Le comportement alimentaire des Français décortiqué
«Â Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es », cet adage reste toujours d'actualité, même si les comportements alimentaires varient avec l'àge, le milieu social et le mode de vie. Un rapport de l'INRA confirme cette tendance.

Les innovations technologiques, les modes d'approvisionnement, les changements dans les modes de vie ont profondément modifié nos pratiques alimentaires au cours des dernières décennies (voir ci-dessous). C'est ce qui ressort globalement de l'expertise scientifique sur les comportements alimentaires réalisée par l'INRA (Institut national de la recherche agronomique), à la demande du ministère de l'Agriculture dans le cadre de l'élaboration du programme national de l'alimentation (PNA).
Premier constat, il existe toujours une grande disparité sociale face à l'alimentation. Le poste alimentaire peut représenter jusqu'à 50 % du budget des ménages les plus défavorisés, contre 15 % pour la moyenne nationale. Les populations les plus défavorisées, pauvres ou peu diplômées, sont davantage touchées par l'obésité, notamment les femmes. Elles cumulent, également, davantage de facteurs à risques : sédentarité, distractions liées à la télévision, mauvaise estime de soi, etc. Les milieux populaires consomment davantage de viande, surtout de porc, alors que les cadres supérieurs consomment le plus de fruits et légumes. D'une façon générale, les milieux diplômés et aisés (catégories socioprofessionnelles supérieures) ont une alimentation plus diversifiée qui respecte le mieux les normes du plan national nutrition santé (PNNS).
Si les chercheurs de l'INRA ont pu montrer des corrélations entre les pratiques alimentaires et la santé, il est, cependant, difficile d'établir des liens entre l'évolution de ces pratiques et l'apparition de certaines maladies telles que le cancer ou les maladies cardio-vasculaires.
L'obésité : problème majeur En revanche, les liens sont plus nets avec l'obésité. Entre 1997 et 2009, la prévalence à l'obésité est passée de 8,5 % de la population française à 14,5 %, soit une augmentation de 0,5 point par an. Cette augmentation concerne la plupart des catégories socioprofessionnelles mais semble moins marquée chez les artisans et commerçants, les cadres supérieurs et les foyers aux revenus les plus élevés.
L'environnement joue un grand rôle dans la régulation de la consommation. Par exemple, l'ajustement des quantités ingérées se fait d'autant mieux que l'on est à l'écoute des signaux physiologiques de la faim et que l'on est attentif à ce que l'on consomme. C'est ainsi que l'on mangera davantage en regardant la télévision ou dans le bruit.
De même, la consistance de l'aliment détermine son pouvoir rassasiant : plus un aliment est facile à consommer et nécessite un faible travail masticatoire, plus l'apport énergétique est important. Pour le sucre, il a été démontré qu'à composition égale, la régulation énergétique se faisait moins bien avec des boissons sucrées qu'avec du sucre solide.
La consommation d'aliments provoque aussi une sensation de plaisir plus ou moins intense qui accentue les quantités ingérées. C'est particulièrement net pour les aliments gras et sucrés pour lesquels on constate chez certains obèses des mécanismes proches de l'addiction. L'appartenance sociale et culturelle structure, également, les comportements alimentaires. La disponibilité des aliments a, en outre, un impact sur la nature et les quantités ingérées. La présence de corbeilles de fruits à la place des distributeurs de snacks s'est révélée efficace expérimentalement dans les écoles.
Aux États-Unis, la proximité de points de restauration rapide, notamment près des écoles, a été reconnue comme un facteur de surconsommation. De plus, le packaging ou l'affichage d'allégations nutritionnelles (0 %, sans sucre ajouté, etc.) peuvent induire une sous-estimation des quantités ingérées. Des campagnes de pub peu efficaces
L'étude de l'INRA (lire ci-dessus) met en évidence que les campagnes génériques d'information et de prévention sur la nutrition ont peu d'impact à court terme sur les comportements alimentaires lorsqu'elles sont utilisées seules. En effet, ces campagnes touchent surtout les personnes déjà sensibilisées au lien entre alimentation et santé, ce qui à terme pourrait encore accroître la disparité entre les catégories sociales. De même, ce sont les personnes les plus éduquées et les plus sensibilisées qui prêtent le plus d'attention aux informations qui figurent sur les étiquettes. Ce n'est donc qu'à long terme que ces campagnes, qui touchent d'abord les classes aisées, pourraient essaimer dans l'ensemble de la société par la diffusion d'un modèle culturellement plus valorisant.
