Aller au contenu principal

La raréfaction des éleveurs, facteur de désertification rurale

En élevage, comme dans toutes les filières agricoles, la transmission et le renouvellement des générations sont des problématiques importantes. Depuis plusieurs années, on assiste, en effet, au vieillissement des chefs d’exploitation en élevage. Un phénomène qui n’est pas sans conséquence pour les territoires ruraux.

file-La disparition des éleveurs inquiète les acteurs du monde rural
La disparition des éleveurs inquiète les acteurs du monde rural

«Il est important d’échanger sur l’installation afin de trouver une solution à un problème qui inquiète le monde agricole et que l’on n’arrive encore pas à résoudre : celui du renouvellement des générations», a rappelé Philippe Lescoat, vice-président de l’AFZ (Association française de zootechnie), en introduction d’une journée organisée sur le thème de l’installation et la transmission.

Actuellement, le renouvellement des générations est insuffisant pour pallier le vieillissement des chefs d’exploitation. D’après les chiffres avancés par Christophe Perrot, chargé de mission à l’Institut de l’Élevage, le pourcentage de chefs d’exploitation de moins de 40 ans possédant un cheptel, est en baisse tandis qu’ils sont de plus en plus nombreux à avoir plus de 50 ans.

Désaffection du métier

Dans les années 2000, grâce à la préretraite installation, mise en place dans les années 1990, le vieillissement des chefs d’exploitation était, en partie, endigué. Environ 40% des chefs d’exploitation en élevage avaient ainsi moins de 40 ans à cette période, contre moins de 30% à l’heure actuelle et 35% avant 1990. Mais la fin de cette mesure a marqué un retour en arrière.

Le flux de jeunes agriculteurs se réduit donc d’année en année. Entre 2000 et 2010, il y avait environ 4.200 installations par an. Entre 2010 et 2013, le nombre d’installations est passé à 3.100 par an, soit une réduction de 26%. Les agriculteurs sont aussi moins nombreux qu’avant à plébisciter l’élevage. Ainsi, le pourcentage de moyennes/grandes exploitations à s’installer avec un atelier d’élevage herbivore est passé de 63% entre 2000 et 2010 à 51% entre 2010.

Pour Jean-Marie Gilardeau, maître de conférences en droit rural retraité et éleveur, cette crise de vocation trouve ses racines dans la modernisation de l’agriculture qui a fait de l’agrandissement des exploitations la règle et de l’installation l’exception. Le maître de conférences estime que le phénomène est induit par une dépréciation générale du métier d’éleveur et le sentiment d’isolement qu’ils peuvent ressentir.

De nombreux obstacles à l’installation

Il avance également que, même si un jeune souhaite s’installer en élevage, il fait alors face à des difficultés foncières et à des problèmes de financement. D’autres freins à l’installation comme les problèmes juridiques inhérents au droit rural, ont également été évoqués par Jean-Marie Gilardeau.

Cette baisse du nombre d’éleveurs n’est pas sans conséquences pour les territoires ruraux. Elle entraîne une diminution de la population dans les territoires et ainsi la disparition du tissu social dans certaines régions françaises. Cette désertification est généralement accompagnée d’un vieillissement de la population et donc d’une perte d’attractivité pour les territoires.

La disparition des troupeaux pâturant a aussi pour conséquence un abandon des sols et donc le développement des friches. L’éleveur a, cependant, terminé son intervention sur une note positive ; pour lui l’union fait la force, il faut donc que tous les acteurs s’unissent pour attirer de nouveaux éleveurs. Il a ainsi conclu en paraphrasant Jean de La Fontaine «selon que la volonté sera puissante ou misérable l’avenir sera noir ou blanc».

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Le Sillon

Les plus lus

La vallée d’Ossau fait sa foire à Gère-Bélesten

Ce week-end pascal, c’est le retour de la foire agricole de la vallée d’Ossau. L’occasion de passer une belle journée en…

Une rencontre autour de l’élevage bovin landais, à Orist

La FDSEA propose ce rendez-vous afin de mettre en relief les plus-values qu’apporte cette filière malmenée sur le territoire,…

L’ALMA craint une recrudescence de la MHE

Après une pause hivernale, l’arrivée de températures plus clémentes fait craindre une reprise virale aux responsables de l’…

Camille, la pareuse d’onglons qui kiffe son métier

Équipée de son sécateur et de sa cage de retournement, la jeune fille est prête à aller entretenir les onglons des brebis et…

Jean-François Fruttero est le nouveau président de la caisse centrale de la MSA

Le viticulteur de Dordogne succède à Pascal Cormery à la tête de l’organisme, avec la volonté de conserver un régime de…

Pierre Lauga, volailler, traiteur, éleveur et passionné

L’étal est ouvert du mardi au dimanche aux halles de Pau (64). Entre préparation,
cuisine et commercialisation, le traiteur…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 98€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site du Sillon
Consultez le journal Le Sillon au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal du Sillon