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L’agroéquipement souffre aussi de la crise

La crise vécue par l’agriculture fragilise aussi le secteur des agroéquipements. Les marges des fabricants et des distributeurs de matériel agricole ont fondu en 2014 et2015. Les perspectives s’annoncent cependant plus favorables pour 2016, notamment à l’exportation.

file-Pour 64% des distributeurs, les commandes de matériels neufs étaient en baisse et pour 54% d’entre eux, les commandes de matériel d’occasion l’étaient également.
Pour 64% des distributeurs, les commandes de matériels neufs étaient en baisse et pour 54% d’entre eux, les commandes de matériel d’occasion l’étaient également.

Les difficultés rencontrées par les agriculteurs se répercutent sur le secteur des agroéquipements. «Distributeurs comme fabricants de matériels agricoles voient leur marge se contracter en 2014», annonce Patrick Pérard, président de l’Union des industriels de l’agroéquipement (Axema), le 21 octobre dernier. Ainsi, la marge des fabricants chute de 2 à 10% entre 2013 et2014. Pour les distributeurs, la baisse avoisine les 4%. «Les trésoreries sont très tendues chez les distributeurs. La grande interrogation, c’est l’accompagnement des banques dans les en-cours», note Anne Fradier, secrétaire générale du Syndicat national des entreprises de services et de distribution du machinisme agricole, d’espaces verts et des métiers spécialisés (Sedima).

Le neuf comme l’occasion touchés

À l’origine de ces résultats, se trouve la diminution des achats de matériels de la part des agriculteurs, aussi bien sur le marché du neuf que sur celui de l’occasion. En juin dernier, Raphaël Lucchesi, président du Sedima, constatait déjà que la vente de matériel neuf subissait une tendance baissière au profit du marché de l’occasion. Ainsi, pour 64% des distributeurs, les commandes de matériels neufs étaient en baisse et pour 54% d’entre eux, les commandes de matériel d’occasion l’étaient également. Les stocks de matériels sont donc importants aux dépens de la trésorerie des concessionnaires. En juin, près de 53% des concessionnaires disaient déjà se trouver dans une situation de trésorerie difficile.

Par ailleurs, avec les difficultés financières que subissent les exploitations, les agriculteurs ont plus facilement tendance à entretenir leurs machines qu’à en racheter de nouvelles. Aussi l’activité des ateliers se développe. «Pour 50% des industriels, interrogés par Axema entre septembre et octobre 2015, la baisse des ventes a imposé de faire des efforts sur la marge de l’entreprise», analyse Patrick Pérard. Les investissements en matériels agricoles ont effectivement chuté de 7%, passant de 8,5 à 7,9 milliards d’euros. Pour 22% des industriels, le poids de la masse salariale a joué également. Et pour 14% d’entre eux, l’augmentation des contraintes réglementaires est aussi à l’origine de cette baisse des marges.

La volatilité se répercute sur l’amont

Si ces chiffres portent sur l’année 2014, il est fort probable que le phénomène se reproduise en 2015 au vu des difficultés que rencontrent les agriculteurs. Élodée Dessart, responsable du service économique chez Axema, le confirme. Elle constate également que les cycles d’investissements sont «de plus en plus courts et de plus en plus prononcés», avec un impact direct sur la bonne santé des fabricants et des distributeurs. La volatilité des cours des matières premières se répercute même en amont. Seuls les secteurs de la vigne et des espaces verts sortent du lot. Les revenus perçus par les viticulteurs tiennent mieux la route et les investissements vont de pair. Si l’élevage est particulièrement atteint cette année par la crise, notamment pour les jeunes, les céréaliers semblent vivre aussi une chute de leurs revenus.

À l’avenir, même si «le marché est relativement tendu à l’export», selon Patrick Pérard, les industriels imaginent un relais de croissance plutôt en dehors de la France, vers l’Asie notamment. Près de 43% d’entre eux prévoient ainsi une hausse de 3 à 15% de leur chiffre d’affaires à l’export au premier semestre 2016. Seuls 21% imaginent une telle croissance en France. Mais plus de la moitié des industriels prévoient une évolution de leur chiffre d’affaires comprise de - 2% à + 2%.

Légère amélioration à l’horizon

Pour autant, «le climat des affaires s’améliorera au premier semestre 2016», affiche avec certitude Élodée Dessart. La responsable du service économique chez Axema reconnaît tout de même que les marchés du neuf et de l’occasion risquent de «rester orientés à la baisse». D’après une enquête d’Axema réalisée en 2015, près de 54% des industriels perçoivent un «mauvais» à «très mauvais» moral chez les agriculteurs. Seuls 4% le jugent «bon». À moyen terme, 40% des agriculteurs eux-mêmes imaginent d’ici deux à trois ans une situation économique moins favorable que celle d’aujourd’hui, notamment dans l’élevage (baromètre Ifop-FNSEA juin2015).

Quelle sera alors la situation économique du secteur de l’agroéquipement, dans un contexte de baisse régulière du nombre d’agriculteurs? Une vraie question pour Raphaël Lucchesi qui avoue la grande difficulté à se projeter vers l’avenir aujourd’hui. «Il y a peu de visibilité sur notre industrie et notre agriculture au niveau français et européen», observe-t-il.

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