Les kiwiculteurs dressent le bilan avant d'agir
La forte présence des producteurs de kiwi des Landes et des Pyrénées-Atlantiques à la réunion organisée à Orthevielle le mardi 21 mai était à la hauteur de l'urgence de la situation.

Très inquiets quant à l'avenir de leurs vergers progressivement détruits par les maladies, les kiwiculteurs sont venus nombreux à la rencontre organisée par les FDSEA et JA des Landes et des Pyrénées-Atlantiques. © Le Sillon
Pas moins de cinquante producteurs de kiwis ont répondu présent à l'invitation des FDSEA et des JA des Landes et Pyrénées-Atlantiques. Un appel pour qu'ils expliquent leur situation face aux maladies qui déciment leurs vergers. «Nous avons été alertés en direct ou à l'occasion de réunions sur les problèmes que traverse la filière. Les choses semblent s'accélérer cette année et des JA se trouvent dans des situations préoccupantes. Nous souhaitons entendre vos inquiétudes, vos idées et vos attentes, a introduit Christophe Barrailh, président de la FDSEA des Landes. Si des solutions miracles existaient, elles seraient déjà mises en oeuvre et nous ne serions pas là ».
Le message est reçu. Pendant près de deux heures, chaque agriculteur parle de ce qu'il vit dans ses vergers. «Moi, je suis touché depuis trois ans, sur les Summer d'abord et les Hayward depuis cette année» explique un premier producteur. Un autre de témoigner: «C'est foudroyant, les vergers les plus jeunes sont touchés en premier et ça se propage aux plus anciens».
Les maladies progressent partout
S'en suivent les détails techniques: des nécroses sur les fleurs qui finissent par tomber, aux coulures rouges parfois difficiles à détecter. Le constat est le même, tous les vergers sont touchés, y compris les isolés géographiquement. Seule l'ampleur varie (de quelques pieds touchés à la totalité).
Par manque de recul sur ces maladies, chacun s'essaye à trouver un remède. «Je multiplie les traitements, je sauve les feuilles, mais la fleur crève quand même» explique l'un. «Avec le cuivre, je limite l'impact» ajoute un second «On nettoie, on coupe, on replante». Le besoin d'accompagnement est unanime: «Il est urgent de savoir quels pieds ont résisté, pourquoi et de les multiplier». La situation est douloureuse à vivre pour les producteurs. «L'an passé, je ne le cache pas, j'ai fait une déprime. Quand on voit que malgré les traitements, ça ne change rien, ça affecte psychologiquement».
Des projets qui partent en fumée
Économiquement, la situation devient sérieuse pour certains. L'investissement est chiffré entre 30.000 et 40.000 euros l'hectare et le retour sur investissement n'est pas à espérer avant 5 à 6 ans. Un jeune témoigne: «Je me suis installé en 2012 sur 5 hectares plantés en 2008. En février 2013, la PSA est arrivée. En 15 jours, 3 hectares ont dû être coupés, mon projet d'installation partait en fumée». Un autre d'ajouter «Je me suis installé avec la dotation jeune agriculteur. Je suis inquiet de la rigueur des contrôleurs qui ne connaissent rien et qui viennent contrôler l'utilisation des aides».
Les questions sont nombreuses. Est-ce par la génétique qu'une solution sera trouvée? Que se passe-t-il dans les autres pays (Nouvelle-Zélande, Italie)? Ne faut-il pas en passer par des mesures prophylactiques aussi draconiennes que pour les animaux et couper tous les pieds infectés, les plants de variétés sensibles? Faut-il reproduire ce qui a été fait sur les vignes et les pommiers? Face à ces échanges riches, les présidents restent modestes. «Il faut se prendre en main, construire un accompagnement harmonisé entre les deux départements» explique Jean-Jacques Lateulère, président de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques.
Demande de soutiens de l'État
Les présidents l'assurent, tout sera engagé auprès des pouvoirs publics et politiques pour obtenir le soutien aux producteurs, notamment les récents investisseurs. Jean-Marc Benquet, kiwiculteur et responsable du dossier à la chambre d'agriculture des Landes, évoque la piste d'une mission d'enquête ou encore un projet de recherche piloté par le CTIFL(1). Il assure que la MSA est sensibilisée au problème. Denis Lafargue, président des Jeunes Agriculteurs landais, évoque lui la piste des reports d'emprunts et des avenants indispensables aux dossiers d'installation.
Dans l'immédiat, il est proposé de procéder à un état des lieux complet et qualitatif auprès de tous les agriculteurs afin d'avoir une vision réelle et précise de la situation «du» verger. Les agriculteurs seront donc amenés à se revoir prochainement.
Caroline Godefroy
1. Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes.