Agrainage maîtrisé, maître mot d'une bonne gestion des nuisibles
Avec un agrainage parfaitement maîtrisé et de nombreuses battues organisées au bon moment avec les communes voisines, l'ACCA de Campagne (Landes) a réussi à réduire, de façon importante, les dégàts des sangliers.
Avec 47 sangliers et 30 renards à leur tableau de chasse 2010, Éric Bats, agriculteur éleveur à Campagne (40) et ses collègues chasseurs de l'ACCA du village sont plutôt satisfaits de leur contribution à la régulation de ces deux nuisibles qui pullulent dans la campagne landaise. Leur réussite, ils la doivent à une grande implication dans le plan de gestion du sanglier.
« Chez nous, l'agrainage est une vraie réussite. La stratégie est bonne à condition que ce soit bien fait » indique Éric Bats. Force est de constater que depuis la mise en place du système, les dégàts sur les semis de mais autour du village sont bien moins importants.
Cependant, un agrainage efficace est exigeant. Tout d'abord, il doit débuter le plus tôt possible avant les semis du mais pour habituer le sanglier à venir sur les agrains. « Ca peut prendre du temps ! ». C'est pourquoi l'an dernier, le mais (donné par les coopératives et acheté par la fédération des chasseurs) pour nourrir les animaux n'étant pas disponible en début de saison, quelques agriculteurs du secteur n'ont pas hésité à puiser dans leur stock personnel.
Un agrainage dans les règles de l'art
Ensuite, un bon agrainage est régulier. « Il faut y aller tous les jours, être très assidu. Les cochons ne doivent jamais manquer de grains. Il faut avouer que c'est très prenant. Quatre à cinq personnes se relaient pour faire le travail ». La corvée dure jusqu'en juin, pour être sûr que tous les mais, en particulier le « doux » et le « semences », soient suffisamment grands.
Enfin, l'agrainage est délicat. Les lieux de distribution du grain doivent être repérés avec soin, sur les lieux de passage des animaux. « À force d'observation, on obtient un certain savoir-faire en la matière » précise Christophe Candau, président de l'ACCA de Campagne.
À partir du moment où ce nourrissage a commencé, il n'est plus question de chasser. « Ainsi, les animaux ne sont pas dérangés et ils restent où ils sont ». Les battues ne reprennent qu'au stade 4 à 5 feuilles du mais, quand les sangliers sont moins attirés par la plantule. Jusqu'à la mi-août, elles ne peuvent être décidées que par le lieutenant de louveterie, après une plainte et le constat de dégàts par la fédération des chasseurs.
En 2010, huit battues ont été organisées sur la commune, avec le concours de trois communes limitrophes, Meilhan, Souprosse et Le Leuy. Elles ont rassemblé à chaque fois entre 50 et 100 personnes, dont quasiment tous les agriculteurs de Campagne. Éric Bats avoue une part de chance dans les 17 cochons abattus en juin en trois sorties. « Cela dit, la chance, on l'a créée en organisant des battues au pied levé dès signalisation de sangliers dans un champ et avec un maximum de personnes ».
Manque de coopération
Le président de l'ACCA souligne l'implication du lieutenant de louveterie : « nous avons eu la chance qu'il soit disponible à chaque fois. Cette responsabilité demande beaucoup de disponibilité, alors que c'est du bénévolat. Ce n'est pas toujours facile pour eux ! ». Pour les participants aux battues, la lassitude s'installe aussi en fin d'été, après trois mois de chasse presque tous les soirs, souvent dans les mais alors qu'il fait chaud. « Ils viennent quand même ! »
« Le problème, c'est que certaines ACCA ne jouent pas le jeu. Le peu de dégàts sur nos cultures est dû aux sangliers qui viennent de ces communes » regrettent les deux hommes qui dénoncent un agrainage toute l'année (entraînant une prolifération du nuisible) et une chasse en comité restreint, sans l'aide des communes voisines et donc peu efficace.
Concernant la chasse au renard, Éric Bats reconnaît que les chasseurs ont trop de pression avec le sanglier pour s'occuper du goupil dont les dégàts ne cessent de s'accroître. En attendant, l'heure est à l'intensification des battues avant l'agrainage. « Faut mettre la pression. On n'a pas le choix »
Dominique Maurel
Dominique Maurel