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L'humain remis au coeur du devéloppement économique

Un récent débat organisé à  l'Assemblée nationale sur l'aide au développement a pris le commerce équitable comme base de réflexion vers un autre modèle économique.

file-Le label Max Havelaar et la juste rémunération des caféiculteurs d'Amérique centrale ou des producteurs de quinoa d'Equateur (notre photo), occupent aujourd'hui une place reconnue dans les rayons des supermarchés du Nord. © G.M / Le Sillon
Le label Max Havelaar et la juste rémunération des caféiculteurs d'Amérique centrale ou des producteurs de quinoa d'Equateur (notre photo), occupent aujourd'hui une place reconnue dans les rayons des supermarchés du Nord. © G.M / Le Sillon
Le commerce équitable n'est pas l'unique solution aux problèmes que pose le fonctionnement de l'économie libérale mondialisée. Les parlementaires français en conviennent comme les promoteurs de ce type de relation commerciale.
Au cours d'un débat à  l'Assemblée nationale consacré à  l'aide au développement pour demain, le 13 octobre le commerce équitable a constitué la base de réflexion. Le label Max Havelaar et la juste rémunération des caféiculteurs d'Amérique centrale ou des producteurs de quinoa d'Équateur par exemple, occupent aujourd'hui une place reconnue dans les rayons des supermarchés du Nord. Mais les principes du commerce équitable révèlent surtout les déséquilibres de l'économie libérale.

Commerce équitable : 8 millions de personnes seulement

Ce type de commerce fait vivre plus de 8 millions de personnes dans le monde, ce qui demeure très modeste. Mais en France par exemple, ils sont plus de 7 millions à  acheter « équitable ». Ce commerce entend que les petits producteurs agricoles des pays en développement (PED) soient rémunérés justement pour leur travail au travers d'un prix minimum garanti. Ils s'organisent donc afin de commercialiser leurs produits et réduire au minimum les intermédiaires dans ce seul but.
Les règles de ce commerce interdisent toute spéculation sur les produits alimentaires. Enfin, le respect de l'environnement et l'utilisation responsable des ressources naturelles (sol, eau, etc.) fait partie intégrante des statuts du commerce équitable.

Acheteurs du Nord

Mais qui sont les acheteurs ? Les consommateurs du Nord : Français, Allemands, Américains, etc. Ils acceptent de payer leur café plus cher au nom de la solidarité avec ces petits producteurs. Et le terme « solidarité » est le plus important ici car il extrait la relation commerciale de la simple rationalité économique.
« Nous sommes des êtres sociaux, des personnes humaines ; nous voulons défendre la vie et le droit de chaque habitant de cette planète à  avoir une vie bonne ; pas meilleure, mais bonne ! », a lancé devant les parlementaires français le fondateur du commerce équitable et du label Max Havelaar, le Père catholique hollandais Francisco Van der Hoff.

Mythes et ultralibéralisme sauvage

Progrès et développement au sens du libéralisme économique actuel ? Le Père Van der Hoff fustige des mythes : « Un progrès sans limite n'est pas possible car il existe une finitude des ressources de notre planète ; le développement n'est pas non plus qu'économique, il en existe d'autres formes, culturel notamment. »
Selon ce missionnaire auteur du livre Manifeste des pauvres (Éditions Encre d'Orient), « il faut reformuler les présupposés logiques du capitalisme libéral ». Le Père Van der Hoff plaide ainsi pour remettre au centre de toute réflexion économique l'homme et ses besoins fondamentaux.
Selon lui, le commerce équitable est un moyen de renverser la logique dominante selon laquelle la valeur de l'utile est prioritaire, rendant prioritaires les besoins humains.
Quant à  la pauvreté, « Elle doit être déclarée illégale dans tous les pays. Le marché juste est une réclamation du droit à  ne pas être pauvre ! ».

Nécessaire organisation des filières

Xavier Beulin, premier vice-président de la FNSEA et président de la FOP (producteurs français d'oléagineux et protéagineux), invité de ce débat parlementaire, acquiesce : « On ne peut pas laisser au seul marché le soin de réguler l'économie ; nous devons repenser les modèles économique, financier et de développement internationaux. » Il insiste en particulier sur une organisation des filières et des producteurs au Sud, visant une valeur ajoutée équitablement répartie entre l'ensemble des maillons. Il défend aussi des prix garantis pour investir dans des unités de transformation, et une information des producteurs sur les marchés, « stratégique dans ces pays », rappelle-t-il.

Démocratisation des marchés et capitalisme responsable

Joaquin Muà±oz, directeur général de Max Havelaar France évoque, lui, la nécessaire « démocratisation des marchés » contre l'exclusion de pans entiers de la population mondiale des grands flux économiques. Près d'un milliard de personnes souffrent de faim chronique dans le monde, dont une large part est constituée d'agriculteurs dans les PED.
Jean-Pierre Blanc, Directeur général des cafés Malongo, une entreprise résolument engagée dans le commerce équitable, complète : « L'entreprise n'est pas à  l'opposé de la distribution des revenus ; en achetant nos cafés plus chers, notre société a progressé, a servi ses actionnaires et ses salariés. » Pour le patron des cafés Malongo, il faut « aller vers un capitalisme responsable, donc revoir les règles du marché ; c'est l'Homme qui est amoral ou pas, c'est donc à  lui de revoir les règles. »

OMC et développement international

Xavier Beulin, qui redoute l'excès de naiveté, rappelle que ces nobles considérations sont absentes des discussions de l'OMC (Organisation mondiale du commerce). Il encourage les PED à  investir dans les infrastructures, la production et les capacités de commercialisation. Et il prône enfin que ces politiques soient conduites au niveau de grandes sous-régions du monde « cohérentes », comme l'Amérique du Sud ou l'Afrique de l'Ouest.
Une vision que partage le député UMP de Seine-et-Marne et président de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale, Christian Jacob. « 10 % des produits alimentaires sont cherchés sur le marché international, et ces 10 % pèsent sur les productions locales ; nous devrions travailler par grandes régions avec des systèmes de régulation et des filets de protection », défend-il. Reste à  convaincre Pascal Lamy à  l'OMC.
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