Aller au contenu principal

Après 50 ans, les Safer prennent un nouveau départ

Cantonnées, à  leur création, à  la régulation du marché des terres agricoles, les Safer (sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural) sont désormais un opérateur d'aménagement global des territoires ruraux et périurbains.

file-8438
Les idées qui ont présidé à  la création des Safer retrouvent toute leur actualité, pour les campagnes mais aussi pour les villes, avec le développement des zones périurbaines. La maîtrise du foncier est nécessaire. Les Safer demeurent des outils indispensables. » L'auteur de cette proclamation n'est pas un responsable agricole ni un aménageur autoritaire mais Gérard Collomb, le maire de Lyon, lors de son adresse aux 1.300 responsables de ces organismes réunis dans sa ville pour célébrer, le 2 décembre, leur 50e anniversaire. Voilà  qui a dû mettre du baume au coeur à  ceux qui furent à  l'origine de ces sociétés et qui se souviennent de l'hostilité qu'elles suscitèrent lors de leur création par les lois d'orientation de 1960 et 1962. Non seulement de la part des courants conservateurs traditionnels mais aussi du Parti communiste et du Parti socialiste d'alors (SFIO), et même à  l'intérieur du syndicalisme agricole. Lutte entre modernes et anciens Marcel Deneux, sénateur de la Somme qui présidait le CNJA à  l'époque, a rappelé lors d'une table ronde le dur combat entre jeunes et aînés à  ce sujet. Les jeunes l'ont gagné. Sans doute, comme il l'a souligné, « parce que nous avions un programme complet de modernisation de l'agriculture alors que la FNSEA de l'époque se bornait à  la défense des prix agricoles. » Ces jeunes étaient aussi portés par des valeurs issues de la JAC comme le sens de la responsabilité et de la solidarité : « Pour nous, il s'agissait de donner à  chacun, quelle que soit la dimension de son exploitation d'origine, le maximum de chances de réussir », s'est souvenue Marie-Thérèse Nouvellon, alors attachée de direction au CNJA. En face d'eux, un pouvoir politique nouveau, la Ve République, incarnée par le général de Gaulle, résolu à  moderniser l'agriculture mais ne sachant pas comment s'y prendre. Il fut sensible aux propositions des Jeunes Agriculteurs et ce d'autant que nombre de dirigeants aînés avaient fait partie de la Corporation paysanne créée par le régime de Vichy. « Les Safer ne furent pas une création idéologique : il s'agissait d'éviter que l'argent seul décide sur le marché foncier », a toutefois expliqué Jean Méo, alors conseiller technique à  l'Élysée. Les Safer « font partie du paysage » Aujourd'hui, les Safer « font partie du paysage ». Plus de 13 millions d'hectares ont transité par ces sociétés depuis leur origine. Certes, elles continuent à  faire quelques mécontents. C'est inévitable quand par exemple plusieurs agriculteurs sont candidats à  la rétrocession d'une même terre : tous ne peuvent être satisfaits. Mais depuis les années 1960, leur champ de compétence s'est élargi. À l'agriculture (installation des jeunes, restructuration parcellaire y compris forestière, développement de nouvelles formes d'agriculture), se sont ajoutés l'environnement (qualité des eaux, zones humides, trames verte et bleue, indicateur de consommation d'espace) ainsi que le développement local (infrastructures, politiques diverses des collectivités locales). Pour remplir au mieux l'ensemble de ces missions, les Safer ont accueilli dans leurs instances de décision les représentants des collectivités locales et, plus récemment, ceux des associations agréées de protection de la nature. Trop dépendantes du marchés Cependant, mener à  bien des missions aussi multiples que complexes exige des moyens. Or, le financement des Safer par l'État est tombé de 50 % de leur budget à  leur création à  6 % aujourd'hui. « Plus de 86 % de nos ressources sont tirées du marché, soit sous forme de marges sur opérations, soit sous forme de prestations diverses. C'est remarquable, certes, mais c'est trop pour des organismes à  but non lucratifs – c'est la loi qui le dit – chargés de missions de service public, elles aussi définies par la loi », a souligné André Thévenot. Le président de la Fnsafer propose que ces missions de service public soient financées par l'instauration, via la loi, d'une taxe d'aménagement foncier d'un montant maximum de deux euros par habitant, un mode de financement comparable à  celui des établissements publics fonciers mais d'un montant nettement moindre. Dans son allocution-vidéo, le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a assuré qu'il recherchait avec son collègue ministre du Logement des solutions pour assurer aux Safer, de façon pérenne, le financement de ce type d'actions.
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Le Sillon

Les plus lus

L'Agenda de votre semaine

Réunion d'informations, sortie culturelle, conférence débat, portes ouvertes : retrouvez tous les événements  organisés…

Quand la solidarité contre le cancer se pare de rose

Octobre Rose, la grande campagne nationale de sensibilisation au cancer du sein, mobilise hôpitaux, associations,…

Aux Méca-Culturales, le tissu agricole tourné vers l’avenir

Mercredi et jeudi à Saint-Agnet, le salon a offert une vitrine exceptionnelle de l’innovation.

Le ban des vendanges est ouvert en Madiran et Pacherenc

Suite à l’autorisation administrative des trois préfets de l’appellation, la traditionnelle cérémonie du ban des vendanges s’…

file-La valeur de l’indice, fixé par arrêté préfectoral avant chaque début du mois d’octobre, permet d’actualiser les loyers entre le 1er octobre et le 30 septembre.
Fermages 2025 : augmentation de l’indice de 0,42 %

L’arrêté préfectoral du 28 août dernier a repris l’indice des fermages publié par arrêté ministériel. L’indice passe de 122,55…

Une inauguration pour célébrer le triste anniversaire du sinistre de la vallée d’Aspe

Un an après les terribles inondations qui ont dévasté quatre villages du Haut-Béarn, les élus et représentants de l’État ont…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 98€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site du Sillon
Consultez le journal Le Sillon au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal du Sillon