La conjoncture complètement renversée du marché des céréales

Le Conseil spécialisé céréales de la campagne 2009-2010 s'est réuni le 13 juillet, alors que du côté des récoltes comme des marchés règne une grande incertitude quant à la tournure que prendra la nouvelle campagne qui vient de démarrer.Alors que la campagne 2009-2010 s'était engagée dans un contexte de pléthore, notamment pour le marché français du blé, la conjoncture s'est retournée en un trimestre et le stock de report de blé attendu à 4 millions de tonnes en début d'année est revenu à la normale à 2,7 Mt, quelque 15 % de moins qu'à l'issue de la précédente campagne.Ce revirement est d'abord à mettre au compte d'un volume d'exportation record qui efface même un important ajustement en hausse de la collecte. Les exportations vers les pays tiers, espérées en début de campagne à 8 ou 8,5 Mt ont, en définitive, dépassé le record de l'an dernier avec 9,85 Mt. Les prix français s'étant révélés compétitifs gràce à la fermeté du dollar face à l'euro. Les ventes à l'Union européenne ont également réalisé un beau score, tout comme les incorporations par les fabricants d'aliments du bétail avec 5,4 Mt.
Les effets haussiers du « Weather Market »Ainsi, une campagne mise sous la pression de l'offre pendant ses trois premiers quarts avec des prix excessivement bas, se termine sur une vigoureuse reprise des cours qui frôlent les 160 euros la tonne pour livraison octobre/décembre rendue Rouen, pour du blé de qualité standard, après être fréquemment tombée sous les 120 euros durant la campagne écoulée.Néanmoins, ce bilan considérablement allégé n'est pas la seule raison de la hausse des prix. Le « Weather Market », c'est-à -dire l'influence des conditions climatiques sur le marché, a joué de manière très importante depuis le mois de juin dans cette évolution des cours. La canicule et la sécheresse ont entraîné des pertes de rendements non encore chiffrées avec précision mais qui ont amené tous les observateurs à réduire leurs prévisions de récolte.FranceAgriMer avance un volume de récolte de blé à 35,3 Mt contre 36,5 Mt l'an dernier, ce qui est déjà considéré comme optimiste (lire écho ci-contre). Les diverses prévisions de récolte, en baisse pour raisons climatiques (dans l'Europe de l'Ouest en général), ont eu un effet haussier logique sur les cours, accentué par des marchés à terme nerveux et spéculatifs. Les premières moissons de blé diront si les craintes ou les espoirs de récolte permettront d'assurer la pérennité de la forte reprise des prix.
Le mais en franc-tireurLes ajustements apportés au bilan orge de juin par FranceAgriMer sont réduits. Cette céréale n'a pas bénéficié du même courant d'exportation que le blé et les fabricants d'aliments ont moins recouru à l'orge qu'on aurait pu l'espérer devant les prix bas. L'orge termine dons la campagne avec un stock de report excessivement élevé (plus que celui du blé !) de 3,5 Mt, dont 1 Mt à l'intervention. Mais la récolte estimée, pour le moment, à 10,4 Mt, soit 20 % de moins que l'an dernier permettra de rétablir un meilleur équilibre par rapport à la pléthore de l'an dernier.En terme d'équilibre, c'est le mais qui durant presque toute la campagne, s'est montré exemplaire gràce, là encore, à l'exportation dont le bilan a encore été révisé en hausse par le Conseil spécialisé céréales passant de 7,35 Mt estimé en juin, à 7,55 Mt. Face à un marché des céréales à paille déprimé, les cours du mais ont été fermes et la prévision de stock de report a encore été abaissée de 150 000 t, à 2,2 Mt. Il est encore prématuré d'émettre une prévision de production de mais, d'autant que pour le moment les conditions météorologiques n'ont pas eu les mêmes conséquences sur cette culture que pour les céréales à paille.