Le modèle alimentaire français existe
Le comportement alimentaire des Français s'est progressivement structuré depuis le Moyen à‚ge pour se stabiliser au début du XXe siècle. Ce que l'on peut appeler le « modèle alimentaire français » est même ressorti renforcé des périodes de privations, de grandes dépressions ou de la Seconde Guerre mondiale. Ce modèle se caractérise par trois traits principaux : la convivialité, le primat du goût et les règles conditionnant la prise de nourriture.
Le plaisir partagé du « manger ensemble », qui engendre un certain équilibre alimentaire, se rattacherait selon certains auteurs au modèle culturel catholique et méditerranéen, par opposition au modèle culturel protestant dans lequel le « bien manger » relève de la responsabilité individuelle.
Pour 8 Français sur 10, le repas à domicile avec les membres du ménage reste le type de repas le plus courant. 9 Français sur 10 prennent trois repas au cours de la journée : le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner, tandis que le grignotage ne concerne que 5,4 % de la population (baromètre santé nutrition 2009). Un « repas convenable » est toujours constitué de trois plats. Même s'il n'est plus la règle tous les jours, il reste la norme pour le repas de fête, au restaurant ou lors de réunions familiales.
Moins de pain, plus de pàtisseries industriellesEntre 1960 et 2006, la consommation alimentaire des Français a fortement évolué. Les plats « prêts à consommer » et les produits « prêts à l'emploi » constituent une innovation importante dans l'alimentation de la fin du XXe siècle. Les produits issus de l'industrie agroalimentaire représentent aujourd'hui 84 % des dépenses alimentaires et, par exemple, le volume des produits ultra-frais a été multiplié par 25 en 40 ans.
Parmi les produits en régression ou en stagnation : le pain, pàtes, viande de cheval, de veau, de boeuf, triperie, beurre, margarine, huiles raffinées, lait concentré et lait sec, sucre, farine, légumes secs, pomme de terre, vins de consommation courante, cidre, bière
En revanche, la consommation est en hausse pour : le riz, corn-flake, pàtisseries industrielles, biscuits, biscottes, lapin, gibier, confiture, café, thé, miel, chocolat en barre, fromage, yaourts, desserts lactés frais, légumes frais, surgelés et en conserve, fruits frais, soupes et plats préparés, charcuterie, vins AOC, champagne, mousseux, whisky, cognac, rhum, jus de fruits, eaux et boissons non alcoolisées.
L'obésité : problème majeur En revanche, les liens sont plus nets avec l'obésité. Entre 1997 et 2009, la prévalence à l'obésité est passée de 8,5 % de la population française à 14,5 %, soit une augmentation de 0,5 point par an. Cette augmentation concerne la plupart des catégories socioprofessionnelles mais semble moins marquée chez les artisans et commerçants, les cadres supérieurs et les foyers aux revenus les plus élevés.
L'environnement joue un grand rôle dans la régulation de la consommation. Par exemple, l'ajustement des quantités ingérées se fait d'autant mieux que l'on est à l'écoute des signaux physiologiques de la faim et que l'on est attentif à ce que l'on consomme. C'est ainsi que l'on mangera davantage en regardant la télévision ou dans le bruit.
De même, la consistance de l'aliment détermine son pouvoir rassasiant : plus un aliment est facile à consommer et nécessite un faible travail masticatoire, plus l'apport énergétique est important. Pour le sucre, il a été démontré qu'à composition égale, la régulation énergétique se faisait moins bien avec des boissons sucrées qu'avec du sucre solide.
