G20 : quelques avancées en matière agricole
En matière agricole, les chefs d'Etat et de Gouvernement réunis à Cannes, les 3 et 4 novembre, ont repris à leur compte les recommandations du G20 des ministres de l'Agriculture en juin dernier. A savoir : la relance des investissements et de la recherche agricole, la mise en place d'un système d'information sur les marchés agricoles, l'interdiction de mesures de rétorsion à l'exportation ainsi que l'encadrement des marchés à terme pour lutter contre la spéculation.

Lors du sommet de Cannes, les chefs d'État et de gouvernement ont entériné les recommandations prises par le G20 agricole. © CE
Même si la crise grecque et l'euro ont occupé une grande partie des débats du G20, les 3 et 4 novembre à Cannes, l'agriculture n'a pas été oubliée. En effet, les chefs d'État et de Gouvernement ont entériné les recommandations du G20 agricole adoptées, le 23 juin dernier. Comme le souhaitaient les ministres de l'agriculture, les Vingt se sont mis d'accord sur la nécessité de relancer la production agricole à l'échelle de la planète « pour nourrir la population mondiale ».
Aussi ont-ils décidé « d'investir dans la recherche et développement en matière de productivité agricole et de la soutenir ». Cet engagement rejoint celui des ministres de l'agriculture qui s'était prononcé sur le lancement d'un programme de recherche sur le blé. Les travaux sur la découverte de son génome ont d'ailleurs démarré en septembre dernier à Montpellier.
Premier pas vers la transparence
Deuxième engagement des chefs d'État et de Gouvernement, le lancement du système d'information sur les marchés agricoles (SIMA) pour accroître la transparence sur les marchés des produits agricoles en améliorant la collecte et la fiabilité des informations recueillies. Celui-ci est d'ailleurs d'ores et déjà opérationnel puisqu'il a été officiellement créé, le 15 septembre dernier à Rome dans le cadre de la FAO avec le concours de la Banque mondiale, de l'OCDE, du programme alimentaire mondial, du Fonds international pour le développement agricole, l'Organisation mondiale du commerce et l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires. Son premier rapport sur la situation et les perspectives des marchés du blé, du mais, du riz et du soja est disponible sur internet.
En outre, pour prévenir les risques de crise alimentaire, un « forum de réaction rapide » sera mis en place, regroupant pays producteurs, exportateurs et consommateurs. Il s'agit d'une espèce de conseil de sécurité agricole qui sera amené à coordonner les politiques du G20 en matière agricole et alimentaire. À éviter par exemple, en cas d'accident climatique, des décisions unilatérales d'exportations, comme l'a fait la Russie, l'an dernier, en matière de céréales. Ou à mettre en place des politiques coordonnées de constitution de stocks d'urgence pour renforcer la sécurité alimentaire.
Une expérimentation en ce sens est en cours au sein de la Communauté des pays de l'Afrique de l'Ouest. D'autre part, comme s'y étaient engagés également les ministres de l'agriculture, les chefs d'État et de gouvernement ont convenu de faire disparaître les restrictions aux exportations alimentaires ou les taxes exceptionnelles pour les aliments achetés à des fins humanitaires et non commerciales par le programme alimentaire mondial.
Prévenir les abus
Enfin pour limiter la volatilité des prix agricoles, le G20 s'en remet aux recommandations du superviseur international, l'Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV) sur l'amélioration de la régulation et de la tutelle des marchés financiers des matières premières. Les grands décideurs de la planète sont favorables à ce que les régulateurs de marché soient « dotés de réels pouvoirs d'intervention pour prévenir les abus de marché ».
Et qu'ils aient la possibilité, entre autres pouvoirs d'intervention, de « disposer et faire usage de leurs pouvoirs de contrôle des positions, y compris d'établir des limites de position ». Mais il faut reconnaître qu'en la matière, les États-Unis ont une longueur d'avance puisqu'ils sont en train de renforcer leur réglementation en ce sens, alors que l'Union européenne n'en est qu'au stade des propositions.
OMC : trouver des « approches neuves et crédibles Le G20 a réitéré son « attachement » au cycle de Doha. Toutefois, « il est clair que nous ne (le) conclurons pas si nous continuons à conduire les négociations comme par le passé », reconnaissent-ils, demandant à leurs ministres de « travailler » sur des « approches neuves et crédibles » lors de la conférence de l'OMC en décembre. Le sommet de Cannes s'est également déclaré « favorable au renforcement de l'OMC qui doit jouer un rôle plus actif dans l'amélioration de la transparence des relations et des politiques commerciales et dans celle du fonctionnement du mécanisme de règlement des différends ». Parallèlement, le G20 se dit « résolu à renforcer la dimension sociale de la mondialisation ».
La France passe le relais au MexiqueSuccédant à la France, le Mexique prendra le 1er décembre la présidence du G20. Il prévoit la tenue d'un sommet en juin 2012 à Los Cabos, Basse-Californie. Cette présidence sera assurée par la Russie en 2013, l'Australie en 2014 et la Turquie en 2015. Après 2015, les présidences annuelles du G20 seront choisies à partir de groupes régionaux tournants, en commençant par le groupe asiatique qui comprend la Chine, la Corée, l'Indonésie et le Japon.