LGV Bordeaux-Espagne : l'impact sur l'agriculture landaise analysé
La chambre d'agriculture des Landes a restitué les résultats de l'étude agricole menée cet été auprès de 161 exploitants riverains du fuseau des 1.000 mètres du tracé de la ligne à grande vitesse qui doit relier Bordeaux à l'Espagne.

Isabelle Cantegreil, Daniel Coz, Philippe Lacroix et Jean-Michel Anaclet (de gauche à droite) ont animé les réunions d'information sur la LGV Bordeaux-Espagne. © Le Sillon
Le jeudi 16 décembre, la chambre d'agriculture des Landes a organisé à Saint-Martin d'Oney (le matin) et à Saint-Geours-de-Maremne (l'après-midi) une réunion d'informations sur la ligne à grande vitesse Bordeaux-Espagne. Sollicité par RFF (Réseau ferré de France), le gestionnaire des infrastructures ferroviaires en France, l'établissement a réalisé une étude auprès des exploitants potentiellement impactés par le tracé de la future voie.
« Cette étude a été réalisée de juin à septembre et a mobilisé une équipe de dix personnes, indique Isabelle Cantegreil, chargée de mission foncier et urbanisme à la chambre d'agriculture des Landes. Elle a concerné un périmètre de 2 000 mètres de large sur 150 km de long. » Cette zone d'étude recouvre 43 communes dont 37 sont directement touchées par le fuseau des 1.000 mètres, zone approuvée par l'ex-ministre de l'écologie Jean-Louis Borloo le 28 septembre dernier, dans laquelle devra s'intégrer le tracé de la ligne nouvelle. Si 12 de ces communes ne possèdent pas d'espace agricole dans la zone concernée par l'étude, les autres totalisent 165 exploitations aux activités diversifiées (productions végétales, élevage, agritourisme).
Une enquête minutieuse
« Au cours de l'étude, 161 agriculteurs ont été enquêtés individuellement, les quatre autres refusant de participer. » Leurs profils sont tout aussi diversifiés que leurs productions. On trouve ainsi 12 jeunes agriculteurs installés depuis moins de cinq ans, 13 retraités ou encore 82 éleveurs. Dans le secteur, l'agriculture est source d'emploi. 50 salariés permanents et 147 temporaires sont employés sur ces exploitations.
« Le fuseau des 1.000 mètres recouvre une SAU (surface agricole utile) de 1.353 hectares », reprend Isabelle Cantegreil. Des hectares sur lesquels les agriculteurs ont investi. Douze exploitants ont ainsi réalisé des travaux de drainage sur leurs parcelles. Cinquante-quatre sont irrigants et possèdent des pivots. La zone accueille également 140 bàtiments d'exploitation et des projets pour treize autres.
L'ensemble des données récoltées par la chambre d'agriculture ont été compilées dans un système d'information géographique. Elles serviront à RFF pour établir le tracé définitif de la LGV. « Depuis un an et demi, nous recueillons les données d'enjeu humain, dont l'agriculture fait partie, naturel et biologique, patrimonial, physique et paysager afin de déterminer les zones sensibles à éviter », confirme Daniel Coz, directeur des études techniques de RFF.
Les hypothèses à l'étude
Depuis le mois d'octobre et jusqu'en janvier, le gestionnaire, en concertation avec les élus et des groupes de travail thématiques, propose différentes hypothèses de tracé dans le fuseau des 1.000 mètres (elles sont consultables dans toutes les mairies et sur le site internet www.gpso.fr). De février à mars prochain, ces différentes hypothèses seront comparées par rapport aux enjeux, mais aussi en fonction de critères de fonctionnalité ferroviaire (desserte correcte de Dax et Mont-de-Marsan, réalisation d'une halte à Saint-Geours-de-Maremne), de critères techniques et de coût.
Cela permettra de proposer un premier tracé qui sera approfondi dans le courant de l'été 2011. Il faudra, en effet, procéder au rétablissement routier, c'est-à -dire étudier les possibilités de franchissement des différents axes de circulation. « Dans la majorité des cas, la route passera au-dessus de la voie ferrée. » À l'issue de ce travail, en septembre, un tracé sera proposé à l'enquête d'utilité publique. « Il sera définitif à 20 ou 50 mètres près, précise Daniel Coz. À l'automne 2011, on saura où passera la LGV dans les Landes avec une emprise de 100 mètres. »
Des travaux soumis au calendrier électoral
Après agrément du ministre sur ce tracé, une enquête publique sera lancée en 2013. Pour cause d'élections présidentielles, il serait en effet difficile de la réaliser l'année précédente. En 2015, une déclaration d'utilité publique permettra de lancer les acquisitions foncières.
Les grands travaux, qui devraient s'étaler sur quatre ou cinq ans, commenceront en 2016 ou 2017. « Concrètement, cela signifie que les agriculteurs pourront continuer d'exploiter leurs terres jusqu'en 2015. » La mise en service de la LGV est prévue à l'horizon 2020.
Cécile Agusti
Anticipation Lors de la réunion, Dominique Graciet et Jean-Michel Anaclet, respectivement président et vice-président de la chambre d'agriculture des Landes, ont insisté sur la nécessité d'anticiper au maximum le stockage des terres agricoles afin de pouvoir compenser dans les meilleures conditions celles qui seront consommées par le tracé de la LGV. « L'expérience de l'A65 nous a appris que plus on anticipe, plus on est à même de compenser les préjudices pour retrouver des outils compétitifs et performants. »