N. Kosciusko-Morizet veut réduire la consommation d'eau de 20 %
Alors que la sécheresse s'intensifie, la ministre de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet envisage de réduire la consommation d'eau de 20 % d'ici 2020 pour tous les usages, qu'ils soient agricoles, industriels ou domestiques.
Je fixe aujourd'hui un objectif de réduction de 20 % de la consommation d'eau d'ici 2020 » a déclaré la ministre de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, à l'issue de la commission de suivi hydrologique qui s'est réuni le 16 mai à Paris.
Sans stigmatiser les agriculteurs, la ministre a insisté sur le fait que cet objectif concernait tous les usagers de l'eau, les industriels, les agriculteurs, comme les consommateurs. Aussi la ministre devrait annoncer dans le courant du mois de juin un plan d'adaptation au changement climatique.
L'idée qui prévaut est que les sécheresses seront beaucoup plus fréquentes à l'avenir et qu'il convient de s'adapter à cette nouvelle donne, en économisant l'eau. Ainsi en agriculture elle considère que la gestion de l'eau est « assez peu satisfaisante », et que les autorisations de prélèvement qui ont été accordées dans le passé l'ont été avec trop de facilités.
Prévention mais pas de stockage
Aussi propose-t-elle la mise en place « d'outils préventifs en amont », dès le printemps, pour définir les volumes d'eau susceptibles d'être prélevés chaque année, de façon à inciter, si besoin est, les agriculteurs à procéder à des changements de culture, ou à envisager « d'autres alternatives».
Cette « expertise collective » sera réalisée avant la fin 2011, a promis la ministre. Mais à aucun moment, elle n'a évoqué la nécessité de constituer des réserves hivernales susceptibles de libérer l'eau quand le besoin s'en fait sentir, en été.
Autre cible la réduction des gaspillages, et notamment des fuites dans le réseau. Son objectif est de parvenir à une réduction de 15 % des fuites, soit une économie de 600 millions de mètres cubes par an. Un décret en ce sens devrait être publié pendant l'été.
Avec deux mois d'avance
Ceci étant, la ministre reconnaît que la situation hydroclimatique « est très critique ». Le déficit pluviométrique se combine depuis le mois d'avril à des températures plus élevées que la normale. Selon le ministère de l'Écologie, le niveau des nappes phréatiques et l'état des sols se retrouvent début mai dans une situation équivalente à celle que l'on retrouve début juillet. Soit « deux mois d'avance ».
En effet, le mois d'avril affiche des cumuls de précipitation déficitaires sur la quasi-totalité du pays, où l'on a enregistré moins de la moitié de pluie que la normale. Le déficit dépasse même 75 % de la Somme à l'est de la Bretagne et du Bassin parisien, de la Vendée à la Gironde jusqu'au nord des Alpes. Seuls échappent à la sécheresse les Pyrénées orientales et l'extrême sud de la Corse.
Quant aux nappes phréatiques, plus des deux tiers des réservoirs affichent un niveau inférieur à la normale. C'est le cas sur la plus grande partie du Bassin parisien et dans le Sud-Ouest. Les données du mois d'avril confirment, avec le déficit pluviométrique conséquent observé depuis le début de l'année que la période de recharge des nappes a été très peu effective sur une grande partie du territoire.