Désherbage : alternative au tout chimique
Respect de l'environnement et de la législation, économie d'intrants sont autant de raison d'essayer les techniques de désherbage mécanique, mais seulement lorsque les conditions sont optimales.
Du 3 au 5 juin se déroulait à Agen le premier salon du bio et de l'agriculture durable. Agriculteurs conventionnels et bios y étaient invités. Éric Nassiet, très impliqué dans le réseau Farre (forum pour une agriculture raisonnée respectueuse de l'environnement) landais était au rendez-vous.
« J'y ai recherché de nouvelles approches sur l'agronomie, de nouvelles techniques, ainsi que des résultats économiques » explique l'agriculteur d'Habas. « Notre objectif à Farre est en effet de chercher les méthodes de travail les plus douces pour notre environnement, tout en conservant une exploitation viable ». Et ce dernier aspect économique est pour lui fondamental.
L'eau à l'honneur au SIAD
L'eau était tout particulièrement mise à l'honneur dans ce salon, avec une table ronde sur l'avenir de l'eau dans le Sud-Ouest, à laquelle participait Jean-Luc Capes, président de l'AGIL. L'intervention d'un invité de taille, Erik Orsenna*, apportait quant à elle une approche sociétale de la thématique. « Son livre n'est pas contre l'irrigation française. Ce qui est rare ! » note l'exploitant.
Un dossier d'actualité, était aussi au programme des conférences, celui d'écophyto 2 018. L'échéance approche et il est temps d'anticiper avec des méthodes alternatives au tout chimique. Éric Nassiet y travaille depuis plusieurs années pour le désherbage de rattrapage et il en convient, « les désherbages mécaniques permettent de diminuer les volumes de produits phytosanitaires ». Il relativise cependant ses propos : « Ce type de désherbage doit en conséquence être encouragé à condition de ne pas s'interdire le recours aux produits chimiques quand c'est nécessaire ».
En effet, ces techniques ne sont pas toujours faciles à mettre en oeuvre car elles doivent être réalisées dans des conditions optimales. « Il faut une bonne portance des sols et une intervention alors que les adventices sont encore petites. Ensuite, une période de beau temps est nécessaire pour que les racines des adventices déracinées se dessèchent ». Si ces conditions ne sont pas réunies, il juge préférable de passer au désherbant chimique. « Chaque année est différente. Il faut choisir la meilleure stratégie après observation de l'état des sols et des cultures ». Par exemple, pour cette campagne en mais conso, les rattrapages mécaniques ont été impossible du 28 avril au 18 mai et l'exploitant a dû recourir, plus que les autres années, au traitement chimique. Sur le mais semence semé plus tard, il pense pouvoir intervenir en désherbage mécanique, à la bineuse, « à moins que la pluie ne s'installe ».
D'autre part, selon le type de travail recherché, l'exploitant n'hésite pas à changer, ce qui nécessite une certaine expérience, le type de soc de sa bineuse : les plus larges pour essentiellement arracher les adventices, les plus étroits, style vibro pour obtenir une aération du sol ou un buttage des rangs de mais (par talonnage de la bineuse). Et c'est là un atout supplémentaire du binage : outre l'intérêt en terme d'économie sur les produits phytosanitaires, le binage assure, avec un travail du sol dans l'inter rang, son réchauffement rapide, ainsi qu'une aération après une période pluvieuse. Il faut cependant intégrer le coût de l'investissement dans la bineuse (de 15 000 à 22 000 €).
Dans les zones très infestées, Éric Nassiet couple le traitement chimique localisé sur le rang au binage (les rampes ne sont ouvertes qu'à certains endroits), lorsque ce dernier n'est pas suffisant pour éliminer les adventices.
D. M.
* Romancier, académicien français, auteur de « l'avenir de l'eau » pour lequel il a reçu le prix Joseph Kessel. La houe rotative
Éric Nassiet fait des essais depuis quelques années sur cette houe habituellement destinée à l'agriculture bio. L'outil est constitué de roues étoilées munies de doigts terminés en forme de cuillère. Il l'utilise pour faire des rattrapages sur le rang et des décroûtages. Les roues déracinent les adventices très près de la plantule, sans gêner cette dernière dans sa croissance. L'outil est très complémentaire d'autres techniques de désherbage.
