26.200 hectares perdus en 10 ans dans les Pyrénées-Atlantiques
La Safer Aquitaine-Atlantique, qui a organisé dernièrement les cinquièmes conférences départementales du foncier rural, pointe du doigt la poursuite de la perte en SAU. Les Pyrénées-Atlantiques s'en sortent plutôt bien.

La profession agricole s'inquiète du grignotage incessant de la surface agricole utile. © Réussir
Le dernier recensement agricole des services de la DRAAF effectué en 2010-2011 montre que la surface agricole utilisée (SAU) des Pyrénées-Atlantiques est de 330200 hectares (soit un quart de la surface régionale), auxquels il faut ajouter 99.000 hectares en estives. Le département reste donc très fortement marqué par l'agriculture. Cependant, la perte de 26.200 hectares en 10 ans, soit une diminution de 7,4%, vient noircir le tableau.
Toutes les productions ne sont pas logées à la même enseigne, qu'il s'agisse de l'élevage (65% de la SAU, dont 37% en prairies naturelles), des grandes cultures (33% de la SAU) ou de la vigne (0,8%). Alors que la jachère diminue et que les surfaces de céréales restent constantes, on enregistre une perte de 18.600 hectares en prairies naturelles et de 4.000 hectares en mais ensilage. Les élevages ovins et bovins lait sont les grands perdants des conséquences des dernières évolutions, le système de spécialisation dans la production de cultures de vente gagnant 13.000 hectares.
Pertes inégalement réparties
À cela, les responsables de la DRAAF ont plusieurs explications. «Souvent, on constate que les producteurs de lait, en particulier lorsque leur exploitation fait moins de 20 hectares et qu'ils sont àgés de plus de 55 ans, décident de passer à la grande culture. C'est une sorte de pré-retraite». Dans ce contexte, ce sont également les exploitations moyennes qui diminuent le plus (30.000 ha). En moyenne, sur le département des Pyrénées-Atlantiques, la diminution des terres agricoles est évaluée à 17% avec deux pics sur la côte basque et le secteur d'Accous en vallée d'Aspe pour des «raisons radicalement différentes», comme le précisait le président de la chambre d'agriculture, Jean-Michel Anxolabéhère.
Pression démographique
L'analyse de l'occupation des sols permet de dégager d'autres tendances. Si, dans les terres transformées, on note une progression forestière, ce sont les terres de loisirs et d'agrément ou des zones tampons enherbées, ce que l'on a baptisé l'artificialisation, qui progressent d'une manière considérable (38% de l'occupation). «Pour 1 hectare de bàti, il faut compter 2,5 hectares d'artificialisation», commente-t-on encore du côté de la DRAAF. La progression démographique ne risque pas d'enrayer cette tendance.
«Si les naissances compensent les décès de la population du département, en 10 ans, du fait des flux migratoires, le nombre d'habitants a augmenté de 50.000 en 10 ans. À l'horizon 2030, on envisage une augmentation de 75.000 personnes ce qui va entraîner, dans le meilleur des cas, une nouvelle perte de 15.000 hectares et, dans le pire, de 30.000 hectares».
Les petites structures fragilisées
Le phénomène de pertes de terres agricoles risque de s'accentuer, d'autant plus que 23% des chefs d'exploitation sont àgés de plus de 55 ans. «Parmi ces terres, 46% ont un successeur identifié (le meilleur taux de reprise en Aquitaine), 8% n'ont pas de repreneur et dans 40% des cas on reste indécis. Lorsque la succession est assurée, les exploitations font 21 ha et plus. Quand il n'y a pas de reprise, il s'agit de surfaces de 8 ha ou moins».
La conclusion de ce recensement met en évidence les entreprises à risque dont le profil est le suivant: des exploitations individuelles dont la production est inférieure à 25.000 euros et le chef àgé de plus de 55 ans, en faire valoir direct et consacrée à la polyculture/élevage.
Intervention publique
Pour Georges Labazée, président du conseil général, la pression foncière est complexe. «Il y a 12 ans, le conseil général avait commandé une étude sur ce sujet envisageant une projection à 25 ou 30 ans. Il en résultait deux facteurs importants: la fonction résidentielle et l'évolution économique basée sur l'impôt des sociétés». Le constat était surprenant. «La fonction résidentielle rapporterait autant que la fonction économique».
D'où une interrogation sur la nécessité d'investir dans l'agriculture, l'industrie ou le tourisme. «Mais on s'est vite aperçu que si l'on n'intervenait pas dans ces domaines, en 5 ans, on devenait un pays de vieux». Toute la problématique du conseil général est donc de développer ses outils économiques sans pour autant canaliser les 4.000 personnes qui entrent dans le département chaque année dont les principales caractéristiques sont la littoralisation et la concentration.
Philippe Delvallée