Irrigation : et pourquoi pas le goutte à goutte?
Le système d'irrigation goutte à goutte est utilisé depuis les années soixante-dix en arboriculture, et cultures maraîchères. Il a tendance à se démocratiser en plein champ dans certaines régions du monde dont l'Espagne et l'Italie. Seuls quelques rares agriculteurs l'utilisent déjà en France. Pourtant, Il pourrait avoir un intérêt sur certains sous-bassins fortement déficitaires en eau.

Jeudi 19 septembre, le service irrigation de la chambre d'agriculture proposait une visite de l'expérimentation du goutte à goutte enterré sur mais (comparaison avec l'irrigation par pivot) chez Bruno Cabé à Villeneuve de Marsan (Landes).
Dans le cadre du programme régional d'appui technique aux irrigants, un essai d'irrigation avec du goutte à goutte enterré pour grandes cultures a donc été mis en place l'an dernier, sur une parcelle de Bruno Cabé à Villeneuve de Marsan (Landes). L'objectif étant de comparer son efficacité avec celle d'une irrigation par pivot.
Le système avec de la gaine spéciale grande culture de l'entreprise Nétafim a été installé sur 1,3ha (lire ci-dessous), à côté d'une parcelle de 8,8ha irriguée par un pivot. Les deux champs ont été équipés d'un système automatisé de suivi de l'humidité du sol, à partir de sondes tensiométriques. Étaient aussi mesurées les doses d'irrigation par pivot et les apports par les pluies.
Essai comparatif
L'irrigation en goutte à goutte a démarré le 19 juillet, avec un débit à 3,1mm/jour en 3 apports journaliers (gérés automatiquement par des électrovannes) toutes les 8heures. Sur la saison, elle a fonctionné 55 jours pour un volume global de 1718m3/ha. «On n'a pas démarré assez tôt et l'azote a mis du temps à arriver aux racines car il n'a pas pu se diffuser convenablement dans le sol qui est resté sec en surface» regrette Bruno Cabé. L'irrigation par pivot a démarré le 15 juillet, avec un tour d'eau de 17mm tous les quatre jours. Treize passages ont été nécessaires pour un apport de 2210m3/ha.
Le résultat est clair: le goutte à goutte a permis une économie d'eau de 49,2 mm, soit 22%. En outre, le sol s'est desséché moins rapidement à l'arrêt de l'irrigation. Bruno Cabé affiche une grande satisfaction: «ce système économise l'eau, mais aussi l'énergie (fonctionnement en basse pression). L'an prochain, nous l'utiliserons pour l'apport fractionné d'azote (fertirrigation) aux racines. Il y aura sans doute à la clé des économies d'engrais et de passages de tracteurs, ainsi que des gains de rendements». Selon le fabriquant Nétafim, les quantités de fertilisants peuvent être réduites gràce au fractionnement.
Nombreuses économies
Autre atout de la technique, le gain de temps. «Une fois le système mis en place (au moins pour 20 ans), il ne nécessite qu'un peu de surveillance des manomètres et une purge des canalisations une fois par semaine. Et s'il pleut, il faut l'arrêter». En outre, en supprimant l'humidité au-dessus de la terre, le système réduit les levées de mauvaises herbes et conserve au sec le feuillage du mais, réduisant les risques de champignons. Il est sensible ni au vent ni à l'évaporation et très discret. Autre atout de la technique: «Ceux qui sont contre l'irrigation du mais en été ne voient rien. C'est bon pour l'image du mais!»
Le principal inconvénient du système est l'obligation d'un travail du sol peu profond (25 cm maximum) pour éviter d'endommager les gaines. C'est le cas chez Bruno Cabé en semis direct depuis déjà plusieurs années. L'investissement est par ailleurs assez important, de 3.500 ou 4.500€/ha selon la taille de la parcelle, mais il devrait être amorti rapidement gràce aux économies et gains de rendements. L'exploitant se donne encore une année d'observation de l'expérimentation avant de développer le système sur d'autres parcelles, en remplacement des enrouleurs et de la couverture intégrale. D'autant plus que le système s'adapte à tous types de parcelles.
Dominique Maurel
Éléments techniquesLa gaine en polypropylène est d'un diamètre de 16mm et d'une épaisseur de 0,6mm. Chaque goutteurs est espacé de 50cm (10km de gaines/hectare) et débite0,6 litre/heure.
Ils sont autorégulateurs de pression et équipés de protection anti pénétration racinaire.
L'espacement est d'un mètre entre gaines, la profondeur d'enfouissement de 33cm (dans des sables du Marsan avec 45mm de RFU).
L'eau provient d'un pompage collectif dans la rivière Midou.
Le chantier a nécessité la mobilisation d'un tracteur pour tirer la machine servant à l'enfouissement des gaines et d'une pelle pour les tranchées d'alimentation et de décharge du réseau.
Ils sont autorégulateurs de pression et équipés de protection anti pénétration racinaire.
L'espacement est d'un mètre entre gaines, la profondeur d'enfouissement de 33cm (dans des sables du Marsan avec 45mm de RFU).
L'eau provient d'un pompage collectif dans la rivière Midou.
Le chantier a nécessité la mobilisation d'un tracteur pour tirer la machine servant à l'enfouissement des gaines et d'une pelle pour les tranchées d'alimentation et de décharge du réseau.