La France perd du terrain dans le commerce agroalimentaire
La France perd des parts de marché à l'exportation dans les secteurs des viandes et du lait. Si un certain nombre de distorsions fiscales ou sociales sont clairement identifiées, les Français seraient moins réactifs aux signaux du marché.

En 2000, la part de la France dans les exportations agricoles et alimentaires mondiales était de 6,7 % et celle de l'Allemagne de 5,3 %. Huit ans plus tard, le rapport s'est inversé : la France n'est plus qu'à 5,7 % tandis que l'Allemagne atteint 6,6 %. Philippe Rouault, délégué interministériel aux industries agroalimentaires et de l'agro-industrie, à qui le gouvernement a demandé une mission sur la compétitivité des industries agroalimentaires françaises confirme le diagnostic. L'industrie française de la viande et du lait a perdu des parts de marché par rapport à son homologue allemande.Handicaps franco-français
Et de pointer un certain nombre de handicaps spécifiquement français. D'abord le coût de la main-d'oeuvre. « Dans les métiers de la viande, il y a un avantage comparatif de l'Allemagne à cause d'un coût de la main-d'oeuvre plus faible et la présence de salariés venus des nouveaux États membres ou de l'Est de l'Union européenne », a déclaré Philippe Rouault lors d'une rencontre organisée à l'ambassade d'Allemagne avec des responsables professionnels et des élus d'outre Rhin, le 18 octobre. Il estime à 7 € l'heure le coût de la main-d'oeuvre en Allemagne contre 18 € en France dans les métiers de la viande.
Dans le secteur laitier, il pointe plutôt le prix du lait à la production « plus élevé en France qu'en Allemagne ». Dans l'industrie laitière « la compétitivité allemande se fait plutôt sur le prix du lait », observe-t-il.
Autre distorsion au bénéfice des agriculteurs allemands : la fiscalité agricole. Le régime forfaitaire TVA est beaucoup plus avantageux de l'autre côté du Rhin. En quelques mots, les agriculteurs allemands ne remboursent pas la totalité de TVA qu'ils perçoivent sur la vente de leurs produits.Une politique volontariste outre Rhin Enfin, les agriculteurs tirent un avantage certain de la politique mise en place par les pouvoirs publics en matière d'énergies renouvelables et notamment pour ce qui concerne le soutien des pouvoirs publics aux unités de méthanisation et au prix d'achat de l'électricité. « La production de biogaz peut apporter un revenu complémentaire de 20 à 30 % au revenu des exploitants agricoles », estime Philippe Rouault.
De l'autre côté du Rhin, la priorité a aussi été donnée aux investissements de modernisation des élevages et de mise aux normes environnementales et de bien-être, indique Peter Bleser, député CDU-CSU au Bundestag. Ce qui n'a pas été le cas en France, notamment dans le secteur porcin.
D'une façon générale d'ailleurs, Peter Bleser insiste sur la volonté politique du gouvernement allemand de doper l'industrie alimentaire sur les marchés étrangers, les débouchés étant beaucoup plus rémunérateurs que sur le marché intérieur. « Pour la viande et le lait, notre pays a décidé de trouver des débouchés sur les marchés extérieurs », a-t-il déclaré. En faisant davantage confiance « aux forces du marché plutôt qu'aux réglementations » diverses et variées.Combativité et adaptation De nombreux observateurs et notamment Sabine Echner Lisboa, directrice de la Fédération allemande de l'industrie alimentaire, ne cachent pas que la concurrence est très vive sur le marché intérieur en raison de l'importance prise par le hard discount. D'où une certaine combativité à l'extérieur des frontières. « Nous sommes allés chercher des débouchés à l'étranger pour améliorer notre rapport qualité/prix », observe-t-elle.
Une analyse partagée par Jean-Paul Jamet, secrétaire général du Centre national de promotion des produits agricoles et alimentaires. Depuis la réforme de la PAC de 2003, « la France n'a pas voulu abandonner le confort des politiques précédentes faits de prix stables (du moins pour le lait), alors que les Allemands ont été plus réactifs aux signaux du marché », observe-t-il.
Bref, les distorsions fiscales ou sociales n'expliqueraient pas tout. Il y aurait un état d'esprit plus favorable en Allemagne à une logique entrepreneuriale qui n'existerait pas en France.
Dans le secteur laitier, il pointe plutôt le prix du lait à la production « plus élevé en France qu'en Allemagne ». Dans l'industrie laitière « la compétitivité allemande se fait plutôt sur le prix du lait », observe-t-il.
Autre distorsion au bénéfice des agriculteurs allemands : la fiscalité agricole. Le régime forfaitaire TVA est beaucoup plus avantageux de l'autre côté du Rhin. En quelques mots, les agriculteurs allemands ne remboursent pas la totalité de TVA qu'ils perçoivent sur la vente de leurs produits.Une politique volontariste outre Rhin Enfin, les agriculteurs tirent un avantage certain de la politique mise en place par les pouvoirs publics en matière d'énergies renouvelables et notamment pour ce qui concerne le soutien des pouvoirs publics aux unités de méthanisation et au prix d'achat de l'électricité. « La production de biogaz peut apporter un revenu complémentaire de 20 à 30 % au revenu des exploitants agricoles », estime Philippe Rouault.
De l'autre côté du Rhin, la priorité a aussi été donnée aux investissements de modernisation des élevages et de mise aux normes environnementales et de bien-être, indique Peter Bleser, député CDU-CSU au Bundestag. Ce qui n'a pas été le cas en France, notamment dans le secteur porcin.
D'une façon générale d'ailleurs, Peter Bleser insiste sur la volonté politique du gouvernement allemand de doper l'industrie alimentaire sur les marchés étrangers, les débouchés étant beaucoup plus rémunérateurs que sur le marché intérieur. « Pour la viande et le lait, notre pays a décidé de trouver des débouchés sur les marchés extérieurs », a-t-il déclaré. En faisant davantage confiance « aux forces du marché plutôt qu'aux réglementations » diverses et variées.Combativité et adaptation De nombreux observateurs et notamment Sabine Echner Lisboa, directrice de la Fédération allemande de l'industrie alimentaire, ne cachent pas que la concurrence est très vive sur le marché intérieur en raison de l'importance prise par le hard discount. D'où une certaine combativité à l'extérieur des frontières. « Nous sommes allés chercher des débouchés à l'étranger pour améliorer notre rapport qualité/prix », observe-t-elle.
Une analyse partagée par Jean-Paul Jamet, secrétaire général du Centre national de promotion des produits agricoles et alimentaires. Depuis la réforme de la PAC de 2003, « la France n'a pas voulu abandonner le confort des politiques précédentes faits de prix stables (du moins pour le lait), alors que les Allemands ont été plus réactifs aux signaux du marché », observe-t-il.
Bref, les distorsions fiscales ou sociales n'expliqueraient pas tout. Il y aurait un état d'esprit plus favorable en Allemagne à une logique entrepreneuriale qui n'existerait pas en France.