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Les irrigants réaffirment leur opposition à  la loi sur l'eau

Inquiets de voir les volumes d'eau prélevables fortement amputés dans le cadre de la loi sur l'eau, les irrigants de France, réunis en assemblée générale à  Pau, renouvellent leur profond désaccord sur ce sujet.

L'assemblée générale des irriguants de France, qui s'est déroulée à  Pau le 8 septembre, avait pourtant débuté dans une ambiance détendue. Guy Estrade, président des irriguants des Pyrénées-Atlantiques, s'est plu à  accueillir les nombreux participants, venus de contrées parfois très éloignées de la cité béarnaise, au sein de « la célèbre capitale du tricot et son fameux tricot de Pau ! ».
La suite de la table ronde sera beaucoup plus studieuse, tant le sujet de l'irrigation crée la polémique, à  l'heure actuelle, au sein du monde agricole. Depuis plusieurs mois maintenant l'application de la loi sur l'eau de 2006, qui prévoit une révision des volumes prélevables affectés à  l'agriculture, est au centre des préoccupations des irriguants. Selon eux, de telles diminutions de volumes impacteraient fortement les exploitations agricoles et l'ensemble des filières locales. Une contrainte qui a justifié les démarches entreprises au cours de l'année, telle que les manifestations du 8 mars à  Mont-de-Marsan et Toulouse et le meeting syndical à  l'Assemblée nationale, le 11 avril.
Au coeur des débats, le dossier relatif à  la création de retenues de stockage a monopolisé la majorité des interventions. « La mise en place d'une réelle politique de stockage est actuellement au centre de nos préoccupations, afin de pouvoir conserver les volumes nécessaires à  l'irrigation », a confirmé Daniel Martin, président des Irriguants de France. Une analyse, qui se vérifie pleinement dans le bassin du Sud-Ouest, tel que le souligne Guy Estrade : « On constate parfois un écart de marge de 350 euros entre les parcelles de mais irriguées et celles qui ne le sont pas. Cela traduit bien l'importance du sujet et justifie l'état d'esprit dans lequel nous sommes ».
La nouvelle circulaire ne rassure pas
Invités à  intervenir sur ce sujet, les propos tenus par Jean-Claude Duzer, le président de l'Institution Adour, et Aline Comeau, la sous-directrice de l'Agence de l'eau Adour Garonne, n'ont pas semblé en mesure de rassurer définitivement les irriguants. Jean-Claude Duzer a toutefois confirmé qu'il était, selon lui, indispensable de créer de nouveaux barrages. À cet égard, il a assuré les irriguants de sa volonté de reprendre des dossiers qui étaient endormis, afin de « conserver l'irrigation qui existe aujourd'hui et non pour accroître les surfaces ». Même son de cloche du côté d'Aline Comeau qui a souligné l'importance de « trouver des solutions durables pour sortir de la crise » engendrée par des prélèvements supérieurs à  la ressource en étiage.
Avec 800 millions de mètres cubes de réserve et seulement 3 % de l'écoulement annuel du bassin stocké, le bassin régional dispose d'une grosse marge de progression. Aline Comeau a signalé un déficit persistant dans certains sous-bassins, qui représentent aujourd'hui 20 à  30 % du grand bassin Adour Garonne. « Nous travaillons pour privilégier la voie de l'augmentation des ressources plutôt que de la réduction des prélèvements Nous prendrons pour cela notre part de l'effort ».
Malgré ces bons sentiments, les irriguants restent particulièrement inquiets vis-à -vis de l'application de la loi sur l'eau, et ce en dépit de la circulaire du ministère de l'écologie datée 3 août dernier. Annoncée au travers de ce texte, la majoration des taux d'aide (jusqu'à  70 %) octroyés par l'Agence de l'eau ne concernerait, il est vrai, que des cas extrêmes. « Dans notre région, seulement 3 % des surfaces seraient éligibles », dénonce Jean-Luc Capes, président des irriguants landais. Selon ce dernier, la seule avancée minime concerne le report à  2017 de l'échéance pour atteindre l'équilibre entre autorisations de prélèvement et volumes prélevables. « Il faut reprendre le fond du dossier », estime-t-il. Au delà , il souhaite « enfin » matérialiser des rencontres avec le ministère mais aussi « qu'il y ait un double arbitrage sur ce dossier ».
Un souhait qui trouve écho auprès de Guy Estrade, qui demande que soient pris en compte les enjeux économiques mais aussi sociaux de l'irrigation dans notre région. Il considère que « même si la situation est moins alarmante dans les Pyrénées-Atlantiques, on va quand même vers une dégradation des volumes. D'autant plus si les nouveaux volumes prélevables sont calculés sur la base de l'année où l'on a consommé le moins ».
Au sortir d'un été particulièrement sec dans certaines régions, un point fait au moins l'unanimité entre toutes les parties : le réchauffement climatique, maintes fois annoncé, semble d'ores et déjà  en marche. Un phénomène qui ne fait que légitimer l'urgence à  agir sur ce dossier.
Fabien Brèthes
Pas d'apaisement
Dans un communiqué de presse, diffusé la semaine dernière, la FRSEA d'Aquitaine, les Jeunes Agriculteurs et les chambres d'agriculture du bassin Adour Garonne ont réagi à  la circulaire du ministère de l'écologie (MEEDDM), datée du 3 août, destinée à  préciser les conditions de mise en oeuvre de la réforme des prélèvements d'eau d'irrigation dans les bassins déficitaires. 
« La profession agricole du bassin Adour Garonne, après deux années passées à  argumenter sur les particularités de l'irrigation dans ce bassin, constate que ce texte n'apporte aucune réponse concrète aux demandes de la profession. Il confirme, en effet, la vision initiale du MEEDDM d'aligner les autorisations de prélèvement d'eau d'irrigation sur des volumes théoriques, calculés sur des bases telles, qu'elles priveront quatre années sur cinq, l'agriculture de consommer les volumes nécessaires à  ses besoins et inutilisables du fait de la nouvelle loi ».
Dans ce communiqué, les structures agricoles tiennent à  dénoncer « cette situation intolérable qui est ressentie comme une provocation par la profession agricole ».
Selon les organisations agricoles régionales, « les conséquences socio-économiques de cette réforme n'ont jamais été évaluées en amont par les pouvoirs publics ».
En conséquence, « la profession agricole renouvelle son profond désaccord avec la politique actuelle menée et appelle à  une prise de position du plus haut niveau de l'État pour apporter des solutions adaptées au bassin Adour Garonne ».
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