour installer nos pièges ». Un peu de sciure, du sable ou encore mieux de la tourbe, pour camoufler les dispositifs, des volailles ou des tripes de gibier pour appàter le prédateur Le tour est joué. Les deux complices se partagent les interventions, en fonction des disponibilités de chacun. « On tend les pièges, et les agriculteurs les surveillent. Sinon, bonjour les kilomètres, car il faut les visiter tous les matins, c'est la loi. Dès qu'un renard est pris, ils nous appellent ». Quatorze prises ont été réalisées chez le même éleveur, qui accusait des pertes particulièrement lourdes, preuve des densités qui peuvent être atteintes. Chez André Massy, où le 96e renard a été pris au matin du 28 janvier, les dégàts ont chuté de 800 volailles l'an passé à un peu plus de 200 cette année. Il reste donc du travail, mais les résultats sont là et l'éleveur témoigne de « la grande reconnaissance qui doit être apportée aux piégeurs bénévoles, qui ne sont pas obligés d'intervenir ». Lorsqu'ils ont commencé leurs opérations, les deux piégeurs ne s'attendaient pas à de tels résultats. « En plus, on était novice. On croyait en prendre une quinzaine, tout au plus. On est les premiers surpris, car même lors des battues on prend peu de renards et on n'en voit pas tant que ça ».
Selon eux, « la formation au piégeage permet d'acquérir les bases. Ensuite, on apprend beaucoup avec l'expérience, notamment à partir des échecs. Ce n'est pas jeu, on fait surtout cela dans un but d'utilité vis-à -vis de l'agriculture et des autres gibiers chassables ». Une pratique à la portée de tous
Aujourd'hui, quelques précieux enseignements peuvent être tirés de l'expérience des deux hommes. Tout d'abord, le piégeage est une technique à la portée de tous. Ensuite, les résultats peuvent être rapides, et les bénéfices vis-à -vis des dégàts aux élevages conséquents. C'est pourquoi les éleveurs ne doivent pas hésiter à se pencher sur cette solution, susceptible de devenir un acte d'élevage à part entière. Piégeage, battues et vénerie sous terre s'affirment comme des moyens de régulation complémentaires des espèces nuisibles. Toutes ces opérations constituent aussi des exemples concrets des relations vertueuses qui peuvent s'instituer entre agriculteurs et chasseurs. Fabien Brèthes Déclarer les dégàtsEn cas de dégàts aux élevages ou aux cultures, les agriculteurs sont invités à réaliser une déclaration, téléchargeable sur le site des chambres d'agriculture et disponible auprès des FDGDON. Cette démarche est devenue essentielle. Désormais, seules des déclarations en nombre peuvent permettre aux Préfets de chaque département de maintenir ou d'introduire des espèces nuisibles sur la liste départementale. Ce classement permet de les détruire, à tir, par piégeage ou déterrage. Les responsables départementaux exhortent donc les agriculteurs à faire remonter leurs dégàts, même les plus minimes. « Il ne faut pas hésiter à déclarer, même lorsque le préjudice ne concerne que quelques mètres carrés de mais, ou quelques volailles », martèle Benoît Soulat, président de l'Association des piégeurs des Pyrénées-Atlantiques.
Depuis plusieurs semaines, les prises sont presque quotidiennes (29 pour le seul mois de décembre). L'hiver et le début du printemps sont, il est vrai, les saisons les plus propices au piégeage du renard, car le garde-manger que constitue la faune sauvage, rongeurs et petits volatiles, s'avère moins fourni. En outre, décembre et janvier correspondent à la période de rut. « Les renards sont trop occupés pour chasser, ils viennent alors très bien aux appàts », indique Benoît Soulat, président de l'Association des piégeurs des Pyrénées-Atlantiques. Pour atteindre un tel bilan, les deux piégeurs ont géré jusqu'à présent une dizaine de sites de capture. « On ne couvre qu'une partie de la commune (environ un tiers, soit un peu plus de 1 000 hectares). C'est difficile de faire plus, on ne peut être partout ». Si certains pièges requièrent plus de technicité que d'autres, quelques recettes sont à maîtriser, comme la disposition des appàts. Eux, utilisent le modèle « billard ». Un piège à lacet non-blessant, très efficace lorsqu'il est bien posé, qui permet d'attraper le renard par une patte. « On demande aux éleveurs de nous faire un petit tas de fumier derrière les bàtiments, pour installer nos pièges ». Un peu de sciure, du sable ou encore mieux de la tourbe, pour camoufler les dispositifs, des volailles ou des tripes de gibier pour appàter le prédateur Le tour est joué. Les deux complices se partagent les interventions, en fonction des disponibilités de chacun. « On tend les pièges, et les agriculteurs les surveillent. Sinon, bonjour les kilomètres, car il faut les visiter tous les matins, c'est la loi. Dès qu'un renard est pris, ils nous appellent ». Quatorze prises ont été réalisées chez le même éleveur, qui accusait des pertes particulièrement lourdes, preuve des densités qui peuvent être atteintes. Chez André Massy, où le 96e renard a été pris au matin du 28 janvier, les dégàts ont chuté de 800 volailles l'an passé à un peu plus de 200 cette année. Il reste donc du travail, mais les résultats sont là et l'éleveur témoigne de « la grande reconnaissance qui doit être apportée aux piégeurs bénévoles, qui ne sont pas obligés d'intervenir ». Lorsqu'ils ont commencé leurs opérations, les deux piégeurs ne s'attendaient pas à de tels résultats. « En plus, on était novice. On croyait en prendre une quinzaine, tout au plus. On est les premiers surpris, car même lors des battues on prend peu de renards et on n'en voit pas tant que ça ».
Selon eux, « la formation au piégeage permet d'acquérir les bases. Ensuite, on apprend beaucoup avec l'expérience, notamment à partir des échecs. Ce n'est pas jeu, on fait surtout cela dans un but d'utilité vis-à -vis de l'agriculture et des autres gibiers chassables ». Une pratique à la portée de tous
Aujourd'hui, quelques précieux enseignements peuvent être tirés de l'expérience des deux hommes. Tout d'abord, le piégeage est une technique à la portée de tous. Ensuite, les résultats peuvent être rapides, et les bénéfices vis-à -vis des dégàts aux élevages conséquents. C'est pourquoi les éleveurs ne doivent pas hésiter à se pencher sur cette solution, susceptible de devenir un acte d'élevage à part entière. Piégeage, battues et vénerie sous terre s'affirment comme des moyens de régulation complémentaires des espèces nuisibles. Toutes ces opérations constituent aussi des exemples concrets des relations vertueuses qui peuvent s'instituer entre agriculteurs et chasseurs. Fabien Brèthes Déclarer les dégàtsEn cas de dégàts aux élevages ou aux cultures, les agriculteurs sont invités à réaliser une déclaration, téléchargeable sur le site des chambres d'agriculture et disponible auprès des FDGDON. Cette démarche est devenue essentielle. Désormais, seules des déclarations en nombre peuvent permettre aux Préfets de chaque département de maintenir ou d'introduire des espèces nuisibles sur la liste départementale. Ce classement permet de les détruire, à tir, par piégeage ou déterrage. Les responsables départementaux exhortent donc les agriculteurs à faire remonter leurs dégàts, même les plus minimes. « Il ne faut pas hésiter à déclarer, même lorsque le préjudice ne concerne que quelques mètres carrés de mais, ou quelques volailles », martèle Benoît Soulat, président de l'Association des piégeurs des Pyrénées-Atlantiques.