Le piégeage, défense efficace contre les nuisibles
Pour les responsables de l'Association des piégeurs des Pyrénées-Atlantiques, le piégeage doit être considéré comme un acte d'élevage. Pascal Pucheu, producteur de volailles à Sainte-Suzanne (Pyrénées-Atlantiques), en a fait l'expérience.

Pour capturer les renards, un petit tas de fumier doit être disposé à proximité des bàtiments d'élevage. Un piège à lacet, non-blessant, est placé à l'intérieur du tas, camouflé par un peu de sciure, du sable ou encore mieux, de la tourbe. ©
Depuis quelques semaines, Pascal Pucheu a retrouvé le sourire. Au moment de visiter ses bandes de poulets, son appréhension est moins grande. Avant qu'il ne reçoive le secours de piégeurs de son canton, les renards lui menaient la vie dure. Il y a un mois à peine, près d'un millier de poulets se sont étouffés lors de deux attaques successives de prédateur. De quoi décourager le jeune éleveur qui s'est lancé dans la production de volailles récemment.
Basé à Sainte-Suzanne, sur les hauteurs du canton d'Orthez (Pyrénées-Atlantiques), Pascal Pucheu a démarré son élevage en 2011. Il a fait le choix de la production de poulets en liberté. Huit cabanes mobiles accueillent 8400 poulets par bande. Comme prévu par le cahier des charges de cette filière, les animaux gambadent à leur guise sur des parcours non clôturés. Mais dans ces coteaux où se mêlent les champs de mais et les bosquets, les renards sont eux aussi comme des coqs en patte.
Une technique qui a fait ses preuves
«Au début, il n'y avait pas beaucoup de dégàts, se souvient l'éleveur. Mais au fur et à mesure, les pertes n'ont fait qu'augmenter». Début 2013, plus de deux cents poulets manquaient à l'appel dans la première bande de l'année. Au mois de septembre, deux lots plus tard, le chiffre avait doublé. L'épisode d'étouffement a été la goûte d'eau qui a fait déborder le vase. L'éleveur s'est tourné vers l'Association des piégeurs des Pyrénées-Atlantiques et son président, Benoît Soulat. Après examen des dégàts, deux piégeurs agréés du canton ont été mis sur le coup. Les prises n'ont pas tardé.
Pour capturer les renards, les piégeurs s'appuient sur une technique qui a fait ses preuves. Un petit tas de fumier est disposé à proximité des bàtiments d'élevage. Des volailles ou des tripes de gibier font office d'appàt. Le piège est placé à l'intérieur du tas, camouflé par un peu de sciure, du sable ou, encore mieux, de la tourbe. Il s'agit généralement d'un piège à lacet (modèle billard par exemple), non-blessant, qui permet d'attraper le renard par une patte. Lorsqu'il est correctement posé, ce dispositif s'avère redoutable.
Trois semaines après la mise en place des pièges, sept renards ont déjà été pris. Du côté des volailles, les bénéfices se font déjà sentir. Les pertes semblent revenir dans des proportions beaucoup plus normales. Pour autant, il n'est pas question d'arrêter. «Le piégeage doit s'inscrire dans la continuité, explique Benoît Soulat. Pour les producteurs, cela doit devenir un acte d'élevage à part entière, même s'il est vrai que c'est une activité qui demande de dégager un petit peu de temps».
Un enjeu économique non négligeable
Pascal Pucheu a compris le message. Il prévoit de participer aux prochaines sessions de formation pour devenir piégeur agréé. Pour lui, le fait de disposer d'un agrément sera un véritable atout afin de prévenir les attaques au lieu de les subir. «Je me rends compte de l'intérêt que j'ai à poursuivre le piégeage en étant autonome, explique-t-il. L'enjeu économique est loin d'être anodin Entre les pertes et les frais de traitement contre le choléra qui peuvent se rajouter, les calculs sont vite faits».
Comme lui, plus d'une centaine de producteurs de volailles et de palmipèdes des Pyrénées-Atlantiques a déjà suivi les formations. «Nous avons des retours très positifs, avoue Benoît Soulat. Les agriculteurs qui viennent suivre les formations sont généralement très satisfaits L'agrément permet d'acquérir les rudiments, ensuite, ils apprennent beaucoup avec l'expérience». Sur le tas
Fabien Brèthes
Une saison propiceL'hiver et le début du printemps sont les saisons les plus propices au piégeage du renard, car le garde-manger que constitue la faune sauvage, rongeurs et petits volatiles, s'avère moins fourni. En outre, décembre et janvier correspondent à la période de rut. Les renards sont alors trop occupés pour chasser, ils viennent alors très bien aux appàts. De mars à mai et après une période de gestation moyenne d'une cinquantaine de jours environ, la femelle met bas, dans son terrier, entre trois et sept renardeaux. À l'àge adulte, la nourriture du renard est très variable, mais il profite généralement de l'abondance des ressources proches de lui et s'adapte à l'extrême diversité des biotopes. Les renards chassent en solitaire.