La consommation d'aliments provoque aussi une sensation de plaisir plus ou moins intense qui accentue les quantités ingérées. C'est particulièrement net pour les aliments gras et sucrés pour lesquels on constate chez certains obèses des mécanismes proches de l'addiction. L'appartenance sociale et culturelle structure, également, les comportements alimentaires. La disponibilité des aliments a, en outre, un impact sur la nature et les quantités ingérées. La présence de corbeilles de fruits à la place des distributeurs de snacks s'est révélée efficace expérimentalement dans les écoles.
Aux États-Unis, la proximité de points de restauration rapide, notamment près des écoles, a été reconnue comme un facteur de surconsommation. De plus, le packaging ou l'affichage d'allégations nutritionnelles (0 %, sans sucre ajouté, etc.) peuvent induire une sous-estimation des quantités ingérées. Des campagnes de pub peu efficaces
L'étude de l'INRA (lire ci-dessus) met en évidence que les campagnes génériques d'information et de prévention sur la nutrition ont peu d'impact à court terme sur les comportements alimentaires lorsqu'elles sont utilisées seules. En effet, ces campagnes touchent surtout les personnes déjà sensibilisées au lien entre alimentation et santé, ce qui à terme pourrait encore accroître la disparité entre les catégories sociales. De même, ce sont les personnes les plus éduquées et les plus sensibilisées qui prêtent le plus d'attention aux informations qui figurent sur les étiquettes. Ce n'est donc qu'à long terme que ces campagnes, qui touchent d'abord les classes aisées, pourraient essaimer dans l'ensemble de la société par la diffusion d'un modèle culturellement plus valorisant.
Le modèle alimentaire français existe
Le comportement alimentaire des Français s'est progressivement structuré depuis le Moyen à‚ge pour se stabiliser au début du XXe siècle. Ce que l'on peut appeler le « modèle alimentaire français » est même ressorti renforcé des périodes de privations, de grandes dépressions ou de la Seconde Guerre mondiale. Ce modèle se caractérise par trois traits principaux : la convivialité, le primat du goût et les règles conditionnant la prise de nourriture.
Le plaisir partagé du « manger ensemble », qui engendre un certain équilibre alimentaire, se rattacherait selon certains auteurs au modèle culturel catholique et méditerranéen, par opposition au modèle culturel protestant dans lequel le « bien manger » relève de la responsabilité individuelle.
Pour 8 Français sur 10, le repas à domicile avec les membres du ménage reste le type de repas le plus courant. 9 Français sur 10 prennent trois repas au cours de la journée : le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner, tandis que le grignotage ne concerne que 5,4 % de la population (baromètre santé nutrition 2009). Un « repas convenable » est toujours constitué de trois plats. Même s'il n'est plus la règle tous les jours, il reste la norme pour le repas de fête, au restaurant ou lors de réunions familiales.
Moins de pain, plus de pàtisseries industriellesEntre 1960 et 2006, la consommation alimentaire des Français a fortement évolué. Les plats « prêts à consommer » et les produits « prêts à l'emploi » constituent une innovation importante dans l'alimentation de la fin du XXe siècle. Les produits issus de l'industrie agroalimentaire représentent aujourd'hui 84 % des dépenses alimentaires et, par exemple, le volume des produits ultra-frais a été multiplié par 25 en 40 ans.
Parmi les produits en régression ou en stagnation : le pain, pàtes, viande de cheval, de veau, de boeuf, triperie, beurre, margarine, huiles raffinées, lait concentré et lait sec, sucre, farine, légumes secs, pomme de terre, vins de consommation courante, cidre, bière
En revanche, la consommation est en hausse pour : le riz, corn-flake, pàtisseries industrielles, biscuits, biscottes, lapin, gibier, confiture, café, thé, miel, chocolat en barre, fromage, yaourts, desserts lactés frais, légumes frais, surgelés et en conserve, fruits frais, soupes et plats préparés, charcuterie, vins AOC, champagne, mousseux, whisky, cognac, rhum, jus de fruits, eaux et boissons non alcoolisées.