« J'y ai recherché de nouvelles approches sur l'agronomie, de nouvelles techniques, ainsi que des résultats économiques » explique l'agriculteur d'Habas. « Notre objectif à Farre est en effet de chercher les méthodes de travail les plus douces pour notre environnement, tout en conservant une exploitation viable ». Et ce dernier aspect économique est pour lui fondamental.
L'eau à l'honneur au SIAD
L'eau était tout particulièrement mise à l'honneur dans ce salon, avec une table ronde sur l'avenir de l'eau dans le Sud-Ouest, à laquelle participait Jean-Luc Capes, président de l'AGIL. L'intervention d'un invité de taille, Erik Orsenna*, apportait quant à elle une approche sociétale de la thématique. « Son livre n'est pas contre l'irrigation française. Ce qui est rare ! » note l'exploitant.
Un dossier d'actualité, était aussi au programme des conférences, celui d'écophyto 2 018. L'échéance approche et il est temps d'anticiper avec des méthodes alternatives au tout chimique. Éric Nassiet y travaille depuis plusieurs années pour le désherbage de rattrapage et il en convient, « les désherbages mécaniques permettent de diminuer les volumes de produits phytosanitaires ». Il relativise cependant ses propos : « Ce type de désherbage doit en conséquence être encouragé à condition de ne pas s'interdire le recours aux produits chimiques quand c'est nécessaire ».
En effet, ces techniques ne sont pas toujours faciles à mettre en oeuvre car elles doivent être réalisées dans des conditions optimales. « Il faut une bonne portance des sols et une intervention alors que les adventices sont encore petites. Ensuite, une période de beau temps est nécessaire pour que les racines des adventices déracinées se dessèchent ». Si ces conditions ne sont pas réunies, il juge préférable de passer au désherbant chimique. « Chaque année est différente. Il faut choisir la meilleure stratégie après observation de l'état des sols et des cultures ». Par exemple, pour cette campagne en mais conso, les rattrapages mécaniques ont été impossible du 28 avril au 18 mai et l'exploitant a dû recourir, plus que les autres années, au traitement chimique. Sur le mais semence semé plus tard, il pense pouvoir intervenir en désherbage mécanique, à la bineuse, « à moins que la pluie ne s'installe ».
D'autre part, selon le type de travail recherché, l'exploitant n'hésite pas à changer, ce qui nécessite une certaine expérience, le type de soc de sa bineuse : les plus larges pour essentiellement arracher les adventices, les plus étroits, style vibro pour obtenir une aération du sol ou un buttage des rangs de mais (par talonnage de la bineuse). Et c'est là un atout supplémentaire du binage : outre l'intérêt en terme d'économie sur les produits phytosanitaires, le binage assure, avec un travail du sol dans l'inter rang, son réchauffement rapide, ainsi qu'une aération après une période pluvieuse. Il faut cependant intégrer le coût de l'investissement dans la bineuse (de 15 000 à 22 000 €).
Dans les zones très infestées, Éric Nassiet couple le traitement chimique localisé sur le rang au binage (les rampes ne sont ouvertes qu'à certains endroits), lorsque ce dernier n'est pas suffisant pour éliminer les adventices.
D. M.
* Romancier, académicien français, auteur de « l'avenir de l'eau » pour lequel il a reçu le prix Joseph Kessel. La houe rotative
Éric Nassiet fait des essais depuis quelques années sur cette houe habituellement destinée à l'agriculture bio. L'outil est constitué de roues étoilées munies de doigts terminés en forme de cuillère. Il l'utilise pour faire des rattrapages sur le rang et des décroûtages. Les roues déracinent les adventices très près de la plantule, sans gêner cette dernière dans sa croissance. L'outil est très complémentaire d'autres techniques de désherbage.